Les départs de course ont la particularité d’accueillir sur une même zone de nombreuses embarcations, de tailles et de puissances différentes. Se côtoient des Ultims de 36 m de long, des voiliers de 18 m, des bateaux à moteur, des pneumatiques, ou encore des bateaux à passagers de 30 m rassemblant jusqu’à 300 spectateurs. Tout cet écosystème doit naviguer côte à côte, ce qui peut poser des problèmes de sécurité.
« Lors du Vendée Globe 2016, je me souviens des bateaux à passagers qui partaient à 25 nœuds pour suivre les coureurs au plus près. Ils étaient une soixantaine, et créaient une mer très courte et hachée qui mettaient en difficulté des plaisanciers, sur des embarcations de plus petite taille », raconte Didier Moreau, directeur national de la formation.
Conseil 1 : se préparer en amont
Avant toute navigation, les Sauveteurs en Mer rappellent que la révision du bateau est indispensable. Vérifiez le bon fonctionnement du bateau et de ses équipements. Assurez-vous que les gilets gonflables soient en état de marche, que les équipiers les portent et sachent les utiliser. Ayez à bord un moyen pour prévenir les secours en cas de difficulté (par téléphone contactez le 196 ou canal 16 depuis une VHF).
Renseignez-vous en amont sur les zones de navigation et l’organisation du plan d’eau. Un plan de circulation avec des zones réglementées est défini par la Préfecture Maritime pour assurer la sécurité et le bon déroulement des courses. Il est consultable sur le site internet de l’organisateur, celui de la direction des Affaires maritimes ou de la Préfecture Maritime. Généralement, il y a deux zones, en rouge, les zones interdites aux spectateurs, réservées aux bateaux de course et aux navires accrédités par l’organisateur. Les contrevenants à cette zone interdite s’exposent à des procès-verbaux par l’Autorité Maritime présente sur le plan d’eau. En vert, les zones autorisées au public.
Les personnes ayant des bateaux sur remorque doivent aussi, en amont, se renseigner sur les conditions de mise à l’eau car l’accès aux cales est réglementé.
Conseil 2 : adapter son programme au bateau, à son équipage et à la météo
Lors d’un départ de course, il y a des milliers de bateaux, avec des plaisanciers plus ou moins expérimentés dans la zone des spectateurs. Le déplacement simultané de ces embarcations crée inévitablement une mer hachée et cassante. Adaptez donc votre programme de navigation en fonction des capacités de votre embarcation et de l’expérience de votre équipage (respectez le nombre maximum de personnes autorisées à bord).
Prenez les conditions de mer et de météo en considération. Désormais, les prévisions météo sont disponibles largement : sur radio, téléphone, ou par internet.
Renseignez-vous sur la direction, et la force du vent, ainsi que sur la hauteur des vagues, qui peut surprendre, notamment après un temps agité.
Conseil 3 : être prudent et anticiper les manœuvres
Lorsqu’un bateau cherche à s’approcher des skippers de la course, il peut se rapprocher des autres bateaux spectateurs. Les accélérations et les changements de cap peuvent être rapides et violents. Ralentissez donc dans les zones à fort trafic et suivez les instructions données par les bateaux de surveillance. Enfin, veillez à toujours anticiper les manœuvres des autres bateaux sur zone, les routes convergentes constituant un vrai danger en termes de collision.
La SNSM assure la sécurité en mer des courses
« Dans le cadre du dispositif ORSEC (organisation de la réponse de sécurité civile en mer), la SNSM assure régulièrement la sécurité sur le plan d’eau. Pour cela, les équipages des stations locales SNSM sont mobilisés, accompagnés d’équipes de médecins urgentistes du Service Mobile d’Urgence et de Réanimation. Pour les grandes courses type la Route du Rhum, ou la Volvo Ocean Race, environ vingt-cinq embarcations SNSM sont déployées, prêtes à intervenir très rapidement », explique Didier Moreau.
Pour exemple, lors de la Volvo Ocean Race de 2015, la SNSM a sauvé une plaisancière, Virginie Lenamouric, victime d’un grave accident. Alors qu’elle était à bord d’un semi-rigide avec son mari, commissaire de course bénévole, un maxi trimaran de 40 mètres les percute, durant la dernière étape de la course. Le bout du safran heurte de plein fouet ses deux jambes. La SNSM, chargée de la sécurité de la course, intervient et récupère la victime dans l’eau. Les sauveteurs et médecins prodiguent les premiers soins, jusqu’à son transfert au centre hospitalier de Lorient. Virginie perdra sa jambe gauche, amputée, et subira trois fractures ouvertes sur la jambe droite.
Retrouvez le récit de Virginie et de sa fille Lolita dans nos podcasts Canal 16, la radio des Sauveteurs en Mer :
« Les accidents de ce type restent rares mais existent. Il est important d’être prudent et vigilant lorsqu’on assiste à un départ de course, et de bien respecter les règles de sécurité », conclut le directeur national de la formation.