A priori rien ne prédisposait Susanne Bauer, d’origine allemande, à se porter volontaire au sauvetage. « Je suis, dit-elle, native de la région de Stuttgart au sud-ouest de l’Allemagne. Étudiante en français, mais, aussi en espagnol et géographie, à 18 ans, j’ai souhaité venir en France, de préférence dans une ville de la côte ouest, pour me perfectionner. »
J’ai débarqué pour un petit boulot d’été à l’auberge de jeunesse de Paimpol, en 1985. C’est la première fois que je voyais la mer !
Le directeur de l’auberge de jeunesse était un passionné de kayak de mer. « Ça m’a plu et je me suis lancée avec celui qui allait devenir mon mari et le père de mes enfants. »
En parallèle, Susanne poursuit ses études universitaires à Rennes pour devenir enseignante. Dans un premier temps, elle enseigne l’allemand et
l’espagnol en formation pour adultes. Puis elle devient remplaçante titulaire en collège et lycée dans la région. Elle se passionne pour les activités nautiques, achète un petit voilier, passe le permis côtier, pratique la plongée en apnée, la chasse sous-marine. « La SNSM me trottait dans la tête. Mais je n’osais pas franchir le pas. Pour moi c’était un autre monde, réservé aux gens de mer. »
En 2006, elle en parle à l’un de ses voisins, équipier à la station de Loguivy-de-la-Mer, lequel la convie à un exercice de sauvetage.
Parfaitement accueillie, tous les lundis après-midi, j’ai participé à des exercices et, au bout du compte, je suis devenue canotière.
Équipière, radio, puis patron
Quelques années plus tard, on lui propose une formation de radio.
J’ai appris plein de choses, je me suis passionnée pour ce poste de radio navigation, très proche du patron du bord.
Nouvelle progression, l’année dernière : elle devient patron du canot tous temps, après une formation à Saint-Nazaire.
Comment gère-t-elle vie familiale, vie professionnelle et son engagement à la SNSM ? « J’ai la chance de disposer d’un emploi de prof à mi-temps, annualisé auprès de l’Éducation nationale, ce qui me donne du temps libre pour être disponible en tant que sauveteuse. Pour autant, pour les astreintes, je privilégie les week-ends et les vacances scolaires. » Mais il est arrivé que l’appel du sauvetage vienne perturber la vie familiale. Comme en témoigne cette anecdote : « Voilà une douzaine d’années, alors que je gardais ma fille à la maison, j’avais accepté de remplacer pendant deux heures un copain d’astreinte ce soir-là. Or, j’ai été appelée pour un bateau en train de couler. Heureusement les voisins ont gardé ma fille. Je suis rentrée à 4 heures du matin à la maison. Et à 8 heures, je n’étais pas très fraîche devant mes élèves ! Une situation très exceptionnelle, souligne Susanne, qui ne s’est pas reproduite en raison d’une bonne gestion de mes emplois du temps. »
Article rédigé par Francis Salaün dans le magazine Sauvetage n°155 (1er trimestre 2021)