Tous les chemins mènent à la SNSM. Pour Jonathan, c’est par passion du surf qu’il s’inscrit dès l’âge de 18 ans au centre de formation et d’intervention (CFI) de Bordeaux pour devenir nageur sauveteur, dans la ville où il a grandi et fait ses études. Avec un papa gymnaste accompli et ceinture noire de judo, une maman adepte des arts martiaux, le jeune Delesse affiche déjà tous les ingrédients du sportif en devenir quand ses parents lui offrent, pour ses 15 ans, son premier stage de surf sur le bassin d’Arcachon.
Le virus du surf ne le quittera plus, jusqu’à le pratiquer encore aujourd’hui durant ses dernières vacances au Sri Lanka. En s’inscrivant au CFI de Bordeaux, Jonathan reconnaît qu’il concrétisait son rêve le plus cher : « Travailler au plus près de l’océan, garder ce contact qu’il avait scellé sur sa planche avec les vagues de l’Atlantique ». En tout cas, force est de reconnaître qu’il n’éprouve aucune difficulté à suivre la filière qui va lui permettre d’obtenir son premier diplôme, l’AFPS, son attestation de formation aux premiers secours.
Il excelle dans l’art de la natation et s’entraîne deux fois par semaine à la piscine de Bordeaux. La pratique assidue du karaté lui permet également de bénéficier d’une excellente condition physique. À 19 ans, au cours de l’été 2003, il fait ses « premières armes » de nageur sauveteur. D’abord en juin sur la plage du Pin-Sec, puis en juillet et en août – toujours en Gironde – sur la plage de Vendays-Montalivet. Il s’y fait des amis, y découvre une vraie vie de famille qu’il partage avec une dizaine de collègues. S’il surveille la plage longue de 2 kilomètres pendant la journée et surfe le soir pour ne pas perdre la main, il se découvre surtout une vraie passion pour la SNSM, qui ne le quittera plus. « Elle sera pour moi un enrichissement personnel », confie-t-il.
Jonathan Delesse, au 2nd plan (3e en partant de la gauche) en compagnie de Sauveteurs en Mer – SNSM: lors d’un stage de sauvetage à Marseille © DRÀ l’exception d’un été 2006 passé sur la plage de Sauveterre, en Vendée, chaque saison le ramène à Vendays-Montalivet où il accède à la fonction d’adjoint, puis de chef de poste à partir de 2015. Sous sa coupe, près de 25 personnes réparties sur les quatre zones de bain qu’il faut surveiller au plus près. Il est vrai que la plage est belle, mais également dangereuse, avec ses vagues, ses épis rocheux, et surtout ses baïnes qui peuvent emporter un baigneur imprudent en quelques secondes.
Depuis 2009, c’est très souvent depuis les airs que Jonathan les surveille. Plus exactement, depuis le Dragon 33 de la sécurité civile stationné sur la base du Huga à Lacanau. Par période de trois jours, il quitte sa plage pour intégrer l’équipage de la sécurité civile où sa fonction de sauveteur nageur de bord hélitreuillé (SNBH) le conduit à descendre par la nacelle manœuvrée par le mécanicien et opérateur de bord, pour porter secours aux baigneurs en difficulté, avant de le remonter dans l’hélico.
Les Sauveteurs en Mer – SNSM et l’hélicoptère Dragon 33 de la sécurité civile: © DR Jonathan Delesse en entraînement sauveteur nageur de bord hélitreuillé: © DR« Il faut avoir une bonne condition physique », précise Jonathan. Sur ce point, il n’y a pas de réserves à émettre. À 33 ans, Jonathan, installé 7 mois de l’année à Versailles où il travaille au rayon montagne du magasin Décathlon, reste un assidu de la salle de sports qu’il fréquente quatre fois par semaine. Et cela se voit, à en juger par son mètre quatre-vingt-six et sa silhouette longiligne.
À Versailles, où nous l’avons rencontré, Jonathan se préparait à rallier son poste qu’il ne quittera qu’au mois de septembre. Au programme : la préparation des installations avec un collègue, avant l’ouverture officielle le 1er mai. Est-il inquiet ? Pas vraiment. En une décennie, il a appris à gérer son équipe de jeunes – moyenne d’âge 26 ans – chargée de veiller sur la sécurité de milliers de touristes. « Je me dois de leur faire prendre conscience de leur mission », a tenu à rappeler Jonathan. On a de bonnes raisons de lui faire confiance.
D’après un portrait rédigé par Bernard Rubinstein paru dans le magazine Sauvetage n°144, 2e trimestre 2018.