NSH1 et NSH2 : cap sur l’assemblage des navires
Comme évoqué dans la newsletter de janvier, le démoulage de la première coque de NSH1 a eu lieu et les différents moules ont été livrés sur le site de production, le 06 novembre 2020 (pont) et le 23 janvier 2021 (timonerie). Le 10 février, le pont a été réalisé et le drapage de la timonerie (superposition des tissus composites dans le moule) est en cours. Une opération d’assemblage « à blanc » du pont et de la coque est prévue courant mars, pour valider les jeux de fabrication.
Les travaux d’équipement de la coque sont par ailleurs bien engagés avec l’installation des réservoirs de gazole, la pose de l’isolation incendie et les travaux préparatoires à l’installation des réseaux à bord. Dans le même temps, la peinture de la coque aux couleurs de la Livrée Starck a été réalisée et donne déjà un aperçu de la modernité de cette nouvelle identité visuelle des navires de la SNSM (cf. photo ci-dessous).
La première coque du NSH2 va être moulée par infusion d’ici mi-mars. Il s’agit du même procédé de fabrication que la coque du NSH1 qui consiste à mettre sous vide les tissus de drapage avant de les imprégner avec une résine, aspirée par la dépression créée dans le moule. Cette technique permet de produire des pièces monobloc très robustes et donc adaptées aux exigences techniques requises par la SNSM. Le moule de pont du NSH2 a été livré au chantier le 10 mars.
NSC1, 2, 3 et 4 : la production continue
Les moules principaux du navire NSC1 sont en cours de réalisation chez SMM (Société Morbihannaise de Modelage) à Lanester (56). L’importante charge de production du mouliste va toutefois entraîner un retard de deux mois sur le délai de réalisation du moule de coque. La première coque devrait de ce fait entrer en production au mois de juin 2021.
À la suite de la réunion du 6 janvier dernier et de l’établissement des derniers ajustements ergonomiques intérieurs, la production du navire NSC2 se poursuit. La coque et la timonerie en aluminium sont réalisées par l’entreprise AGIA Métal située aux Herbiers (85).
Les navires NSC3 et NSC4 sont encore engagés dans leurs phases de tests. La première phase, comprenant les essais industriels effectués par le constructeur et les essais réglementaires des affaires Maritimes, s’achève. Les navires entameront ensuite une phase de tests contractuels. La SNSM participe à ces essais afin de valider un bon nombre de caractéristiques spécifiées des navires, avant leur mise à disposition pour les essais techniques opérationnels.
Nouveautés : phase de tests opérationnels
Dans le cadre du programme Nouvelle Flotte, un nouveau processus conduisant à la mise en service opérationnelle des navires a été mis en place afin de garantir la parfaite adéquation des navires livrés et de leur environnement aux besoins des stations et des CFI.
Les essais navires comprennent deux phases : lors de la première, les administrations concernées (affaires Maritimes, bureau Veritas…) et la SNSM viennent confirmer la conformité du navire au cahier des charges contractuel et à la réglementation applicable aux navires professionnels. Le but de la seconde phase est de permettre à la SNSM de confirmer que le navire est apte à la mise en service opérationnelle : outre le navire, il s’agit de s’assurer de l’adéquation des équipages, des procédures opérationnelles, des matériels et équipements et du système de soutien SNSM.
Gérard Rivoal, directeur du programme Nouvelle Flotte.
L’intégration du navire dans le système de sauvetage SNSM est ainsi évalué par le biais des ETO (Essais Techniques Opérationnels), associés au programme Nouvelle Flotte et sous pilotage d’un Comité de Mise en Service Opérationnel SNSM (CMSO) dirigé par Sylvain Moynault, inspecteur général zone Atlantique sud. Ce comité est chargé de formuler un avis au Président de la SNSM concernant la décision de mise en service de chaque nouveau type d’unité.
Le navire restant sous propriété Couach lors de ces essais opérationnels, un accord précisant les modalités de réalisation de ces derniers, ainsi que les responsabilités respectives, a été établi et signé par Couach et la SNSM.
À la fin de cette phase d’évaluation et une fois la réception prononcée, selon les termes contractuels, la propriété du bateau est transférée à la SNSM et la livraison à destination finale est effectuée dans la foulée. Grâce à cette chronologie de mise en exploitation du navire, il est opérationnel dès sa mise à disposition dans les stations destinataires.
Sylvain Moynault, inspecteur général, Zone Atlantique sud s’exprime sur le Comité de Mise en Service Opérationnel (CMSO) qu’il dirige :
Quel est le rôle du Comité de mise en service Opérationnel (CMSO) et de son président ?
Le président du comité s’appuie dans ce but sur les expertises de ses différents membres. La mise en service opérationnelle des navires de la Nouvelle Flotte sera proposée au Président de la SNSM par le comité.
Qui peut participer aux Essais Techniques Opérationnels ?
Des représentants de toutes les composantes de la SNSM, à savoir les experts métiers des services du siège, les sauveteurs embarqués et les sauveteurs opérationnels des CFI, les membres du groupe de travail GT5,…
Quand se dérouleront ces ETO ?
Les dates sont conditionnées par la réception contractuelle de la phase 1 des navires. Les essais seront conduits lors d’une phase d’une durée prévue de trois mois pour chacun des navires.
Où se dérouleront les ETO ?
Le site du PNF de Saint-Nazaire sera privilégié pour une question de simplicité d’organisation ; pour autant, des adaptations pourront être faites à cette règle.
Sylvain Moynault, Inspecteur général, Zone Atlantique sud
Des pistes de réflexion sur la réduction de l’impact environnemental des futurs navires
Dans le cadre du programme Nouvelle Flotte, et lors la rédaction des cahiers des charges des différents navires de la gamme, une attention a été portée au respect de l’environnement. Zoom sur les aspects considérés et la gestion des risques associés.
Une nouvelle norme pour réduire les émissions polluantes : l’IMO Tier III
La question de l’écoconception, et de l’empreinte écologique de l’industrie et des services nautiques est devenue un enjeu majeur pour le secteur depuis plusieurs années. En parallèle, des institutions mondiales comme l’OMI (Organisation Maritime Internationale) travaillent elles aussi sur ces sujets et commencent à mettre en place des normes environnementales. Par exemple, les oxydes d’azote émis par les moteurs diesel marins font l’objet de nouveaux seuils d’exigence plus contraints, dont la nouvelle norme « IMO Tier III ».
Le programme Nouvelle Flotte de la SNSM est concerné par cette réglementation IMO Tier III, qui s’applique aux moteurs marins de plus de 130 kW (176CV) et qui stipule une réduction des émissions d’oxyde d’azote (NOx) d’environ 80 %. Les navires de sauvetage NSH1, NSH2 et NSC1, peuvent disposer, par option de personnalisation, d’un moteur respectueux de la réglementation IMO Tier III.
Pour l’installation de cette option, il est prévu d’ajouter un système de type Réduction Catalytique Sélective (SCR) permettant de traiter les fumées et ainsi de réduire de 90 à 95 % les émissions d’oxyde d’azote (NOx). Le prix de l’option IMO Tier III figurant au contrat « nouvelle flotte » s’élève, selon le type de navire, à 106 K€ pour le NSH1, 101 K€ pour le NSH2 et 94 K€ pour le NSC1. Cette nouvelle option pourra s’appliquer à compter des deuxièmes séries de chacun des types de navires.
Le chantier Couach, détenteur du label Vague bleue
Les chantiers navals, par leurs activités industrielles, se voient contraints de jeter une certaine quantité de déchets non-recyclables (emballages souillés, solvants, batteries, consommables…) durant tout le processus de construction, mais aussi durant les chantiers d’entretien des navires, ou lorsqu’ils sont en fin de vie.
Pour pallier cela, des professionnels du nautisme se sont réunis et ont décidé de mutualiser leurs moyens pour mieux traiter ce type de déchets et ont créé le label « Vague Bleue ». Cette certification démontre la volonté des chantiers navals détenteurs du label de prouver leur engagement à améliorer la prise en compte des enjeux écologiques spécifiques à leur secteur d’activité. Cela passe par la mise à disposition de contenants de stockage adaptés à l’entreprise, la collecte des déchets par des prestataires locaux spécialisés, une traçabilité assurée, etc…
Le chantier naval Couach, maître d’œuvre des navires SNSM, a obtenu ce label Vague Bleue en 20171 l’entreprise s’engage donc à :
- Justifier l’élimination conforme de ces déchets ;
- Respecter les conditions de stockage des déchets dangereux garantissant le respect de l’environnement ;
- Respecter l’interdiction de brûlage à l’air libre de tout type de déchets.
Cette démarche a conforté la SNSM dans le choix du chantier naval Couach, puisque l’impact écologique lié au programme Nouvelle Flotte était, l’un des enjeux intégrés au cahier des charges du projet.
Utilisation de substances dangereuses : des normes spécifiques
Les navires du programme Nouvelle Flotte sont conçus de façon à minimiser les impacts environnementaux tout au long de leur cycle de vie et seront conformes aux prescriptions réglementaires relatives à la protection de l’environnement. La conception des navires tient compte notamment de plusieurs normes européennes concernant les dispositions à prendre sur l’utilisation de substances dangereuses (plomb, mercure, cadmium, …).
La nouvelle flotte est ainsi concernée par la norme REACH2 (Registration, Evaluation, Autorisation, and restriction of CHemicals) qui réglemente les produits chimiques, métaux lourds et les polluants présents dans tous les produits importés ou fabriqués dans l’Union Européenne depuis 2007. La restriction consiste à limiter ou à interdire la production, la commercialisation ou l’utilisation de certaines substances présentant un risque inacceptable pour la santé des personnes ou l’environnement.
Il existe également une autre norme et qui concerne la Nouvelle Flotte – la RoHS2, autre directive de l’U.E. et l’abréviation de Restriction of Hazardous Substances. Elle concerne la limitation de l’utilisation de certaines substances dangereuses dans les équipements électriques et électroniques. Elle permet de protéger les personnes et l’environnement tout en améliorant le recyclage.
Projection sur l’avenir…
Le secteur du nautisme en général (chantier naval, course au large, plaisance, …) voit se démocratiser depuis quelques années maintenant des pistes de réflexion sur la possibilité d’éco-conception des navires et des technologies liées.
La SNSM poursuit ses réflexions sur la prise en compte des enjeux environnementaux, en lien avec le chantier, notamment sur l’utilisation des résines bio-sourcées, des fibres naturelles (lin, balza, chanvre, …) pour la construction de bateaux soumis à de fortes sollicitations (vents forts, mer formée, …). L’objectif ? Que les navires de la nouvelle flotte SNSM soient, à performances opérationnelles comparables eux aussi, éco-conçus. Un engagement environnemental fort et nécessaire.
1 Le label Vague Bleue est attribué aux entreprises en tenant compte des investissements réalisés et des comportements adoptés à propos du stockage de produits chimiques et du tri des déchets. Il est délivré pour trois ans. La labellisation du chantier Couach est actuellement en cours de renouvellement.
2 (règlement n°1907/2006)