Pour Sandrine, préposée au transbordement des plaisanciers gagnant le port de l’île d’Aix depuis leur bateau amarré, la journée du 2 septembre 2020 se déroulait comme à l’accoutumée. Jusqu’au moment où elle voit arriver, au moteur, un petit voilier blanc avec plusieurs personnes à bord. Constatant que l’équipage ne parvient pas à se saisir de l’anneau d’amarrage sur bouée, Sandrine s’approche pour les aider. Les occupants l’insultent, la menacent avec un couteau et, manifestement en état d’ébriété avancée, hurlent qu’ils ont un fusil !
C’est alors qu’une femme surgit, complètement affolée : « Au secours, au secours ! crie-t-elle, emmenez-moi, ils vont me tuer ! » Courageusement, Sandrine aborde, attrape la personne, puis s’éloigne rapidement tandis que le voilier quitte le port. Quelques heures plus tard, à la tombée de la nuit, le vent a forci et la mer s’est formée.
Appel du centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage en mer (CROSS) Étel : « Voilier en détresse, voiles déchirées entre Aix et Châtelaillon, équipage probablement alcoolisé. » Avec quatre hommes à bord, la SNS 288 - la vedette Pierre Fleury - largue son mouillage.
« Au-dessus de nous, l’hélicoptère Dragon 17 de la Sécurité Civile nous informe avoir repéré les requérants, précise leur position GPS et reste en stationnaire au-dessus du bateau dérivant », raconte Jean-Pierre Guillon, le patron suppléant.
Arrivés sur zone, les sauveteurs reconnaissent le voilier, occupé par deux individus passablement excités.
« A-t-on un moyen de nous défendre au cas où ? » s’interrogent-ils. Bien sûr que non ! Peu importe, il faut intervenir sans attendre : le rocher du Cornard n’est plus très loin.
L’un des deux plaisanciers rampe à l’avant du voilier. Il demande s’il faut remonter l’ancre. Nous lui crions que oui. Une fois l’aussière et la chaîne remontées à bord, nous nous apercevons qu’il n’y a pas d’ancre au bout !
Les sauveteurs lui lancent la remorque, que l’homme parvient à attraper sans savoir qu’en faire malgré leurs recommandations. L’un des équipiers saute alors sur le voilier, frappe l’amarre et remonte à bord de la SNS 288. L’équipage SNSM n’a guère envie de faire la causette durant la bonne heure de remorquage jusqu’au port des Minimes à La Rochelle.
En cours de route, le CROSS informe que les deux plaisanciers sont attendus par les autorités à leur arrivée. C’est lors du contrôle que l’un des deux rescapés s’agenouille face à ses sauveteurs, mains jointes, les remerciant dans un déluge d’éloges et de congratulations.
Nos sauveteurs sont entraînés et équipés pour effectuer ce type de sauvetage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !
Article rédigé par Philippe Payen dans le magazine Sauvetage n°154 (4ème trimestre 2020)
Prévention
Pour les sauveteurs, ce récit est l’occasion de rappeler des règles de sécurité essentielles :
- Vérifiez le bon fonctionnement de votre embarcation
- Ne prenez pas la mer en cas d’ébriété ou d’inexpérience
- Et, surtout, attendez de bonnes conditions météo pour partir naviguer.
Équipage engagé
SNS 288 Pierre Fleury
Patron : Serge Cochard
Patron suppléant : Jean-Pierre Guillon
Équipiers : Jean-Jacques Moreau et Fabrice Poirault