Il y a 200 ans : création de la RNLI et organisation du sauvetage en mer en Europe

La Royal natio­nal life­boat insti­tu­tion (RNLI), insti­tu­tion soeur de la SNSM au Royaume-Uni, fête ses 200 ans en 2024. La première insti­tu­tion de sauve­tage au monde a été créée alors que 1 800 naufrages avaient lieu chaque année outre-Manche.

Canot de sauvetage de la station de St Anne
Le Laura Janet, de la station de St Anne, et son équipage, en 1886. RNLI

Jusqu’au XIXe siècle, les naufrages étaient souvent une réalité tragique. On déplo­rait l’ab­sence de moyens tech­niques. En outre, les rares canots de sauve­tage1 s’avé­raient dispa­rates et diffi­ciles à armer, car les marins qui auraient pu embarquer et inter­ve­nir se trou­vaient géné­ra­le­ment en mer au moment de l’alerte. Qui plus est, le manque de budget ne permet­tait pas de se doter de canots auto­re­dres­sables ni de mettre en place une orga­ni­sa­tion de sauve­tage effi­cace.

Les années 1820 sont marquées par de violentes et récur­rentes tempêtes, qui ravagent les côtes euro­péennes. On dénombre, à l’époque, plus de mille huit cents naufrages par an au Royaume-Uni. Trop pour Sir William Hillary, un baron­net de l’île de Man, en mer d’Ir­lande. Il conçoit un projet d’im­plan­ta­tion de vrais canots de sauve­tage, avec des équi­pages formés le long des côtes du Royaume-Uni et de l’Ir­lande, qu’il adresse en 1823 à la Royal Navy, aux ministres et aux parle­men­taires.

L’ami­rauté refuse de l’ai­der dans son initia­tive. Tenace, Hillary lance un nouvel appel aux philan­thropes de la société londo­nienne et convainc plusieurs parle­men­taires. Et – comme de nombreuses grandes idées au Royaume-Uni – c’est dans la célèbre London Tavern de Bishops­gate que son projet d’or­ga­ni­sa­tion du sauve­tage se concré­tise par la fonda­tion de la Natio­nal Insti­tu­tion for the Preser­va­tion of Life from Ship­wreck, le 4 mars 1824. Preuve que la ques­tion occupe à l’époque : la réunion est prési­dée par l’ar­che­vêque de Canter­bury, Charles Manners-Sutton, en personne. Placée sous la protec­tion du roi George IV, la société pren­dra le nom de Royal natio­nal life­boat insti­tu­tion (RNLI) quelques années après.

Au Pays-Bas, des canots de sauve­tage après les tempêtes

Ce mouve­ment n’a pas lieu qu’outre-Manche. Les tempêtes déferlent aussi sur les Pays-Bas. Dans la seule jour­née du 14 octobre 1824, dix-sept navires coulent au large de la côte néer­lan­daise. Cet événe­ment convainc Barend van Spree­kens, homme d’af­faires habi­tant Amster­dam, de lancer une collecte de fonds moins d’un mois plus tard pour ache­ter des canots de sauve­tage. Il crée la Noord-en Zuid-Hollandsche Redding-Maat­schap­pij, avec pour zone d’ac­tion les eaux au nord de Sche­ve­nin­gen.

Le 20 novembre de la même année, Willem van Houten, marchand de Rotter­dam, fonde la Zuid-Hollandsche Maat­schap­pij tot Redding van Schip­breu­ke­lin­gen. La zone d’ac­tion s’étend au sud de Loos­dui­nen et comprend les Flandres. Il faudra cepen­dant attendre 1991 pour que soit établie la Konink­lijke Neder­landse Redding Maat­schap­pij (KNRM), issue de la fusion des autres socié­tés.

En France aussi, le sauve­tage en mer s’or­ga­nise. La première station verra le jour à Boulogne-sur-Mer en 1825… pour porter secours aux baigneurs ! Une histoire que SAUVE­TAGE vous racon­tera à l’oc­ca­sion des deux cents ans de la station l’an­née prochaine.

*1: Dés 1785, Lionel Lukin s’était lancé dans la construc­tion d’un proto­type de canot de sauve­tage insub­mer­sible . Celui ci sera perfec­tionné en 1790 par Henry Grea­thead et confirmé comme le premier vrai canot de sauve­tage.

Des relations étroites entre la RNLI et la SNSM à travers le temps

Deux cents ans de sauve­tage pour la RNLI et presque autant d’an­nées de rela­tions étroites et frater­nelles avec les socié­tés de sauve­tage du conti­nent. Les retrou­vailles annuelles des équi­pages des stations de chaque côté de la Manche et de la mer du Nord démontrent la soli­dité de cet atta­che­ment. L’ami­ral Amman, premier président de la SNSM, avait confirmé l’im­por­tance des liens avec la RNLI en confiant à son vice-président, l’ami­ral François Picard d’Es­te­lan, la charge du déve­lop­pe­ment des rela­tions avec l’ins­ti­tu­tion britan­nique. Le 30 octobre 1979, ce dernier se rendit, avec la SNS 109 Président Paul Le Garrec, au Royaume-Uni pour parti­ci­per au baptême du nouveau canot RNLI de la série Thames classe Rotary Service, financé par les clubs de Grande-Bretagne et celui de Boulogne-sur-Mer, en présence de la reine mère Eliza­beth II.

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Article rédigé par Jean-Patrick Marcq, paru dans le SAUVE­TAGE n°168 (2e trimestre 2024).