Le jour se lève ce 28 avril 2023. Vers 7 h 40, Tom Poinot, sauveteur à la station SNSM de Saint-Guénolé- Penmarc’h, jette un coup d’oeil sur la plage de Tréguennec, qui se trouve devant chez lui. Il voit un petit voilier de 9 mètres de long, sous pavillon français, talonner et s’échouer sur le sable. Instantanément, il déclenche les secours en lançant un Mayday depuis son téléphone portable et court vers le bateau, dont les voiles sont à poste*.
Debout à bord du Gwennel – hirondelle, en breton –, un homme en ciré rouge d’une quarantaine d’années se tient immobile. Il est indemne, mais manifestement désemparé ; les deux chiens dans le cockpit semblent partager son désarroi. « Il habite depuis plusieurs années à bord de son vieux bateau, construit en 1965, et se déplace de port en port, indique Frédéric Mativat, président de la station. Le voilier est en mauvais état, mais je comprends que c’est le domicile du naufragé et de ses chiens. »
Heureusement, la météo est clémente et la coque n’a pas trop souffert. À 8 h 10, le canot tous temps SNS 083 Prince d’Eckmühl appareille depuis la station de Saint-Guénolé et arrive sur zone dix minutes plus tard. « Nous n’avons pas assez de profondeur pour approcher le bateau sinistré, poursuit le président. Nous envoyons l’annexe, qui ne peut rien faire non plus. » Alors, comment venir en aide au naufragé ?
Un sauveteur héberge le naufragé
Les sauveteurs décident de faire appel au scooter des mers de la station, le SNS 901 Petit Prince. En quelques minutes, son pilote parvient à accoster le bateau et à évacuer le skipper et ses chiens. La remise à flots peut débuter. Les taquets, en mauvais état, ne permettent pas de tracter l’embarcation avec un bout. Toujours grâce à l’agile SNS 901, des aussières sont passées autour de la coque et amarrées au canot tous temps, qui réussit à déséchouer le voilier et à le remorquer jusqu’au port de Saint-Guénolé.
Si la coque est en bon état, le gouvernail est brisé et doit être refait. Le propriétaire du bateau n’en a pas les moyens. « Une véritable chaîne de solidarité s’est créée spontanément, se réjouit Frédéric Mativat. D’abord, le chantier Plastimer a mis à sa disposition des machines et des matériaux aux fins de réparer Gwennel. Et Tom Poinot a hébergé le naufragé et ses chiens jusqu’à ce qu’ils puissent rembarquer ! » En mer, la solidarité n’est pas un vain mot.
* En navigation, se dit d’une voile hissée sur le mât et déployée.
Article rédigé par Philippe Payen, diffusé dans le magazine Sauvetage n° 165 (3e trimestre 2023)