Raphaël vient d’avoir 73 ans. C’est un habitué de la mer : il navigue depuis ses 14 ans. Désormais à la retraite, son amour pour le bateau ne fléchit pas.
Le 15 septembre 2023 est un beau jour pour être sur l’eau. La mer est calme et le soleil brille sur les côtes vendéennes. Quelques jours avant, Raphaël a convenu avec un de ses amis, Pascal, de se rendre sur l’île d’Yeu. Ils prennent le large dans des conditions optimales sur leur vedette de plaisance. Mais rapidement, de la fumée s’échappe du moteur puis le feu s’étend sur le navire. Les Sauveteurs en Mer doivent intervenir au plus vite.
Raphaël et Sébastien, président de la station de Fromentine, racontent ensemble la suite de cette journée dans un extrait de l’épisode 3 de notre podcast CANAL 16 :
Raphaël : « Vers 15 heures, direction l’Ile d’Yeu. Sur notre route, il y a une chaussée submersible qui s’appelle le Gois, qui découvre à basse mer pour rejoindre Noirmoutier. Je calcule précisément mon coup. Il faut passer en pleine mer et plus loin il faut passer sous le pont de Noirmoutier. Et ayant passé le Gois tout allait très bien, il faisait très beau, on était torse nu. D’un seul coup, j’entends du bruit, une alarme. Je regarde l’ordinateur c’était noté : rejoigniez l’atelier le plus proche. Tu ne peux plus faire demi-tour parce que tu es passé dessus cette chaussée submersible. Il ne reste plus qu’à continuer légèrement sur Fromentine, on verra après. Mais il n’y a pas que l’alarme, la fumée sortait en dessous mes pieds, en dessous le moteur. Là, je me suis dit que ce n’était pas la même musique. J’ai vite compris que c’était beaucoup plus sérieux. »
Sébastien : « C’est une belle journée de fin d’été, et la journée se termine. Je reste au travail encore un peu où j’attends une livraison de moule, mon entreprise étant située sur le port. Des amis de la SNSM viennent voir leur bateau. Je suis en compagnie du patron de la station et d’Alain un des équipiers qui est là depuis le premier jour aussi. On est tous les trois à discuter de nos journées et tout d’un coup le téléphone sonne. »
« Je comprends toute de suite que c’est très sérieux, la panne est plus grave que prévu »
R : « Quand l’alarme s’est mise en route, j’avais fait une heure de route. Je comprends toute de suite que c’est très sérieux, la panne est plus grave que prévu. Dans ces cas-là je n’hésite pas, je prends mon téléphone. Nous avons une ligne directe avec le CROSS. En message court et clair je leur explique la situation. Je réclame le secours immédiat. La fumée s’est très rapidement répandue, une fumée de gasoil. »
S : « Le Cross appelle le patron en disant qu’on a un bateau dans la baie de Bourgneuf avec un début d’incendie à bord. Deux personnes à bord. Un incendie c’est toujours un peu impressionnant, c’est quelque chose qu’on n’a pas l’habitude de traiter mais qui peut être assez dramatique si on n’intervient pas rapidement. Les bateaux en plastique sont difficiles à éteindre à partir du moment où il y a des flammes ça va très vite, il est quasiment impossible d’éteindre un feu sur un bateau comme ça. Soit on finit par l’inonder d’eau et il va couler, soit il faut laisser se consumer et juste arroser, protéger les autres bateaux autours ou alors éviter sa dérive pour créer un autre accident. Mais nous n’avons pas les moyens aujourd’hui d’éteindre un feu lorsqu’il est parti sur un bateau entier. On se dépêche car ça peut aller vite. »
R : « Comme on dit : il n’y pas de fumée sans feu, cette fumée a pris une proportion qui me plaisait pas du tout et j’ai aperçu un début de flamette. Je prends l’extincteur et j’essaie d’éteindre. Ça s’est éteint 10 secondes, 20 secondes, je ne sais pas. Et le feu a repris aussitôt. Quand cette fumée à commencer à nous envahir, j’ai dit à mon copain Pascal : « prends ta bouée et saute à l’eau ». »