Samedi 16 décembre à 14 h 43, les Sauveteurs en Mer de Port-la-Nouvelle sont appelés par le CROSS MED : un voilier est en difficulté.
Aussitôt, les bénévoles cessent leur activité : Daniel se promenait sur le quai et arrive rapidement, Christian bricolait à la station et était déjà sur place, rejoint par Cédric, Patric arrive avec Nolwenn, Benjamin qui est de garde chez les pompiers ne sort pas en mer mais donne un coup de main pour l’équipement et le largage des amarres.
Ils quittent le quai sur leur vedette SNS 133 GEMA-Corbières, tramontane bien établie, glaciale, et mer bien formée. Avec un équipage de 5 personnes, Patric, le patron, espère pouvoir faire face aux difficultés prévisibles de cette sortie qui s’annonce mouvementée…
Les Sauveteurs en Mer – SNSM de Port-la-Nouvelle: sur leur vedette SNS 133 « GEMA-Corbières »
Un skipper en détresse
Le bateau en détresse est un voilier monocoque de 45 pieds, l’Esperanza, dont le skipper, seul à bord, est incapable de manœuvrer.
Atteint d’un mal de mer tenace, il n’est plus en état de barrer ou de faire face à la situation et de ramener son bateau vers un abri. Parti de Port Leucate, il est à plus de 7,5 milles au large, balloté dans des creux de 2 à 3 m. Sans liaison directe avec le voilier en difficulté, les sauveteurs demandent au sémaphore de rassurer le skipper, et indiquent une heure estimée d’arrivée sur zone.
Les renseignements s’avèrent particulièrement précis, et après 15 minutes de navigation, les bénévoles aperçoivent le voilier, et établissent un 1er contact avec son skipper, qui semble soulagé de savoir que les sauveteurs approchent.
Au large, la mer est bien formée, le vent s’est renforcé. Patric informe son équipage du plan d’intervention qui lui semble le plus adapté aux conditions rugueuses qu’ils affrontent : transférer Christian (qui sait barrer un voilier par gros temps) pour faire un bilan rapide sur l’état de santé du skipper et de la situation générale et voir ensuite.
Les sauveteurs en approche du skipper et de son voilierLe skipper, assis au fond du cockpit, est incapable de se lever. Le bateau est au travers de la houle, voiles affalées, le génois presque totalement enroulé.
Quelques signes pour rassurer le skipper, et la délicate manœuvre du transfert commence : la houle et les mouvements désordonnés des deux bateaux ne facilitent pas l’approche, il faut être assez près pour que Christian saute sur la plage arrière, mais sans toucher pour ne pas gravement endommager le voilier.
Après 4 tentatives, ça marche, Christian est à bord de l’Esperanza. Patric écarte la SNS 133 et attend les premières constatations de Christian :
- Le skipper est conscient avec un gros mal de mer et incapable de manœuvrer,
- Le moteur du voilier fonctionne,
- La situation ne nécessite pas l’intervention du médecin coordinateur proposé par le CROSS : pas de perte de conscience, pas de choc, juste un terrible mal de mer qui oblige l’intéressé à rester accroupi.
Les Sauveteurs en Mer décident alors de ramener le voilier vers Port-la-Nouvelle en navigant au moteur, la vedette restant proche pour parer à toute dégradation de la situation.
Des conditions météorologiques difficiles pour les sauveteurs
Avec un moteur à la puissance insuffisante, contre un vent à 35 nœuds et une houle formée, le voilier n’avance pas. Il se met en travers à chaque déferlante, et à cette allure la nuit va venir avant que tout le monde soit en sécurité. Il faut changer de stratégie, cela s’avère indispensable. Christian signale que le moteur du voilier, sollicité de façon excessive, s’est mis en surchauffe et doit être coupé, ce qui remet rapidement le bateau au travers de la vague.
Changement de programme, Nolwenn est transférée à bord du voilier : nouvelle manœuvre d’approche. Christian l’accueille fermement sur la plage arrière du voilier. Avec deux équipiers à bord, ils peuvent maintenant passer une remorque dans de meilleures conditions.
Une patte d’oie est installée à l’avant du voilier. Daniel et Cédric lancent une touline reliée à l’aussière de remorquage, qui est ensuite reliée à la patte d’oie, le tout à l’avant du voilier qui enfourne copieusement à chaque vague…
L’aussière est enfin tendue, le voilier se remet lentement en route, face à la vague, et les sauveteurs ainsi que le skipper entament un lent et inconfortable retour vers la côte… Le voilier a été secoué, la vedette aussi. Tous les éléments non fixés ont volé dans la cabine pendant les tentatives de transfert des équipiers et du passage de remorque, la houle de travers est impitoyable…
Des conditions météorologiques compliquées pour les sauveteurs
Un retour à quai compliqué
Le retour est long, Nolwenn réconforte le malade, qui récupère lentement de ses émotions et peut se sécher, se changer. Elle inspecte le voilier, pas de voie d’eau, la pompe de cale fonctionne. Elle évacue l’eau qui s’infiltre par le puits de mouillage, souvent submergé.
À l’approche de la côte, la houle est moins formée, l’allure plus soutenue, malgré le vent qui se renforce et la nuit qui tombe. Nolwenn a joint au téléphone la compagne du skipper pour la rassurer et lui indiquer où venir les retrouver à l’accostage.
Les sauveteurs tentent ensuite d’amener le voilier au quai d’accueil, mais son tirant d’eau ne permet pas un amarrage sûr, finalement le voilier est enfin amarré au bout d’un ponton quai plaisance, manœuvré par son capitaine qui a bien récupéré. Benjamin attendait l’équipage sur le quai. Il vérifie les gardes. Le moteur est coupé. Fin de l’intervention, la SNS 133 est remise à sa place, sa mission remplie, il est 18 h 00.
Formalités administratives, rangement du matériel, la suite est classique. Malgré des conditions de mer délicates, l’intervention s’est déroulée sans incidents majeurs ; pas de blessures, pas de casse matérielle, le bateau en difficulté et son occupant ramené en sécurité, une fierté collective pour toute l’équipe.
Le CROSS et le président de la station SNSM de Port-la-Nouvelle sont informés du déroulement de la sortie de la SNS 133. Ils peuvent rentrer au chaud et récupérer de leurs efforts !
« Je félicite mon équipage de leur comportement dans la situation tendue que nous venons de vivre, la condition physique, le sang froid et l’expérience de chaque canotier permet de faire face aux défis de chaque sauvetage, la complémentarité des membres de l’équipage est un facteur essentiel de réussite de nos missions. »
Patric Massol, patron de la SNS 133 GEMA-Corbières de la station SNSM de Port-la-Nouvelle
Le lendemain, le skipper a envoyé un SMS au patron : « Pour l’équipe très sympathique de la SNSM de port la nouvelle. Bonjour à vous tous… Je viens de passer une bonne nuit de sommeil grâce à vous, à votre très efficace et remarquable intervention.Je salut votre courage. Mille merci… Je vous donnerai de mes nouvelles de retour à Port Camargue, j’espère la semaine prochaine. Amitiés marine. »
Encore un sauvetage qui se termine bien, grâce au professionnalisme des Sauveteurs en Mer de la SNSM.
Les Sauveteurs en Mer – SNSM de Port-la-Nouvelle: sur leur vedette SNS 133 « GEMA-Corbières »
Nos bénévoles sont entraînés et équipés pour effectuer ce type de sauvetage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !
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