On sait les parages de la pointe Bretagne et de l’île de Sein particulièrement « délicats », compte tenu des courants, des fonds marins, des vagues et des vents, qui y créent fréquemment des conditions de navigation difficiles. Notamment en hiver, où le froid aggrave les situations.
Mardi 17 janvier. Il est 20 h 37 lorsque le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage CROSS Corsen enregistre un appel VHF envoyé par le chalutier français La Houle. Il se situe à 20 nautiques (environ 36 kilomètres) au large de la baie d’Audierne, dans le sud de la chaussée de Sein. Son hélice est engagée et le navire, privé de propulsion, est immobilisé.
À bord de celui-ci, long de 22,86 mètres et jaugeant 180 tonnes, l’équipage de cinq personnes rentre de quinze jours de pêche. Tout allait bien, jusqu’à ce que le voyage soit interrompu par un bout ou un câble pris dans l’hélice. Depuis la vieille, la météo n’est pas très bonne. Le vent de nord/nord-est de force 6 est bien soutenu. L’écume blanche écrête les lames, qui explosent sur la coque et les superstructures du navire de pêche. Capeyant travers aux vagues, il roule bord sur bord.
Équipage opérationnel en quinze minutes
L’alerte donnée, tout va très vite. À 20 h 45, les bénévoles de la station de Saint-Guénolé - Penmarc’h (Finistère) sont prévenus. Un quart d’heure plus tard, le SNS 083 Prince d’Eckmühl appareille depuis le port bigouden.
Après deux heures de navigation, les sauveteurs arrivent à proximité du chalutier. Malgré les creux importants, une aussière est envoyée pour rendre possible le remorquage du navire en détresse. L’opération débute vers 23 h 20 et le convoi fait route vers le port du Guilvinec, dans des vagues de 4 à 6 mètres. Le trajet retour se déroule à seulement 3 nœuds, car il faut gérer le poids conséquent et la forte prise au vent du navire remorqué.
Il est 9 h 29 lorsque le SNS 083 entre dans le port du Guilvinec, où le chalutier La Houle et son équipage s’amarrent en sécurité. Le sauvetage a duré dix heures ! Le choix du Guilvinec a été fait en accord avec le patron du chalutier, « mais aussi parce que la passe d’entrée de Saint-Guénolé est dangereuse par ce temps », précise Frédéric Mativat, le président de la station.
Une demi-heure plus tard, après avoir contourné la pointe de Penmarc’h, le SNS 083 regagnait sa base, des sauveteurs fourbus à son bord.