Vous allez participer à une course de stand-up paddle sur la Seine dans le cadre de la Journée nationale des Sauveteurs en Mer. Vous faites partie de ceux qui soutiennent les sauveteurs depuis toujours, par tradition familiale, ou de ceux qui les ont découverts un jour ?
François Gabart : Je fais partie de la première catégorie, sans le moindre doute. J’ai des parents et grands-parents plaisanciers. Aussi loin que ma mémoire d’enfant remonte, la famille visitait le Salon nautique et s’arrêtait au stand des Sauveteurs en Mer. Très jeune, on m’a expliqué leur rôle.
La solidarité entre marins, si on en parlait aux enfants ?
Vous courez depuis vos débuts sous les couleurs du groupe MACIF. La mutuelle a récemment annoncé le prolongement de ce partenariat pour la période 2020–2024, en construisant un nouveau multicoque. La MACIF soutient par ailleurs financièrement la SNSM avec une grande fidélité, en particulier le programme de formation des jeunes nageurs sauveteurs. C’est important, pour vous, l’image de votre partenaire ? Ses valeurs ?
F. G. : Absolument. Je suis habillé en MACIF toute l’année. Ce serait difficile de porter une image à laquelle je n’adhérerais pas. La MACIF, par son ADN mutualiste, a des valeurs solidaires et une histoire forte avec le monde de la mer. Elle assure les plaisanciers, mais elle les forme aussi. Elle soutient une équipe de course au large, mais aussi les Sauveteurs en Mer. Se sentir en accord avec les couleurs qu’on porte, c’est même un facteur de performance. Quand il faut se dépasser, chercher à franchir de nouvelles limites, cette fierté est importante.
Qu’évoque pour vous la solidarité des marins, valeur portée par la SNSM et ses bénévoles qui se portent au secours d’autres marins ?
F. G. : C’est une force, ce lien des marins entre eux. On est responsable de la sécurité des autres et ils sont responsables de la vôtre, quel que soit le bateau ou son pavillon. Même en course, quand nous naviguons dans des mers où personne ne passe, nous savons que notre sécurité peut dépendre d’un autre concurrent.
Vous en parlez entre vous ?
F. G. : Bien sûr, ça s’organise. Savoir comment on peut s’aider si quelque chose arrive. Il y a un cadre officiel, le briefing sécurité des courses. Mais la solidarité va au-delà. Dès qu’une modification technique affecte la sécurité sur nos bateaux, on se dit tout. Quand Banque Populaire a chaviré, récemment, au cours d’un convoyage, l’équipe nous a appelés pour nous expliquer les petits soucis qu’ils avaient rencontrés dans le bateau retourné, en attendant les secours. C’est ça la solidarité entre marins.
C’est elle qui vous fait soutenir SOS Méditerranée, l’ONG française qui sauve les migrants de la noyade en Méditerranée ?
F. G. : Bien sûr. C’est une évidence. On ne peut pas les laisser mourir. On est liés. Je me sens particulièrement concerné en tant que marin.
La MACIF forme aussi des plaisanciers. Vous avez des idées sur la meilleure façon d’assurer leur sécurité ? Sur la prévention ?
F. G. : On rencontre des plaisanciers dans le cadre des stages de survie ISAF organisés par le Pôle Finistère course au large, proposés par ailleurs également par l’école MACIF Centre de voile, qui nous permettent de réviser régulièrement les procédures. On échange des idées. Je trouve par exemple que l’utilisation des fusées devient vite dangereuse si on n’en a pas l’expérience.
La réglementation tend à les remplacer de plus en plus par de l’électronique : VHF ASN, balises de détresse COSPAS-SARSAT…
F. G. : C’est une bonne chose. Même un smartphone étanche peut être d’un grand secours. Mais combien de plaisanciers savent comment lire leur position en longitude et en latitude alors qu’ils ont un GPS dans la poche ?1 Il faudrait une application simple qui appelle les secours où qu’on soit, en mer ou en montagne.
De nombreux plaisanciers ont parcouru symboliquement un mille à l’occasion de cette Journée nationale. Mais ils sont encore plus nombreux à ne se mobiliser, ni pour soutenir les Sauveteurs en Mer, ni pour la sécurité en mer. Qu’en pensez-vous ?
F. G. : L’accès à la plaisance s’est beaucoup démocratisé au cours des dernières décennies. Ces nouveaux navigateurs ne sont pas fils ou filles de marins plaisanciers. C’est ce qui fait toute l’importance de journées comme celle-ci. Il faut les sensibiliser. Mais on pourrait aussi s’adresser aux petits Français. Je vais souvent en Norvège. J’ai un petit garçon franco-norvégien. En Norvège les sauveteurs en mer sont organisés sur un modèle assez voisin de celui de la SNSM. Tous les enfants norvégiens regardent un dessin animé très populaire sur le sauvetage en mer : Les aventures d’Elias, le petit canot de sauvetage2. Et ils en parlent à leurs parents. Mon petit garçon, quand il voit un canot de sauvetage, il sait ce que c’est.
(1) Tout en parlant, François Gabart montre que cette information figure sur l’application boussole de son smartphone. Pour les téléphones sous Android, il suffit de charger une des applications gratuites qui permettent de lire les coordonnées géographiques du GPS.
(2) On peut facilement visionner des extraits des aventures d’Elias sur Internet
Un partenariat de plus de trente ans
Le groupe MACIF est présent dans le monde maritime depuis plus de quarante ans à travers des offres d’assurance spécifiques, des stages de formation et des opérations de prévention. Le partenariat noué avec la SNSM depuis 1987 s’inscrit dans la continuité de cet engagement. En accompagnant et finançant la formation de cinq cents nouveaux nageurs sauveteurs chaque année, nous souhaitons soutenir et maintenir la gratuité des secours apportés aux navigateurs et plaisanciers en difficulté. Animées par des valeurs communes de solidarité et d’entraide, nos équipes travaillent également de concert sur des actions de terrain. Cet été, par exemple, une opération de sensibilisation à destination des enfants s’est déroulée dans les communes d’Olonne-sur-Mer, Les Sables-d’Olonne et Château d’Olonne. Via des animations ludiques, ils ont appris notamment à identifier les risques du bord de mer, à avoir les bons réflexes en cas d’accident, à connaître les numéros d’urgence.
JEAN-MARC RABY, directeur général du groupe MACIF
Interview parue dans Sauvetage n°145 3ème trimestre 2018