Comment assister à un départ de course en toute sécurité ?

Rendez-vous incon­tour­nable des amou­reux de la mer, les courses à la voile – telles que les célèbres Vendée Globe, Route du Rhum, ou Volvo Ocean Race – consti­tuent une expé­rience inou­bliable, qui peut parfois compor­ter des risques, tant pour les skip­pers, que pour les spec­ta­teurs. Comment se posi­tion­ner, quel compor­te­ment adop­ter… suivez les conseils des Sauve­teurs en Mer pour assis­ter à ces événe­ments, en toute sécu­rité.

Jérémie Beyou (Charal) qui mène la flotte au départ du Vendée Globe, accompagné de la SNSM - © Jean-Louis Carli/Alea
Jérémie Beyou (Charal) qui mène la flotte au départ du Vendée Globe, accompagné de la SNSM - © Jean-Louis Carli/Alea

Les départs de course ont la parti­cu­la­rité d’ac­cueillir sur une même zone de nombreuses embar­ca­tions, de tailles et de puis­sances diffé­rentes. Se côtoient des Ultims de 36 m de long, des voiliers de 18 m, des bateaux à moteur, des pneu­ma­tiques, ou encore des bateaux à passa­gers de 30 m rassem­blant jusqu’à 300 spec­ta­teurs. Tout cet écosys­tème doit navi­guer côte à côte, ce qui peut poser des problèmes de sécu­rité.

« Lors du Vendée Globe 2016, je me souviens des bateaux à passa­gers qui partaient à 25 nœuds pour suivre les coureurs au plus près. Ils étaient une soixan­taine, et créaient une mer très courte et hachée qui mettaient en diffi­culté des plai­san­ciers, sur des embar­ca­tions de plus petite taille », raconte Didier Moreau, direc­teur natio­nal de la forma­tion.

Conseil 1 : se prépa­rer en amont

Avant toute navi­ga­tion, les Sauve­teurs en Mer rappellent que la révi­sion du bateau est indis­pen­sable. Véri­fiez le bon fonc­tion­ne­ment du bateau et de ses équi­pe­ments. Assu­rez-vous que les gilets gonflables soient en état de marche, que les équi­piers les portent et sachent les utili­ser. Ayez à bord un moyen pour préve­nir les secours en cas de diffi­culté (par télé­phone contac­tez le 196 ou canal 16 depuis une VHF).

Rensei­gnez-vous en amont sur les zones de navi­ga­tion et l’or­ga­ni­sa­tion du plan d’eau. Un plan de circu­la­tion avec des zones régle­men­tées est défini par la Préfec­ture Mari­time pour assu­rer la sécu­rité et le bon dérou­le­ment des courses. Il est consul­table sur le site inter­net de l’or­ga­ni­sa­teur, celui de la direc­tion des Affaires mari­times ou de la Préfec­ture Mari­time. Géné­ra­le­ment, il y a deux zones, en rouge, les zones inter­dites aux spec­ta­teurs, réser­vées aux bateaux de course et aux navires accré­di­tés par l’or­ga­ni­sa­teur. Les contre­ve­nants à cette zone inter­dite s’ex­posent à des procès-verbaux par l’Au­to­rité Mari­time présente sur le plan d’eau. En vert, les zones auto­ri­sées au public.

Les personnes ayant des bateaux sur remorque doivent aussi, en amont, se rensei­gner sur les condi­tions de mise à l’eau car l’ac­cès aux cales est régle­menté.

Conseil 2 : adap­ter son programme au bateau, à son équi­page et à la météo

Lors d’un départ de course, il y a des milliers de bateaux, avec des plai­san­ciers plus ou moins expé­ri­men­tés dans la zone des spec­ta­teurs. Le dépla­ce­ment simul­tané de ces embar­ca­tions crée inévi­ta­ble­ment une mer hachée et cassante. Adap­tez donc votre programme de navi­ga­tion en fonc­tion des capa­ci­tés de votre embar­ca­tion et de l’ex­pé­rience de votre équi­page (respec­tez le nombre maxi­mum de personnes auto­ri­sées à bord).

Prenez les condi­tions de mer et de météo en consi­dé­ra­tion. Désor­mais, les prévi­sions météo sont dispo­nibles large­ment : sur radio, télé­phone, ou par inter­net.

Rensei­gnez-vous sur la direc­tion, et la force du vent, ainsi que sur la hauteur des vagues, qui peut surprendre, notam­ment après un temps agité.

Conseil 3 : être prudent et anti­ci­per les manœuvres

Lorsqu’un bateau cherche à s’ap­pro­cher des skip­pers de la course, il peut se rappro­cher des autres bateaux spec­ta­teurs. Les accé­lé­ra­tions et les chan­ge­ments de cap peuvent être rapides et violents. Ralen­tis­sez donc dans les zones à fort trafic et suivez les instruc­tions données par les bateaux de surveillance. Enfin, veillez à toujours anti­ci­per les manœuvres des autres bateaux sur zone, les routes conver­gentes consti­tuant un vrai danger en termes de colli­sion. 

La SNSM assure la sécu­rité en mer des courses

« Dans le cadre du dispo­si­tif ORSEC (orga­ni­sa­tion de la réponse de sécu­rité civile en mer), la SNSM assure régu­liè­re­ment la sécu­rité sur le plan d’eau. Pour cela, les équi­pages des stations locales SNSM sont mobi­li­sés, accom­pa­gnés d’équipes de méde­cins urgen­tistes du Service Mobile d’Ur­gence et de Réani­ma­tion. Pour les grandes courses type la Route du Rhum, ou la Volvo Ocean Race, envi­ron vingt-cinq embar­ca­tions SNSM sont déployées, prêtes à inter­ve­nir très rapi­de­ment », explique Didier Moreau.

Pour exemple, lors de la Volvo Ocean Race de 2015, la SNSM a sauvé une plai­san­cière, Virgi­nie Lena­mou­ric, victime d’un grave acci­dent. Alors qu’elle était à bord d’un semi-rigide avec son mari, commis­saire de course béné­vole, un maxi trima­ran de 40 mètres les percute, durant la dernière étape de la course. Le bout du safran heurte de plein fouet ses deux jambes. La SNSM, char­gée de la sécu­rité de la course, inter­vient et récu­père la victime dans l’eau. Les sauve­teurs et méde­cins prodiguent les premiers soins, jusqu’à son trans­fert au centre hospi­ta­lier de Lorient. Virgi­nie perdra sa jambe gauche, ampu­tée, et subira trois frac­tures ouvertes sur la jambe droite.

Virgi­nie Lena­mou­ric secou­rue par la SNSM sur la Volvo Ocean race en 2015

Retrou­vez le récit de Virgi­nie et de sa fille Lolita dans nos podcasts Canal 16, la radio des Sauve­teurs en Mer :

« Les acci­dents de ce type restent rares mais existent. Il est impor­tant d’être prudent et vigi­lant lorsqu’on assiste à un départ de course, et de bien respec­ter les règles de sécu­rité », conclut le direc­teur natio­nal de la forma­tion.