Le bout du monde est très couru ces derniers temps. La pointe de la Torche, presqu’île naturelle au sud de la baie d’Audierne, est devenue l’un des spots de glisse les plus réputés de Bretagne. Certains jours, des centaines de surfeurs filent dans les rouleaux qui s’écrasent de part et d’autre de cet éperon rocheux battu par les vents. « Depuis la fin du confinement, on a parfois l’impression d’être sur le périphérique parisien », plaisante Frédéric Mativat, le président de la station locale de Saint-Guénolé - Penmarc’h.
C’est le cas ce mercredi 17 août 2022, en plein cœur des vacances d’été. Après plusieurs jours de plat, les vagues sont enfin de retour. Tous les amateurs de glisse sont dans l’eau, débutants comme confirmés. En fin d’après-midi, le vent forcit et se met à souffler contre le sens de la marée. La houle et les courants s’intensifient. Les sauveteurs du service départemental d’incendie et de secours du Finistère (SDIS 29), chargés de surveiller la plage de Pors Carn, interviennent à plusieurs reprises. Ils sont vite dépassés par le nombre de surfeurs en détresse. Les courants deviennent aussi trop puissants pour ramener les victimes à bon port sans embarcation motorisée. Heureusement, la station SNSM de Saint-Guénolé - Penmarc’h dispose à demeure d’un Jet-Ski® sur la plage.
Après un appel au CROSS, les Sauveteurs en Mer locaux sont déclenchés. Frédéric Bourgine et son fils Maxime, qui vivent à quelques kilomètres de là, sont les premiers sur place. Ils mettent le Jet-Ski® à l’eau et se dirigent vers le large, où un sauveteur du SDIS les attend avec un sportif en difficulté. « Ils se trouvaient à environ 700 mètres de la plage, se souvient Maxime, 19 ans. Mon père pilotait, donc je me suis jeté à l’eau et les ai aidés à grimper sur le Jet. »
À peine les deux sauveteurs ont-ils ramené leurs passagers sur la plage qu’on leur signale une autre personne en situation délicate. Et ce qui ne devait être qu’une intervention ponctuelle se transforme en un exercice d’endurance. Coup sur coup, père et fils vont venir en aide à quatre nouveaux surfeurs en difficulté. « Ça s’est enchaîné très vite, relate Frédéric. On n’a pas arrêté pendant vingt minutes. C’est très rare. » Entre-temps, le drapeau rouge a été hissé. D’autres Sauveteurs en Mer sont également arrivés en renfort sur la plage pour prendre en charge les victimes. Heureusement, aucune d’entre elles n’était dans un état critique. « Nous repérons les gens dans l’eau qui pourraient se mettre en mauvaise posture, souligne Maxime, également surveillant de baignade. Cela nous permet d’intervenir avant qu’il ne soit trop tard. »
Article diffusé dans le magazine Sauvetage n°162 (4ème trimestre 2022)