À la découverte de l'organisation du sauvetage en mer en Europe

Cinq membres de la SNSM ont passé une semaine dans des insti­tu­tions de sauve­tage étran­gères à la fin du mois de septembre 2023. En échange, cinq sauve­teurs étran­gers ont été accueillis en France. Un moment de partage et de décou­vertes !

De gauche à droite : Stefan, Orjan, Stine, Chris et Satu écoutent Didier Moreau, directeur de la formation de la SNSM.
De gauche à droite : Stefan, Orjan, Stine, Chris et Satu écoutent Didier Moreau, directeur de la formation de la SNSM. © D. R.

Cinq sauve­teurs euro­péens à la décou­verte des tech­niques de sauve­tage françaises  à Saint-Nazaire

Debout devant un écran de projec­tion, dans une salle du Pôle natio­nal de forma­tion de la SNSM à Saint-Nazaire (Loire-Atlan­tique), Stine Aae pointe du doigt la photo d’un paysage enneigé proje­tée sur un écran. « C’est le bateau de ma station, indique la jeune Norvé­gienne aux cheveux blonds. Chez nous, c’est l’hi­ver la moitié de l’an­née. On doit souvent enle­ver la glace qui se forme dessus pour être prêts à inter­ve­nir à tout moment. »

Autour, les autres parti­ci­pants s’ex­clament d’éton­ne­ment. Jamais ils n’ont eu à en faire autant. Pour­tant, certains viennent de contrées plus septen­trio­nales que la France : en cette fin du mois de septembre, les Sauve­teurs en Mer reçoivent cinq homo­logues étran­gers dans le cadre d’une semaine d’échange orga­ni­sée par la Fédé­ra­tion inter­na­tio­nale du sauve­tage en mer (IMRF). Des sauve­teurs venus de Suède, du Royaume-Uni, des Pays-Bas et de Finlande complètent le groupe. En contre­par­tie, cinq béné­voles français sont partis décou­vrir leurs orga­ni­sa­tions respec­tives.

« Le but est de parta­ger les bonnes pratiques. Pour les béné­voles, c’est aussi l’oc­ca­sion de décou­vrir un pays et une orga­ni­sa­tion, souligne Sylvain Moynault, inspec­teur de la SNSM chargé des rela­tions inter­na­tio­nales. Lors de ces forma­tions, on partage beau­coup et on découvre des équi­pe­ments et des tech­niques.  »

Entraî­ne­ments en commun, visites de stations, réunions avec des sauve­teurs français. En une semaine, les membres du petit groupe ont eu un large aperçu des acti­vi­tés de la SNSM. Mais Orjan Gote­man, de Suède, et Satu Pöllä­nen, de Finlande, tombent d’ac­cord : ils ont retrouvé les bases qu’ils connais­saient déjà. « Nos méthodes de sauve­tage sont communes, constatent en chœur le pilote de l’air retraité et l’en­sei­gnante en école d’in­fir­mier. Cela doit vouloir signi­fier que nous faisons les choses correc­te­ment.  »

Malgré les nombreux points communs, de petites diffé­rences intriguent les sauve­teurs étran­gers. Derrière le semi-rigide des Sauve­teurs en Mer, de petites lumières LED se mettent en mouve­ment lorsque les hélices tournent. « C’est très intel­li­gent, souligne Stefan Scholtes, des Pays-Bas. Cela peut permettre à un sauve­teur à l’eau de ne pas se bles­ser par mégarde.  » Chris Rampling, venu d’An­gle­terre, retient pour sa part « les casques, beau­coup plus confor­tables car on peut gonfler la garni­ture ». « Nous allons parta­ger tous ces détails dans nos pays, conclut Stine. Et peut-être que cela nous aidera à aider ceux qui en ont besoin, chez nous.  »

Cinq Sauveteurs en Mer français en voyage d'échange en Europe !

Ils ont appris de nouvelles tech­niques, pratiqué sur d’autres bateaux. Et décou­vert un pays et une orga­ni­sa­tion de sauve­tage en mer. Cinq Sauve­teurs en Mer français ont parti­cipé au programme d’échange de l’IMRF. Voici quelques détails qu’ils ont rele­vés sur place.

Royaume-Uni et Irlande

«  J’ai été très impres­sionné par l’orga­ni­sa­tion de la collecte de fonds lors de ma visite de la RNLI en Irlande. Il y a de cinquante à cent volon­taires dédiés à cela dans chaque station. Ils ne sont pas opéra­tion­nels, ne peuvent pas effec­tuer de sauve­tage en mer, mais ont le droit de porter les couleurs de l’ins­ti­tu­tion. Ils orga­nisent des lotos, des soirées de charité et d’autres événe­ments. Cela ressemble à ce que nous faisons à la SNSM, mais à beau­coup plus grande échelle. Ma station est très active sur ce sujet, mais on reste très loin d’eux !  »

Sceau ou il est écrit Lifeboats
Logo de la RNLI sur un seau © Nathan Williams

Éric Fain­treny, station de Saint-Cast-le-Guildo (Côtes-d’Ar­mor) Royal Natio­nal Life­boat Insti­tu­tion (RNLI), Royaume-Uni et Irlande

 

Norvège

« Dans les stations de sauve­tage de Norvè­ge— et aussi en Finlande et en Suède —, la tradi­tion voulait que les équi­piers se réunissent dans une hutte en bois pour débrie­fer. Ils allument un feu, puis discutent de diffé­rents sujets. La tradi­tion se perd un peu, mais ils ont choisi de la perpé­tuer au sein de leur école, à Horten, dans le fjord de la capi­tale, Oslo. Je n’ai pas eu le temps de tester, malheu­reu­se­ment ! Mais j’ai appré­cié l’idée d’avoir un lieu pour se retrou­ver. »

Huttes en bois
Hutte en bois en Norvège © SNSM

Guy Plot­ton, station du Havre (Seine-Mari­time) Norsk Sels­kap til Skib­brudnes Redning, Norvège

 

Pays-Bas

«  Les Néer­lan­dais sont très fiers de leur héri­tage histo­rique. La KNRM est âgée de deux cents ans, à peu près comme la SNSM, mais ils parlent tout le temps de son histoire. Ils ont aussi un musée du sauve­tage en mer. Et ce n’est pas vrai que dans le sauve­tage : partout dans les ports, j’ai vu de vieux grée­ments extrê­me­ment bien entre­te­nus. »

Benja­min Chas­sagne, CFI des Bouches-du-Rhône – Marseille Konink­lijke Neder­landse Redding Maat­schap­pij (KNRM), Pays-Bas

 

Finlande

« Les Finlan­dais ont mis en place un excellent programme de forma­tion à desti­na­tion des jeunes. Les enfants sont répar­tis en deux groupes : 10 à 12 ans et 13 à 15 ans. Ils parti­cipent à des stages le week-end ou durant les vacances scolaires durant lesquels sont orga­ni­sées des compé­ti­tions liées aux compé­tences de sauve­tage. Ils ont des entraî­ne­ments régu­liers et prennent parfois part aux exer­cices, où ils peuvent jouer le rôle des victimes. Ils sont aussi formés au secou­risme. Cela permet d’en­tre­te­nir un vivier de recru­te­ment, avec des jeunes qui peuvent deve­nir stagiaires dans un équi­page dès leurs 16 ans et opéra­tion­nels à 18 ans. »

Deux jeunes Finlandaise en train de rire
Jeunes enfants ayant revêtu la tenue des sauve­teurs en mer en Finlande © Aarne Vartia

Virgi­nie Muzel­lec, CFI Côte basque – Landes et station de Capbre­ton Suomen Meri­pe­las­tus­seura, Finlande

 

Suède

« Je trouve que les Suédois sont plus marins que les Français. Là-bas, tout tourne autour de la mer (Ndlr : le litto­ral suédois fait 11 500 kilo­mètres de long, contre 5 500 pour le litto­ral de la France métro­po­li­taine). Ils lui vouent un véri­table culte. Dans les envi­rons de Göte­borg, où je suis allé, il y a de très nombreuses îles qui accueillent de vraies villes. Pour aller de l’une à l’autre, les Suédois prennent leur bateau comme on prend la voiture. Pour se rendre au travail, par exemple. On voit beau­coup de monde sur l’eau dès les premières heures de la mati­née.  »

Quen­tin Folliot de Fier­ville, station de Bandol (Var) Sjörädd­ning­ssälls­ka­pet (SSRS), Suède

Article rédigé par Nico­las Sivan, publié dans le maga­­­­­­­­­­­­­­­zine Sauve­­­­­­­­­­­­­­­tage n° 166 (4e trimestre 2023)