Journée internationale des femmes : découvrez les sauveteuses de la SNSM !

Dans ce monde d’hommes qu’est histo­rique­ment l’uni­vers des marins, les femmes s’ins­tallent, encore lente­ment par endroits, mais natu­rel­le­ment. Là où elles sont, tout va bien, ce n’est plus une ques­tion. Décou­vrez notre dossier sur la place des femmes à la SNSM.

Une sauveteuse de la SNSM qui court à l'eau
Une sauveteuse de la SNSM sur la plage © Maxime Huriez

L’hi­ver dernier, on comp­tait une femme sur six stagiaires à la forma­tion patron de semi-rigide à laquelle nous assis­tions. Il y a eu des petites blagues, souvent encou­ra­gées par les inté­res­sés eux-mêmes, sur les Corses, les jeunes ou le gaba­rit XXL de Gaëtan. Mais aucune n’a été moti­vée par la présence de Marie. Les Sauve­teurs en Mer en sont sans doute là aujour­d’hui.

La Fédé­ra­tion inter­na­tio­nale de sauve­tage mari­time encou­rage ses adhé­rents à inté­grer plus de femmes. À la SNSM, il ne s’agit pas de recru­te­ments à propre­ment parler, mais de béné­voles qui offrent leur concours. La tendance est davan­tage à compo­ser avec l’évo­lu­tion de la société. S’il y a un message, en revanche, c’est que les femmes qui s’en­gagent béné­vo­le­ment dans les stations et centres de forma­tion et d’in­ter­ven­tion (CFI) peuvent, bien sûr, accé­der à tous les niveaux de respon­sa­bi­lité que permet l’as­so­cia­tion. C’est un signal. Femmes bien­ve­nues.

Les femmes sauve­teuses sont plus nombreuses sur les plages

La propor­tion est plus impor­tante chez les nageurs sauve­teurs qui surveillent les plages : 30 % aujour­d’hui (à titre de compa­rai­son, elles sont 19 % chez les pompiers civils). Mais l’image du milieu est encore très mascu­line, nous expliquait Camille Bernard, sauve­teuse et forma­trice, dans un précé­dent article sur les nageurs sauve­teurs ; bien que la SNSM fasse atten­tion à ce que des femmes soient présentes sur les affiches au moment des recru­te­ments, relève Guillaume Turpin, inspec­teur adjoint. Chaque année, une géné­ra­tion de jeunes rejoint la forma­tion. Là encore, il ne s’agit pas d’un recru­te­ment actif qui serait piloté par la SNSM, mais géné­ra­le­ment d’étu­diants qui proposent de s’en­ga­ger chez les Sauve­teurs en Mer pour surveiller les plages pendant la saison esti­vale. Les jeunes femmes sont sélec­tion­nées à partir des mêmes exigences que pour les garçons. Certaines craignent d’ailleurs d’échouer lors des tests physiques. Le nombre de jeunes filles inté­grant les trente-deux CFI est très variable selon les années, précisent plusieurs centres.

Une femmes canotières qui écrit sur un cahier
Les femmes ont mis du temps à être accep­tées comme cano­tières. Elles repré­sentent 8 % des effec­tifs embarqués © SNSM

En revanche, la propor­tion de femmes à des postes de respon­sa­bi­lité progresse, indiquait une grande étude réali­sée en 2020 : 21 % de cheffes de poste et 6 % de cheffes de secteur. Celle des direc­trices et direc­trices adjointes de CFI aussi (une direc­trice il y a quelques années, quatre aujour­d’hui). Mouve­ment natu­rel. Elles s’im­posent par leurs compé­tences et leur dispo­ni­bi­lité. « Nous ne fixons pas de quota », assure Guillaume Turpin.

Partout, chez les sauve­teurs, nous allons entendre ce même message : les femmes doivent accé­der aux diffé­rentes fonc­tions en respec­tant les mêmes exigences que les hommes, ni moins, ni plus. La seule instance des nageurs sauve­teurs où l’or­ga­ni­sa­tion impose la parité est la commis­sion de disci­pline, qui peut avoir à trai­ter d’éven­tuels cas de harcè­le­ment sexuel.

Sauveteuse qui tire une corde
Les sauve­teuses doivent répondre aux même critères physiques que les hommes. Et cela ne leur pose aucun problème ! © Domi­nique Martel – Domi­mage

Les femmes arrivent sur les canots de sauve­tage en mer

Sur les canots de sauve­tage, c’est un peu diffé­rent. Tradi­tion­nel­le­ment, les femmes ne montaient pas plus à bord d’un bateau de pêche que d’un sous-marin. Cepen­dant, elles n’étaient pas loin. D’une part, le soutien des compagnes et des familles a toujours été capi­tal. Comment peut-on consa­crer des heures au canot de sauve­tage et aux exer­cices et être prêt à se lever de table un soir de Noël si cet enga­ge­ment n’est pas appuyé et respecté par la famille ? Les équi­pières vivent d’ailleurs cette problé­ma­tique, elles aussi. « L’en­vi­ron­ne­ment fami­lial accepte, mais n’an­ti­cipe pas à quel point le sauve­tage est chro­no­phage », signale Gwenaëlle Le Louarn-Le Bris, « cano­tière » à Plou­guer­neau (Finis­tère), et désor­mais membre du Conseil d’ad­mi­nis­tra­tion et du comité de direc­tion

D’autre part, les épouses et autres femmes de la famille sont un élément impor­tant, depuis toujours, du soutien à terre. On les voit tenir la comp­ta­bi­lité et la caisse des stations. Dans cette fonc­tion impor­tante, elles font partie du trio des respon­sables manda­tés par le président natio­nal : président, patron titu­laire, tréso­rier. Certaines sont deve­nues prési­dentes de station, ce qui a contri­bué à faire évoluer les menta­li­tés.

Cepen­dant, même si beau­coup de prési­dents embarquent, souvent en tant que simples équi­piers, ce n’était pas toujours le cas pour les prési­dentes. « Le plus diffi­cile pour une femme n’est pas de deve­nir prési­dente, mais d’être accep­tée à bord comme cano­tière », indiquait, en 2016, Annette Pruvot, alors aux commandes de la station de Trébeur­den - Île Grande (Côtes d’Ar­mor). Elle était fière de l’être et, évoquant son accueil à bord par ses coéqui­piers, ajou­tait : « Ils étaient adorables, mais il a fallu un certain temps avant que certains cessent de vouloir faire les nœuds à ma place. »

Aujour­d’hui, elles sont à bord. Ce n’est pas encore la foule, mais elles s’ins­tallent. Certaines règlent, à leur manière, la ques­tion de la femme de marin atten­dant au bout du quai : elles embarquent aussi. Les couples de sauve­teurs ne sont pas rares. L’ar­ri­vée des femmes accom­pagne l’autre évolu­tion de la popu­la­tion des sauve­teurs : moins de marins profes­sion­nels, plus de citoyens d’ori­gines socio­pro­fes­sion­nelles multiples.

Certains métiers sont vrai­sem­bla­ble­ment surre­pré­sen­tés. Une femme infir­mière ou méde­cin à bord est une aubaine (au même titre que leurs équi­va­lents mascu­lins), surtout si tous les équi­piers n’ont pas encore obtenu leur brevet de secou­risme. Les statis­tiques de sorties des embar­ca­tions décor­tiquées par Yann Stephan – l’adjoint des inspec­teurs géné­raux – confirment leur présence effec­tive à bord avec une subtile nuance. Elles sont un peu plus souvent là pour les entraî­ne­ments et les évacua­tions sani­taires, un peu moins pour les opéra­tions de recherche et de sauve­tage. On entend encore parfois le souhait de les proté­ger, comme on entend les réserves des inté­res­sées à se sentir légi­times. Peut-être un signe du syndrome de l’im­pos­teur, qui n’a pour­tant pas lieu d’être.

Ultime barrage, des sauve­teurs acceptent-ils d’être comman­dés par des sauve­teuses ? On ne dénombre aucune patronne titu­laire à l’heure actuelle. Pour deve­nir patronne suppléante – suscep­tible de comman­der une sortie –, il faut être nommée par le patron titu­laire de la station et, aussi, inspi­rer confiance aux marins comman­dés. Une ving­taine de stations, sur toutes les façades mari­times, ont aujour­d’hui des patronnes suppléantes ; même deux pour certaines. Pas mal.

Cécile Poujol, elle-même patronne suppléante, tempère cepen­dant notre enthou­siasme en rappor­tant ces deux dizaines aux deux centaines de stations de sauve­tage qu’arment les sauve­teurs. Elle a long­temps pensé qu’au­cun frein n’existe pour deve­nir sauve­teuse. Elle oubliait que son CV de coureur au large a contri­bué à l’ac­cueil chaleu­reux de l’équi­page. Et puis une femme spor­tive et navi­ga­trice qu’elle avait encou­ra­gée à l’imi­ter lui a dit que, dans la station proche de son domi­cile, « Les femmes n’em­barquent pas.  »

Lors de son appren­tis­sage du rôle de patron au Pôle natio­nal de forma­tion, elle a été très agacée par un des membres du groupe qui la surveillait comme si une femme ne pouvait pas savoir barrer un bateau. Donc, il y a un sujet. « Il faudrait quand même que la SNSM soit un peu plus volon­ta­riste, ne serait-ce que pour encou­ra­ger celles qui se refusent l’au­dace de candi­da­ter, qui n’osent pas », souligne-t-elle. La navi­ga­trice ne serait pas contre une campagne sur ce thème, voire un petit module sur l’ac­cueil des femmes à bord dans la forma­tion patron.

Les chiffres

La part des femmes est d’en­vi­ron 20 % en moyenne chez les sauve­teurs embarqués. Nette­ment plus chez les nageurs sauve­teurs : 30,7 %. À bord des embar­ca­tions sortant du port en 2021, on dénom­brait 8 % de femmes. Mais le pour­cen­tage tombe à 6,3 pour les opéra­tions de sauve­tage, monte à 9,45 pour les exer­cices et 13 pour les trans­ports sani­taires.

Sur 208 stations de sauve­tage, 188 sont perma­nentes. 84 ont des tréso­rières, 10 des prési­dentes, alors qu’elles étaient 5 voici dix ans.

On compte une ving­taine de patronnes suppléantes. Aucune patronne titu­laire aujour­d’hui. Nous en avons repéré au moins une dans le passé, au Cros-de-Cagnes.

Elles sont… diffé­rentes

Sélec­tion­nées comme les hommes, elles ne sont pas moins bonnes sauve­teuses, disions-nous. Sont-elles meilleures ? En tout cas, elles agissent diffé­rem­ment. Nous avons plus d’une fois entendu parler de ce qu’elles apportent de nouveau : par exemple, elles rassurent les enfants, calment les bles­sés. «  Elles tirent les groupes vers le haut, la mixité est une plus-value », nous dit-on dans plusieurs CFI. Mathieu Poulain, patron titu­laire à Porni­chet  (six femmes sur trente membres), trouve qu’elles « passent moins en force ». Sans pour autant en avoir moins, de force. « Des filles de 50 kg qui vous ramènent un bonhomme de 80, il y en a plein », constate Rémy Bicha­rel, jeune direc­teur du CFI d’Or­léans (Loiret). Face à des victimes fémi­nines, la mixité est aussi essen­tielle. Preuve est faite dans l’épi­sode 4 de la deuxième saison de notre podcast Canal 16, où Megan raconte une inter­ven­tion auprès d’une pratiquante de Jet-Ski® bles­sée dans la région pelvienne.

Comme les sauve­teurs, les sauve­teuses ont du carac­tère. Et c’est d’ailleurs un critère de sélec­tion. Il en faut pour s’ac­cro­cher aux forma­tions, il en faut pour s’im­po­ser dans des effec­tifs encore large­ment mascu­lins et il en faut pour croire en soi. Camille Bernard évoquait l’an dernier ce point de bascule où les femmes cessent de penser avoir quelque chose de plus à prou­ver. À ce sujet, Bruno Wojcie­chowski, direc­teur du CFI des Sables-d’Olonne (Vendée), appré­cie le rôle des « anciennes » qui prennent les jeunes sous leur aile et les aident à s’af­fir­mer.

Parmi celles accé­dant à des respon­sa­bi­li­tés, on passe sans doute d’une géné­ra­tion qui ressen­tait encore le besoin de véri­fier qu’elles étaient légi­times « bien que » femmes à des jeunes plus sûres d’elles et du bien-fondé de leur présence. C’est une bonne chose. Permet­tez à l’homme qui écrit ce dossier sur les femmes de termi­ner cet article sur une note person­nelle. Le cadeau qu’il reçoit, depuis des années de béné­vo­lat chez les Sauve­teurs en Mer, est de rencon­trer des hommes remarquables. Les femmes de la SNSM les valent bien. Le sauve­tage en mer dispose là d’un gise­ment formi­dable de compé­tences et d’en­ga­ge­ment au fémi­nin.

 


Une équipe 100 % fémi­nine à Damgan

Surprise pour Jessica Renaud lorsqu’elle entame sa saison de cheffe de poste de secours à Damgan (Morbi­han), le 1er juillet. Son équipe est compo­sée exclu­si­ve­ment de femmes. Pendant un mois, elles sont cinq à surveiller les baigneurs. « Ça ne m’était jamais arrivé en sept ans, constate la Bretonne de 26 ans. Jusqu’ici, on avait atteint la parité.  » Ce hasard des répar­ti­tions est extrê­me­ment rare. C’était d’ailleurs le seul cas cette année. Chez les nageurs sauve­teurs, les hommes repré­sentent près de 70 % des effec­tifs. « Mais j’ai l’im­pres­sion qu’il y a de plus en plus de femmes, note Jessica Renaud. Plus on verra de sauve­teuses, plus cela donnera envie à d’autres de le deve­nir.  » L’équipe de cinq femmes, âgées de 18 à 29 ans, n’a rencon­tré « aucune diffi­culté. Même si certaines tâches sont diffi­ciles, nous sommes tout à fait capables de les effec­tuer, souligne la cheffe de poste. Il suffit d’être en bonne condi­tion physique. »

L’équipe 100% féminine chargée de surveiller la plage de Damgan cet été
Emma, Élisa, Lison, Marion et Jessica ont composé l’équipe 100 % fémi­nine char­gée de surveiller la plage de Damgan cet été © SNSM

Madame la prési­dente

Claire Ferré, présidente de la station de Camaret-sur-Mer, en famille
Claire Ferré, prési­dente de la station de Cama­ret-sur-Mer, est une maman très occu­pée © SNSM

Il y a cinq ans, nous avions rencon­tré Claire Ferré au local SNSM de Cama­ret-sur-Mer (Finis­tère). Plus jeune prési­dente de station à 32 ans, cette passion­née du sauve­tage depuis l’en­fance était sur le point d’ac­cou­cher de sa première fille. Elle était deve­nue prési­den­te… parce qu’elle ne pouvait plus embarquer. Une déci­sion prise après de longues discus­sions avec le papa, William Abalain, égale­ment sauve­teur et patron suppléant. Marin profes­sion­nel, il n’est pas toujours à la maison. Si le couple avait cher­ché à alter­ner les sorties en mer, aucun des deux ne serait resté à un niveau d’en­traî­ne­ment opti­mum.

Cinq ans et une deuxième fille après… tout va bien. Fina­le­ment, seul l’en­thou­siasme média­tique suscité par son statut de plus jeune prési­dente de station a pesé sur Claire. Elle a mis des limites. Et bien qu’elle soit passée à temps partiel à la banque où elle travaille, elle a « zéro temps mort ». Cepen­dant, on la sent toujours aussi enthou­siaste et déter­mi­née. La station accueille d’autres femmes, comme Thérèse, ancienne patronne suppléante, qui revient après être partie quelque temps secou­rir les migrants sur l’Ocean Viking en Médi­ter­ra­née, ou Fanny, une forma­trice. Mais la prési­dente ne se fixe aucun objec­tif parti­cu­lier en la matière.

Elle tient surtout à ce que tous les membres de l’équipe se sentent sur le même plan, hommes ou femmes. L’an­cienne tréso­rière a été rempla­cée par un tréso­rier. Elle souhaite avoir un vice-président. Et deux co-patrons titu­laires ont été nommés, dont William, son compa­gnon. « Oui, bien sûr, ça fait jaser, admet-elle. Mais je suis sûre de ce choix. De toute façon, je ne décide jamais seule » Elle a été touchée que d’autres femmes amenées à prendre des respon­sa­bi­li­tés dans des stations bretonnes l’aient contac­tée pour savoir comment elle s’or­ga­nise. Et bonne nouvelle : depuis quelque temps, elle parvient à reprendre des entraî­ne­ments à son poste d’équi­pière secou­riste.

De quelques détails matériels

Pour accueillir des femmes, il faut s’or­ga­ni­ser en consé­quence. À la direc­tion des achats de la SNSM, on fait plus atten­tion aujour­d’hui aux petites tailles. Quand des locaux sont construits ou réno­vés, c’est l’oc­ca­sion de créer vestiaires, douches ou toilettes sépa­rés. Ces équi­pe­ments n’existent pas encore partout. Les vessies mascu­lines se libèrent faci­le­ment à un coin de ponton ou par-dessus un bastin­gage. Les équi­pières doivent encore trop souvent partir à la recherche d’une solu­tion à l’autre bout du quai. Mais les choses progressent : sur les plus gros navires de la nouvelle flotte, les toilettes ne sont plus en option. Aux équi­pières et équi­piers de veiller à ce qu’elles ne se trans­forment pas en placard à cirés supplé­men­tai­re…


Psycho­logue, nageuse sauve­teuse, ancienne cadre d’EDF : les femmes du Conseil d’ad­mi­nis­tra­tion

La SNSM, la Société natio­nale de sauve­tage en mer, a un nouveau Conseil d’ad­mi­nis­tra­tion, élu dans le cadre des nouveaux statuts. Le président Emma­nuel de Oliveira est très clair : il souhaite que la propor­tion de femmes chez les sauve­teurs se retrouve dans les instances diri­geantes. Résul­tat : quatre femmes sur vingt-quatre membres. Aucune autre n’était candi­date. Dans le précé­dent Conseil, elles étaient trois, plus une repré­sen­tante d’une admi­nis­tra­tion.

Mais les fonc­tions que l’an­cien Conseil et le président ont souhaité voir repré­sen­tées par les candi­dates propo­sées aux élec­teurs ne sont plus les mêmes. Il y avait deux tréso­rières et une prési­dente de station. On compte désor­mais une équi­pière embarquée, une direc­trice adjointe de CFI et forma­trice au sauve­tage pour les nageurs sauve­teurs, une forma­trice psycho­logue et, parmi les person­na­li­tés qui ne sont pas membre actif de l’or­ga­ni­sa­tion, une ancienne cadre d’EDF à qui la mer est fami­lière (elle a beau­coup plongé).

Pas spécia­le­ment repré­sen­tantes des femmes, mais…

Inter­ro­gées avant même leur première réunion du Conseil, elles ne se sentent pas spécia­le­ment repré­sen­tantes des femmes, voire pas du tout pour deux d’entre elles. Gwenaëlle Le Louarn-Le Bris, cano­tière à Plou­guer­neau, se dit « d’abord repré­sen­tante de tous les cano­tiers embarqués ». Réac­tion iden­tique chez Anaïs Mevel, direc­trice adjointe du CFI de l’Indre à Château­roux, qui se voit en premier lieu liée aux CFI. Dans les lettres de moti­va­tion que tous les élec­teurs membres actifs ont pu lire, aucune n’évoque cet aspect de son profil. Cela ne veut pas dire qu’elles n’ont pas quelques idées sur la place des femmes à la SNSM.

Brigitte Laurent, psycho­logue et forma­trice, a conscience du chemin qu’il reste encore à faire, par endroits, pour que les femmes soient consi­dé­rées comme précieu­ses… pas seule­ment pour tenir les stands les jours de fête. L’ar­ri­vée de sauve­teuses chez les Sauve­teurs en Mer est plus large­ment corré­lée à l’évo­lu­tion de la société : pour qu’une femme soit dispo­nible pour le sauve­tage, il faut que les rôles à la maison changent. Et juste­ment, pour Anaïs Mevel, chaque fois qu’une femme accède comme elle à un poste diri­geant, c’est un signal posi­tif. La cano­tière Gwenaëlle Le Louarn-Le Bris estime que la mixité « vient progres­si­ve­ment, mais sûre­ment. Le fait de voir d’autres femmes donne à des femmes l’idée de candi­da­ter. Il va y avoir un appel d’air. » Ce qui n’em­pêche pas que les femmes devront faire leurs preuves, comme les hommes. Quand elle a rejoint la SNSM, ses compa­gnons d’équi­page ont bien senti qu’elle ne voulait pas être un « poids mort », mais, au contraire, se montrer dispo­nible et volon­taire, tout en étant pleine d’ad­mi­ra­tion pour leurs compé­tences, qu’elle ne deman­dait qu’à acqué­rir. Irma Dupey­rat, ancienne cadre chez EDF, s’est beau­coup préoc­cu­pée de la place des femmes au cours de sa carrière. Elle pense qu’il ne faut pas brusquer les évolu­tions, mais qu’il est parfois impor­tant de faire des études et d’avoir des « diag­nos­tics précis » sur ce qui peut frei­ner l’ar­ri­vée d’un plus grand nombre de femmes.

Harcèlement, gestes déplacés…

Chez les sauve­teuses comme dans le reste de la société, la parole se libère. Pour autant, peu d’af­faires de harcè­le­ment, de mots inap­pro­priés ou de gestes dépla­cés émergent au sein de l’as­so­cia­tion. Françoise Odier, prési­dente de la commis­sion de réso­lu­tion des conflits de la SNSM, évoque quelques très rares cas ces dernières années, prin­ci­pa­le­ment des propos incon­ve­nants. Elle reçoit aussi quelques demandes de conseils. Les recom­man­da­tions aux respon­sables de struc­tures locales, appuyées par des consignes écrites du direc­teur géné­ral, sont claires : veiller, préve­nir, ne pas lais­ser s’ins­tal­ler ni dégé­né­rer des situa­tions, ne pas hési­ter à écar­ter des personnes posant un problème. La cohé­sion des équipes est essen­tielle pour l’ef­fi­ca­cité du sauve­tage et la sécu­rité des sauve­teurs.

« La SNSM encourage les femmes à s’engager » Interview d'Emmanuel de Oliveira, président de la SNSM

Tous les béné­voles de la SNSM doivent conci­lier leur vie profes­sion­nelle, leur vie fami­liale et leur enga­ge­ment de Sauve­teur en Mer. C’est encore plus vrai pour les femmes, qui, dans notre modèle de société, assument toujours en grande partie la charge de la maison et des enfants.

Si l’uni­vers des marins est histo­rique­ment un monde d’hommes, la SNSM encou­rage les femmes à s’en­ga­ger dans notre asso­cia­tion, où toutes les fonc­tions leur sont ouvertes, en mer comme à terre. Elles sont ainsi cano­tière, nageuse sauve­teuse pour la surveillance des plages et les missions de sécu­rité civile, patronne d’équi­page, prési­dente de station de sauve­tage, direc­trice de centre de forma­tion et d’in­ter­ven­tion (CFI) ou délé­guée dépar­te­men­tale, s’oc­cupent de la logis­tique, de l’or­ga­ni­sa­tion de mani­fes­ta­tions ou de la vente de produits déri­vés…

Notre offre de forma­tions quasi profes­sion­nelles leur permet d’ac­qué­rir les compé­tences néces­saires, même quand elles ne sont pas issues des profes­sions mari­times. Notre système de gestion des astreintes donne la possi­bi­lité de plani­fier faci­le­ment leurs dispo­ni­bi­li­tés pour les inter­ven­tions. Nos actions d’amé­lio­ra­tion des navires de sauve­tage et des locaux à terre procurent le confort, l’hy­giène et les espaces priva­tifs indis­pen­sables. Pour préve­nir les compor­te­ments abusifs de toute nature auxquels la SNSM – comme toute orga­ni­sa­tion humaine – pour­rait être expo­sée, nous dispo­sons d’une procé­dure rigou­reuse d’alerte et de gestion des situa­tions. Les équi­pages désor­mais fémi­ni­sés sont unanimes pour appré­cier l’éner­gie, les compé­tences et l’en­ga­ge­ment des femmes en orange.

Article rédigé par Jean-Claude Hazera, diffusé dans le maga­zine Sauve­tage n°161 (3ème trimestre 2022)