Imaginez la scène… Une belle plage de Charente-Maritime pratiquement déserte. Seule présence humaine, une jeune fille qui, selon un cérémonial bien réglé, court à la limite de l’estran. La foulée est légère, la silhouette harmonieuse, tous les indices d’une sportive aguerrie à l’exercice physique qui, chaque matin, beau ou mauvais temps, avale ses huit à dix kilomètres.
Son nom ? Delphine Guillot, originaire de Villard-de-Lans dans l’Isère, alors en vacances avec ses parents. L’histoire aurait pu s’écrire avec le mot fin. C’était sans compter sur sa rencontre avec un Nageur Sauveteur de la SNSM qui l’interpelle. Comment s’appelait-il ? Delphine l’a depuis longtemps oublié, mais en revanche se souvient de leurs échanges qui l’incitent à adhérer aux grandes causes de la SNSM et à s’inscrire (elle a alors 23 ans) au centre de formation et d’intervention (CFI) de Lyon, installé sur une péniche.
Au programme : suivre durant une année le cursus des sauveteurs. Il est bon de préciser que Delphine est une sportive accomplie, et l’est toujours restée à un très haut niveau. Le doit-elle à son père, professeur d’éducation physique ? Difficile de répondre, mais à l’écouter, on ne peut manquer d’être impressionné par son don pour les activités sportives. Jugez plutôt : à neuf ans, elle s’offre un titre de championne de France de gymnastique rythmique et sportive, avant de bifurquer vers l’équitation – le concours complet – qui la mène au championnat de France junior. Pour corser le tout, à 18 ans, elle se met au 400 mètres haies. Côté études supérieures, c’est moins bien. Nul n’est parfait. Delphine se cherche. Ses deux années passées à Grenoble en faculté de pharmacie ne la passionnent pas vraiment. Tout comme les deux années suivantes en faculté de biochimie, toujours à Grenoble.
Delphine Guillot, Nageuse Sauveteuse à la SNSMSans langue de bois, Delphine confie qu’elle « tentait à cette époque de donner un sens à sa vie. De servir les autres, se rendre utile ». « Je l’ai trouvé dans la SNSM », avoue-t-elle. Difficile d’en douter. En tout cas, au CFI de Lyon, l’ambiance est conviviale. Très bonne nageuse, les exercices en piscine ne lui sont qu’une formalité et à la fin de l’année, le brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique (BNSSA) en poche, elle est prête à affronter sa première saison de Nageuse Sauveteuse. Durant l’été 2010, elle est nommée le premier mois en Normandie au poste de secours de Woignarue dans la Somme. Elle n’en a gardé que de bons souvenirs. Moins de son second poste à Saint-Tropez, sur la plage de la Bouillabaisse. « Le site était très protégé, se souvient-elle. Il me manquait les marées, les vagues ». Il n’empêche que pour Delphine, chaque été est désormais programmé. Et les postes s’enchaînent. Arcachon, puis la Corse où en 2016 elle découvre la pratique du semi-rigide et les interventions de nuit. « Ce fut un sacré coup de fouet, une bonne façon de me sortir de la routine ». D’autant que la même année, elle passe chef de poste sur la plage du Lido, proche du port de Propriano.
Entre temps, Delphine a trouvé sa voie. Exit Grenoble et les années d’errance. Bonjour Paris où elle suit une licence de nutrition, un BTS de diététique, le tout complété par un diplôme universitaire en nutrition du sport. Elle se fixe à Fontainebleau où elle exerce depuis 2015 dans une maison de santé universitaire ; activité complétée, un jour par semaine, au service de santé des armées où elle s’occupe de diététique militaire avec les sportifs de haut niveau.
Mieux encore, malgré des activités professionnelles bien chargées, elle se met dès son arrivée en 2013 à Fontainebleau au triathlon pour finalement conquérir en 2017 le titre envié de championne d’Europe de cross-triathlon Xterra, suivi par une huitième place au championnat du monde de la discipline, à Hawaï. Au programme : 1,5 km de natation en mer, 35 km de VTT, et pour finir du trail, une course à pied de 10 km en pleine nature.
Delphine Guillot, championne d’Europe de cross-triathlon XterraC’est dire qu’à 31 ans, Delphine reste un exemple. Elle a tout, la gentillesse, le goût des autres, la compétence, et l’insolente passion d’aider son prochain. D’ailleurs, dans cette quête insatiable, Delphine s’est même engagée depuis 3 ans comme pompier volontaire à la caserne de Fontainebleau. « Pour sortir de la routine, me perfectionner en secourisme ». À l’heure de nous quitter, au buffet de la gare de Fontainebleau, Delphine avoue qu’elle se reverrait bien s’aligner cette année au championnat d’Europe de triathlon. Il ne lui manque rien. Quoique… L’arrivée d’un sponsor pour financer sa campagne de participation aux différentes épreuves. Avis aux amateurs !
Portrait de sauveteuse : Delphine Guillot, une jeune femme d’excellenceDevenir Nageur Sauveteur
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