Vous avez mis fin à votre carrière de sportif de haut niveau en 2012. L’adrénaline de la compétition ne vous manque-t-elle pas ?
Non, j’étais conscient que tout a une fin. J’ai pris cela comme une sorte de libération, d’autant plus qu’il s’agissait d’un arrêt maîtrisé, pas d’une sortie subie sur blessure. Au cours de ma carrière de sportif, j’ai nagé plus de 50 000 kilomètres. Aujourd’hui, je continue de nager, mais uniquement pour le plaisir ! Et puis je ne me suis pas complètement éloigné des bassins. Je m’intéresse à tout l’écosystème de la natation, de l’entraînement connecté des nageurs à l’architecture des piscines, avec un projet qui permettra aux petites collectivités locales de déployer, à moindre coût, un bassin de 25 mètres et quatre couloirs.
Vous serez parrain de la promotion nageurs sauveteurs 2021–2022 de la SNSM. Pourquoi avoir endossé ce rôle ?
C’est un engagement qui me touche. Nous avons de la chance, en France, de posséder des moyens de secours performants, à terre comme en mer. Soutenir la SNSM et participer à son rayonnement en tant qu’ancien sportif de haut niveau me paraît d’autant plus naturel qu’il s’agit d’une association financée par des dons privés, et que les sauveteurs sont des bénévoles qui risquent leur vie pour sauver celle des autres. Le drame des Sables d’Olonne est là pour nous rappeler que cet engagement est loin d’être anodin. En plus, la SNSM, avec ses nageurs sauveteurs, intervient sur une thématique qui me tient particulièrement à cœur, les noyades.
Dans la vidéo ci-dessous, découvrez les conseils d’Alain Bernard pour nager en toute sécurité !
Il est inconcevable que, de nos jours, la noyade soit la première cause de décès par accident de la vie courante chez les moins de 25 ans. C’est la raison qui m’a poussé à participer au plan Aisance Aquatique lancé, en avril 2019, par le ministère des Sports pour apprendre aux jeunes enfants, dès la maternelle, à acquérir les bons réflexes dans l’eau. Nous avons les moyens d’empêcher les noyades par la prévention, par l’apprentissage des gestes de premiers secours et par une bonne connaissance du comportement à adopter si l’on est témoin d’un événement de ce type. Il est, par exemple, essentiel pour les plaisanciers de connaître le numéro des secours en mer – le 196 – pour gagner du temps.
Découvrez la vidéo « Se baigner en toute sécurité » du ministère des Sports :
Initialement, je devais être parrain de la promotion des nageurs sauveteurs 2020–2021. Avec la crise sanitaire, il nous a semblé préférable de reporter d’un an ce parrainage, pour pouvoir les suivre et les rencontrer facilement, tout au long de l’année.
La ministre déléguée aux Sports, Roxana Maracineanu, s’inquiète de l’impact de la fermeture des piscines pour les écoliers en raison de la crise sanitaire. Partagez-vous cette préoccupation ?
Effectivement, il va falloir que les parents redoublent de vigilance. Au bord des piscines privées naturellement – et, dans le département des Alpes-Maritimes, nous en avons beaucoup –, mais aussi au sein des piscines publiques et au bord de la mer. Les maîtres-nageurs ou les nageurs sauveteurs ne sont pas là pour faire de la garderie. Il faut être bien conscient qu’en été, en période d’affluence, quand les piscines ou les plages sont noires de monde, on ne peut laisser des enfants au bord de l’eau sans surveillance. Quant aux adultes, je leur dirais qu’il ne faut pas présumer de ses forces mais connaître ses limites. Quand, par jeu, on se fixe l’objectif de la bouée des 300 mètres, il ne faut pas oublier qu’il y a le retour !
Dans une vidéo enregistrée pour Graines de Sauveteurs1, je raconte aux enfants qu’à 23 ans, j’ai failli me noyer en faisant du surf dans les Landes, à cause des courants. Et, pourtant, je venais d’être sélectionné pour les championnats d’Europe de natation ! La nature est toujours plus forte que nous.
Passionné d’aéronautique, vous possédez votre brevet de pilote privé depuis 2010, avez volé avec la Patrouille de France et êtes le parrain de l’Équipe de voltige de l’Armée de l’air. La navigation en mer ne vous tente-t-elle pas ?
Si, bien sûr, j’apprécie les sorties en mer, mais le permis bateau est le seul que je n’ai pas ! C’est d’ailleurs un projet que je vais concrétiser dès que l’on sortira de cette crise sanitaire. En attendant, j’ai été sollicité par la préfecture maritime de la Méditerranée pour participer à un exercice d’hélitreuillage en baie d’Hyères. Ce sera pour moi l’occasion de découvrir toute la chaîne de secours et sa gestion par le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Méditerranée.
1– www.grainesdesauveteurs.com est un site lancé par la SNSM, grâce au soutien de la MAIF, dans le cadre de sa
mission de prévention auprès d’un public familial
Article rédigé par Marjorie le Biran, diffusé dans le magazine Sauvetage n°156 (2ème trimestre 2021)