Témoignage d’une rescapée
"Jour de départ de la 9e et dernière étape de la Volvo Ocean Race. J’ai embarqué dans un semi-rigide en compagnie de mon mari, commissaire de course bénévole. Notre fille Lolita et un ami se trouvent également à bord. Le temps est superbe. La mer est calme malgré l’effervescence causée par les nombreux bateaux sur le plan d’eau.
Soudain, un cri retentit. Un maxitrimaran de 40 mètres nous percute par l’arrière. Le bout du safran de ce mastodonte des mers a heurté de plein fouet mes deux jambes. Je n’ai rien vu venir. Sous la violence du choc, je suis éjectée. Inconsciente, j’ai basculé la tête en avant. Ma fille se jette immédiatement à l’eau. Elle est secouriste, et m’évite la noyade en maintenant mon visage hors de l’eau.
Retrouvez le témoignage de Virginie et de sa fille Lolita dans l’épisode 2 de la saison 1 de nos podcasts « Canal 16, la radio des Sauveteurs en Mer » :
Coordination entre sauveteurs et soignants décisive
Cinq minutes ne se sont pas écoulées depuis la collision et déjà deux bateaux de la SNSM sont sur les lieux, tandis que trois médecins de la course posent un garrot sur ma jambe gauche. L’artère fémorale a été sectionnée. Heureusement, les sauveteurs de la SNSM ont pour la première fois des pansements israéliens. Je suis hélitreuillée au centre hospitalier de Lorient. Pendant le transport, les médecins qui m’accompagnent se coordonnent avec le chirurgien de garde. Le briefing de mon opération est réalisé au téléphone pour ne pas perdre de temps. Lors de mon arrivée au bloc, tout est prêt. Ma jambe gauche ne peut être sauvée, mais après six heures d’intervention les médecins parviennent à sauvegarder ma jambe droite malgré trois fractures ouvertes.
La SNSM assurait la sécurité du départ de la Volvo Ocean Race en 2015Je peux à nouveau marcher
Le 21 juin, je sors du coma. Psychologues et psychiatres m’annoncent la perte de ma jambe gauche. J’ai du mal à y croire car j’éprouve la sensation du membre fantôme. Très vite, j’interroge les médecins : pourrais-je remarcher un jour ? Leur réponse est positive. Après six semaines d’hospitalisation, j’entame un long travail de rééducation au centre de Kerpape. Aujourd’hui équipée d’une prothèse fémorale, un genou high tech bourré d’électronique, je poursuis ma rééducation. Je peux à nouveau marcher.
Des amis gagnés
Après l’accident, j’ai revu les secouristes et médecins qui m’ont sauvé la vie. Certains sont devenus des amis. Les sauveteurs de la SNSM qui, la plupart du temps ne recroisent pas les personnes auxquelles ils ont porté secours, ont été très heureux de me revoir. Ce sont des êtres admirables qui ont contribué à ma reconstruction."
Virginie Lenamouric secourue par la SNSM sur la Volvo Ocean race en 2015
Témoignage recueilli par Yann Bellon pour le n°39 de Secours Mag de juillet-août 2017.