Le nœud de chaise
Ce nœud de boucle est bien connu des marins, des pêcheurs et des plaisanciers. Il appartient à la famille des nœuds de boucle et c’est le plus connu et simple à réaliser. À l’origine, il était destiné à orienter les voiles. Son usage est très ancien. Déjà employé du temps de la Haute-Égypte, il a été identifié dans le gréement de la célèbre barque solaire de Khéops, découverte en 1954 dans une fosse au pied de la pyramide de Gizeh.
L’appellation « nœud de chaise » trouve son origine dans le fait que l’on puisse s’asseoir dans la boucle pour se hisser. Il est aussi appelé nœud de bouline.
Quelles sont les particularités du nœud de chaise ?
Le nœud de chaise est idéal pour nouer des cordages destinés à subir de fortes tractions, car il forme un œil non coulant. Il est résistant et se défait facilement, même s’il a été très fortement serré ou que le cordage est mouillé. Pour le défaire, il suffit de le « casser » en soulevant la boucle qui coince le brin allant vers le bas.
Toutefois, on peut lui trouver l’inconvénient d’être unidirectionnel et de se desserrer plus aisément qu’un nœud de huit après avoir subi une lourde charge.
Dans quelles circonstances utiliser le nœud de chaise ?
Le nœud de chaise est certainement le nœud le plus utilisé et le plus polyvalent. Il peut servir dans de nombreuses situations et dans de nombreux domaines d’activité, comme le nautisme, l’alpinisme, la pêche, l’équitation et le camping.
En navigation, ce nœud à boucle est souvent adopté pour amarrer des navires (à un anneau d’amarrage par exemple), pour fixer les voiles, pour rabouter deux cordages, pour remplacer un mousqueton de drisse ou encore, pour fixer un palan. Les nœuds de chaise sont aussi fréquemment employés en opération de secours ou par le grimpeur en escalade, car ils peuvent faire emploi de chaises de fortune (une boucle pour l’assise, l’autre pour le dossier de la chaise).
Comment faire un nœud de chaise ?
Il existe plusieurs méthodes pour la réalisation de ce nœud marin à boucle fixe, selon l’usage et la situation. Il peut sembler difficile à nouer au premier abord, mais c’est un nœud simple à réaliser lorsque l’on s’est un peu entraîné.
Oublions ici les techniques du style « le serpent sort du puits, contourne l’arbre et retourne dans le puits ». Même si cette célèbre phrase est un bon moyen mnémotechnique, pensons plutôt à la logique : « dessous sous dessous et dessus sur dessus » ; ce raisonnement est valable pour comprendre beaucoup de nouages.
On commence par une demi-clé en tirant la longueur de brin souhaité pour réaliser la boucle.
Le brin dormant passe ensuite sous la demi-clé. Le brin courant (avec la flèche) vient par-dessous celle-ci et ressort par-dessus.
Le brin dormant étant sous la emi-clé, le brin courant doit passer par-dessous.
On fait un nouveau passage dans la partie supérieure de la demi-clé, le brin courant vient donc dessus.
On termine par ajuster le nœud, puis par le serrer.
Attention, selon la nature des cordages utilisés, il est prudent de sécuriser le nœud de chaise. Dans la mesure du possible, il est préférable d’y substituer un œil épissé.
Si vous désirez faire un nœud de chaise renforcé, il est également possible de lui ajouter un nœud d’arrêt pour l’empêcher de glisser et de se défaire. Par exemple, il est possible de réaliser une clé avec un nœud du pêcheur double ou une clé Yosemite. Pensez aussi à laisser du mou dans le dormant, car il ne faut pas effectuer ce nœud sous tension.
Les variantes du nœud de chaise
Le nœud de chaise et son envers
Peu importe le sens des demi-clés, toujours dessous sous dessous et dessus sur dessus… C’est ce qui apparaît dans ce nœud de chaise et sa figure symétrique. La demi-clé, surlignée en jaune, vient ceinturer une ganse (surlignée en rouge) ; c’est donc la même structure de nouage que le nœud d’écoute.
Le nœud de chaise des Inuits
Ce nœud a été observé au début des années 1900 par Franz Boas, un anthropologue d’origine germanique, qui a étudié les populations inuites sur la terre de Baffin et dans la baie d’Hudson. Plus compacte que le nœud de chaise classique, cette variante est réputée plus robuste.
Le courant vient dessus, puis dessous et dessus, le nœud se formant en tirant le cordage dans le sens des flèches.
Comme pour le nœud de chaise classique, une demi-clé enserre une ganse, mais la position du brin dormant a changé.
Le nœud de chaise est la base de nombreux autres nœuds de boucle et nœuds d’ajut :
- le nœud de chaise de calfat : il était particulièrement pratique pour affaler un homme le long de la coque afin qu’il calfate les joints avec de l’étoupe et du goudron, entre les bordées ;
- le nœud de chaise double sur son double : il est constitué de deux boucles rigides et parallèles. Ce nœud est très pratique en opération de sauvetage, pour hisser une personne ou alors, pour monter un équipier dans la mâture ;
- le nœud de chaise boucle double : plus résistant que le nœud de chaise simple, il est utile pour s’encorder ou se vacher au relais ;
- le nœud de chaise de pompier : il permet de transborder ou de descendre un corps plus facilement, en passant une boucle sous le bras de la victime et l’autre sous ses genoux ;
- le nœud de chaise triple : il assure une répartition de charge sur trois ancrages. Il peut être employé pour hisser une personne en la tenant par les jambes et par la taille ;
le nœud de chaise portugais : il permet de confectionner un harnais pour passer les jambes à travers les deux boucles ; - le nœud de lagui : ce nœud coulant peut servir d’accroche rapide, pour récupérer un élément tombé à l’eau par exemple ;
- le nœud d’agui : constitué de deux nœuds de chaise, il est utile pour attacher 2 aussières.
Le bon choix des nœuds et des cordages, une question d’expérience
Quel que soit l’emploi de ces deux nœuds cousins, leur résistance à la rupture dépend de nombreux facteurs. Tandis que leur fiabilité et leur robustesse s’apprécient avec la tension appliquée à les serrer (les souquer, en langage de marin), leur résistance à la traction et à l’usure dépendent généralement des compositions.
Pour tous les nouages pouvant conduire à des situations à risque, il est indispensable de bien connaître les caractéristiques propres des matériaux de cordage utilisés (charge de rupture, résistance aux frottements, aux intempéries, etc.) et de choisir les nœuds les plus appropriés pour un travail en sécurité.
- Le cordage traditionnel en fibre naturelle (comme le chanvre, la fibre de coco ou le lin, le sisal, le coton, le jute, le raphia, la manille) est plus rarement utilisé aujourd’hui, car il coûte plus cher et qu’il est moins résistant aux frottements. Cependant, la fibre naturelle est plus élastique, supporte très bien les UV et ne gonfle pas lorsqu’elle est mouillée.
- Le cordage en textile synthétique (comme le nylon, le polyamide, le polyester, le dacron, le térylène, le kevlar, le spectra, le vectran, le polyéthylène, etc.) est plus extensible sous le poids, plus souple et plus résistant aux frottements, aux chocs et à la putréfaction. Il est aussi disponible à plus petit prix que le cordage traditionnel. Les cordes en matière synthétique offrent des charges de rupture bien plus supérieures que celles en fibres naturelles.
Enfin, sachons que les cordages traditionnels et synthétiques ne font pas toujours bon ménage lorsqu’ils sont noués ensemble.