Raymond Goury : l'itinéraire du Directeur du CFI Îlle-et-Vilaine

De Nantes à Rennes, en passant par Paris. Des chan­tiers navals à la SNCF, Raymond Goury ou l’iti­né­raire singu­lier d’un sauve­teur devenu direc­teur de Centre de Forma­tion et d’In­ter­ven­tion.

Au premier étage de la base nautique, sur les bords de la Vilaine, Raymond Goury tient bon la barre du Centre de Forma­tion et d’In­ter­ven­tion (CFI) SNSM d’Îlle-et-Vilaine situé à Rennes, depuis 1982. Installé au milieu de plusieurs piles de dossiers et de souve­nirs hété­ro­clites illus­trant sa longue carrière, le direc­teur raconte son histoire. Celle d’une vie qui, a priori, ne le prédis­po­sait pas à faire carrière dans le sauve­tage. Lui, dont les parents, origi­naires des Ardennes, chas­sés par la guerre, avaient trouvé refuge en Loire Atlan­tique.

Je suis né quai de la Fosse, à Nantes, en août 1950. À cette époque, le port était dans la ville et l’ac­ti­vité mari­time très intense.

Enfant, il parcourt les quar­tiers et les bords de l’Erdre. Sa curio­sité est atti­rée par le maga­sin Arrouet dont le gérant est Henri Lebel (de la famille du créa­teur du fusil du même nom), dans lequel il découvre l’ins­crip­tion HSB. Il vient de mettre le pied au siège des Hospi­ta­liers Sauve­teurs Bretons de Nantes. Sa voca­tion est née. En 1963, à 13 ans, il devient membre des HSB, lesquels disposent alors d’une station de sauve­tage sur les bords de la Loire. En fait, ses premiers pas dans le sauve­tage se limitent à donner un coup de main sur le stand des HSB, à la foire de Nantes.

A seule­ment 13 ans, Raymond Goury intègre les Hospi­ta­liers Sauve­teurs Bretons. Sa passion pour le sauve­tage ne le quit­tera pas.

« Sur le stand, on avait des mannequins et les sauve­teurs appre­naient la méthode du bouche à bouche aux visi­teurs. »

Trois ans plus tard, il entre officiel­le­ment aux HSB en passant son brevet de Nageur Sauve­teur-Réani­ma­tion et sauve­tage nautique.

La créa­tion de la SNSM, en 1967, passe mal chez certains membres des Hospi­ta­liers Sauve­teurs Bretons. Les démis­sions sont nombreuses et Raymond Goury se retrouve un peu seul, au moment où le service mili­taire l’ap­pelle pour un an. Direc­tion l’Ar­mée de l’Air ! « À la base aérienne 726 de Nîmes, puis à la 107 à Vélizy-Villa­cou­blay où sont basés les avions du GLAM, utili­sés par le gouver­ne­ment. »

Après plus de 50 ans d’un enga­ge­ment sans faille, Raymond Goury s’est vu remettre la Légion d’hon­neur en avril 2017
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De Nantes il monte à Paris

De retour à la vie civile, il devient élec­tri­cien du bord, aux chan­tiers navals Dubi­geon, l’un des fleurons en la matière. La passion du sauve­tage ne le quitte pas. Bien au contraire.

Avec Jean-Pierre Adelus, ingé­nieur d’or­ga­ni­sa­tion à la Biscui­te­rie Nantaise (BN), j’ai monté le premier cours de secou­risme avec la Croix-Rouge. Et, pour atti­rer du monde, j’ai solli­cité Presse-Océan. La photo dans le jour­nal a fait tilt !

La suite ? En novembre 1970, ont débuté les premiers entraî­ne­ment à la piscine de l’île Gloriette. Puis, ont suivi des cours de sauve­tage nautique (BNS), de réani­ma­tion, de radio­té­lé­pho­nie, de permis bateau… Nous avions une équipe opéra­tion­nelle.

Avec une certaine fierté, Raymond Goury se souvient du premier stage mer, en 1971. « 30 personnes étaient réunies le temps d’un week-end à Saint-Hilaire de Riez, en Vendée. » D’an­née en année, le centre de Nantes monte en puis­sance et ses excel­lents résul­tats attirent l’at­ten­tion de la direc­tion géné­rale à Paris.

En mars 1974, on m’a proposé un emploi, au siège, en tant qu’adjoint au chef du person­nel, respon­sable du service forma­tion. J’ai accepté et je me suis retrouvé 243, boule­vard Saint-Germain, dans le VIIe arron­dis­se­ment, à proxi­mité de l’As­sem­blée Natio­nale.

Fin 1975, il connaît un nouveau siège de la SNSM, 9, rue de Chaillot dans le XVIe arron­dis­se­ment. « J’étais logé dans le même immeuble, au 6e étage. Avec ma forma­tion d’élec­tri­cien, j’avais tiré une ligne télé­pho­nique du bureau jusqu’à ma chambre. Si bien qu’une nuit, l’équi­page de la SNS 43 de Chau­sey (Manche) m’a appelé pour annon­cer que la vedette avait coulé ! »

Pendant 7 ans, il va alter­ner le travail dans la capi­tale et les visites et inspec­tions sur les plages auprès des sauve­teurs. Son séjour pari­sien aurait pu se pour­suivre, mais c’était sans comp­ter avec les rela­tions diffi­ciles entre­te­nues avec le Chef des services admi­nis­tra­tifs.

De la SNCF au sauve­tage

En mars 1981, Raymond Goury quitte la capi­tale et le sauve­tage. Pour un chan­ge­ment de cap radi­cal. Direc­tion Rennes et la… SNCF !

Recruté sur titre, je suis entré en forma­tion d’élève conduc­teur de train, pendant 18 mois. À bord, j’étais ce qu’on appelle « plante verte ». J’ob­ser­vais et, de temps en temps, je prenais les commandes.

Sa carrière aux chemins de fer le conduit ensuite, au service équi­pe­ment, ce qui l’amène à fréquen­ter de nombreuses gares et instal­la­tions de la région, jusqu’en août 2005. Mais, entre-temps, « après un break d’un an, au retour de Paris », le sauve­tage reprend ses droits.

Le milieu mari­time me manquait. Des copains m’ont solli­cité : y’a que toi qui peut sauver le Centre de Forma­tion de Rennes. Alors, j’ai replongé. En septembre 1982, j’ai lancé un état des lieux, puis, petit à petit, j’ai réamé­nagé la base et recons­ti­tué des équipes.

Le 15 octobre 1985, Raymond Goury est devenu direc­teur béné­vole du CFI et l’a fait progres­ser de belle manière, secondé par trois adjoints et une tréso­rière.
Le centre, aujour­d’hui, c’est 60 forma­teurs et respon­sables d’ac­ti­vi­tés, 80 jeunes en forma­tion sur un ou deux ans pour 40 nouveaux diplô­més chaque année. Le centre est réparti sur deux sites : Rennes et Saint-Malo. Et, fierté légi­time du patron : « On assure envi­ron 400 postes par an, nautiques et terrestres ». Sans comp­ter qu’il s’en­or­gueillit, à juste titre, d’avoir accom­pa­gné la créa­tion des CFI de Quim­per, Trégas­tel, Angers, Lorient et soutenu le CFI de la Manche. Autant de faits d’armes qui lui ont valu plusieurs médailles : bronze, argent et or de la Jeunesse et des Sports, la médaille d’ar­gent pour acte de courage et de dévoue­ment, le Mérite mari­time, le Mérite natio­nal. Et, depuis le 14 avril, Raymond Goury est égale­ment Cheva­lier de la Légion d’hon­neur.

D’après un portrait de Fran­cis Salaün, paru dans le Maga­zine Sauve­tage n° 140 (2e trimestre 2017).