Isa Noah Amwe, sauveteur nigérian, a fait face à l’explosion d’un pétrolier de 300 mètres
23 février 2023
Le capitaine Isa Noah Amwe est intervenu sur l’une des catastrophes maritimes les plus dramatiques de 2022. Ce sauveteur nigérian a participé aux opérations de secours qui ont suivi l’explosion du FPSO Trinity Spirit, le 2 février, dans le golfe de Guinée. Un engagement qui lui a valu de recevoir le prix du public de la Fédération internationale de sauvetage maritime.Cette organisation internationale, dont fait partie la SNSM, œuvre au développement et à l’amélioration de la recherche et du sauvetage maritimes dans le monde. Rencontre.
Quel est votre parcours ?
Isa Noah Amwe : Je suis né dans l’état de Kaduna, au Nigeria [NDLR : situé au centre du pays, à environ 600 kilomètres de la mer]. J’ai grandi dans une famille de neuf enfants et j’ai aujourd’hui 35 ans. J’ai eu très tôt une vocation pour le sauvetage, en regardant le film Titanic. Puis j’ai commencé ma carrière dans la marine marchande avant de rejoindre le Centre régional de coordination des secours maritimes de Lagos, il y a un peu plus de cinq ans. Je m’occupe de la coordination des secours lors des interventions, du respect des règles de sécurité en mer et aussi de la formation des secouristes.
Vous avez participé aux secours après l’explosion du FPSO Trinity Spirit, le 2 février 2022. Pouvez-vous décrire cet accident ?
INA : L’explosion du FPSO Trinity Spirit a été un événement critique, l’un des plus graves accidents maritimes dans l’histoire du Nigeria. Un navire de plus de 300 mètres a explosé, avec des millions de litres de carburant à son bord. [NDLR : cet ancien pétrolier reconverti en unité pétrolière offshore pouvait stocker 2 millions de barils d’hydrocarbure. Selon le ministère de l’Environnement nigérian, seulement 50 000 à 60 000 barils de pétrole brut se trouvaient à bord au moment du drame.] Cette catastrophe, qui a fait de nombreux morts [NDLR : sur les dix membres de l’équipage, seuls trois ont été retrouvés vivants], a vraiment marqué la population.
« Les flammes et la chaleur étaient extrêmement impressionnantes, il y avait du pétrole partout. »
Comment s’est déroulée l’intervention ?
INA : J’étais dans le golfe de Guinée lorsque j’ai appris la nouvelle. Je me suis rendu sur place pour embarquer sur un bateau de secours. D’autres embarcations se sont rapidement mobilisées pour essayer de récupérer d’éventuels survivants et d’éteindre l’incendie. Les flammes et la chaleur étaient extrêmement impressionnantes, il y avait du pétrole partout. Les gens craignaient d’approcher, c’était très difficile d’intervenir. Il y avait des personnes dans l’eau, certaines conscientes, d’autres inconscientes. Nous avons distribué des gilets de sauvetage et aidé ceux qui le pouvaient à monter sur notre bateau. Cela a été une intervention difficile, très éprouvante.
Quels enseignements en tirez-vous ? Qu’est-ce que cela va changer ?
INA : Au cours de cette mission, nous nous sommes rendu compte que vous n’avions pas forcément les installations adéquates pour faire face à de telles situations. Et, de façon générale, nous manquons d’équipements, d’investissements, d’entraînement… C’est pour cela que je suis engagé dans un réseau de sauveteurs bénévoles, un peu sur le modèle de ce que vous faites en France, pour que les jeunes qui ne sont pas professionnels puissent quand même avoir les moyens d’aider là où ils vivent. J’aimerais d’ailleurs beaucoup pouvoir échanger avec la SNSM et profiter de votre savoir pour développer cette structure.