Lever 5 heures, départ 5 h 30, arrivée sur la base nautique de Sèvres 6 heures. À l’heure où les Parisiens font encore de beaux rêves et profitent de leur matinée dominicale, Marie est déjà sur le pont, préparant son IRB (bateau pneumatique de sauvetage) pour accompagner l’une des plus grandes manifestations d’aviron parisiennes, La Traversée. Mille rameurs, deux cents embarcations remontant la Seine jusqu’à l’île Saint-Louis.
Force est de reconnaître que la Seine, elle connaît. Et plutôt bien. Le dimanche 3 décembre, au cœur de l’hiver, elle sera une nouvelle fois sur ses eaux pour assurer la sécurité de la course de paddle organisée par le Nautic de Paris. Elle était déjà présente en 2015 et en 2016, et ne manquerait pour rien au monde cette épreuve rassemblant chaque année des milliers de participants.
Pour moi, c’est un privilège, un spectacle incroyable. C’est vrai qu’il faudra que je me lève très tôt. Mais ce n’est pas vraiment un problème.
Point de longs discours pour affirmer qu’à 25 ans, Marie Lebouteiller a la pêche. Et un enthousiasme communicatif doublé d’un sourire XXL qui ne doit pas cacher son sens de la rigueur et de l’organisation. En fait, pour cette jeune fille originaire de Granville, la mer s’est imposée naturellement ; d’autant que tous ses étés, elle les passait sur la plage de Jullouville. C’est là qu’elle fait ses premiers pas à la voile, dès l’âge de 12 ans, en catamaran, un New Cat 12 offert par ses parents.
Surveillance d’une manifestation sur la Seine par les Sauveteurs en MerC’est toujours sur cette même plage qu’elle découvre le travail de la SNSM. « J’avoue que les sauveteurs me faisaient rêver. En entrant à la SNSM, je m’imaginais bien y travailler l’été, une bonne façon d’aider mes parents à financer mes études. » Des rêves à la réalité, il n’y a qu’un pas que Marie franchit en septembre 2010 en participant à une réunion d’information organisée par le centre de formation et d’intervention (CFI) de la Manche, situé à Saint-Martin-de-Bréhal. L’effet est immédiat. Marie passe son PSE 1 et son PSE 2 (premier secours en équipe de niveaux 1 et 2), son permis bateau, son Certificat Restreint de Radiotéléphoniste (CRR), puis – récompense suprême – son Brevet National de Sécurité et de Sauvetage Aquatique (BNSSA).
Sans doute est-il bon de préciser que la petite Normande est comme un poisson dans l’eau. Car si l’été elle navigue en mer, l’hiver elle nage en eau douce dans la piscine de Granville. Mieux, elle pratique la natation en compétition, affichant un net penchant pour le 200 mètres crawl. C’est durant l’été 2011 qu’elle fait ses premières armes sur la plage de Jullouville. En 2012, elle occupe les fonctions d’adjoint au chef de poste avant de se voir attribuer en 2013 le rôle de chef de poste, où son sens de l’organisation lui permet de gérer sans difficulté son équipe de dix sauveteurs.
Je n’en ai gardé que de bons souvenirs, se souvient-elle. On formait une petite famille. Mais je n’ai pas oublié ce 14 juillet où j’ai été confrontée à un arrêt cardiaque sur une personne âgée. Il faisait grand beau temps. J’ai mis quatre jours à m’en remettre.
En fait, aider les autres, Marie Lebouteiller le cultive au quotidien. Elle en a même fait son métier, ergothérapeute, qu’elle exerce dans le cadre de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris. Il est vrai qu’après son bac, elle était partie pour faire des études de médecine. Elles s’arrêteront à la fin de la première année, ultime étape avant de préparer le diplôme d’ergothérapie durant trois ans à Créteil.
Adieu la Normandie. Bonjour Paris, où elle rejoint les rangs du centre de formation et d’intervention SNSM de la capitale en 2014, répondant toujours présente pour participer aux dispositifs de premier secours lors de manifestations sportives ou culturelles. Bien évidemment, forme oblige, elle continue de pratiquer la natation après le boulot. Deux fois par semaine à la piscine du 12ème arrondissement. La plus proche de son domicile.
Une partie des bénévoles du centre de formation SNSM de ParisEt les loisirs, dans tout ça ? Marie avoue un faible pour les concerts electros. Avec modération, cependant. Question de budget. En revanche, c’est sans modération qu’elle met son temps libre au service des autres. Chapeau Marie !
D’après un portrait rédigé par Bernard Rubinstein, paru dans le magazine « Sauvetage » n°142