On peut avoir consulté les prévisions météo avec attention, celles-ci se révèlent parfois fausses. Le voilier Sparker et son équipage de trois personnes en ont fait la douloureuse expérience le 26 mars 2023, dans le golfe de Beauduc. « Initialement annoncé nord-ouest, le vent était en fait plein est, explique José Ibanez, patron de la station des Saintes-Maries-de-la-Mer. Un bulletin météorologique spécial a été diffusé pour un avis de grand frais. »
Ce message, reçu par les plaisanciers sur leur radio, indique un vent de force 7 sur l’échelle de Beaufort*. À terre, tous les arbres sont courbés par le vent. Au large, la puissance et la direction des rafales rendent la mer chaotique dans ce lieu bien connu des kitesurfeurs pour son excellente exposition au vent… surtout lorsqu’il vient de l’est.
Des creux de 2,50 à 3 mètres
Le Sparker subit les mauvaises conditions météorologiques de plein fouet. « Un vent violent a interrompu notre navigation et nous a mis en grand danger », écrit Gema, l’une des membres de l’équipage, dans une lettre pour remercier les sauveteurs. Le vent a fait tomber la voile de son bateau, dont le moteur a pris l’eau dans la tempête. Impossible de manœuvrer. Elle passe l’alerte au milieu d’une mer déchaînée. Le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) informe les bénévoles de la station des Saintes-Maries-de-la-Mer. La vedette SNS 214 Jacobé Salomé appareille quelques minutes plus tard.
Sur place, la Méditerranée mène la vie dure aux sauveteurs. « Il y avait des creux de 2,50 à 3 mètres, décrit José Ibanez. C’était impossible de rapatrier l’équipage sur notre vedette. » Un rapprochement entre la SNS 214 et Sparker entraînerait un risque de collision, tant les vagues ébranlent les navires. Les bénévoles s’en remettent à leur annexe. Ce petit bateau de 3,40 mètres permet aux sauveteurs de s’approcher sans risques. Deux canotiers embarquent sur les flots.
Ils doivent évacuer les trois passagers du voilier. « Pendant que l’un barrait, l’autre était chargé d’aider les naufragés à sauter dans l’annexe, commente le patron. Ils ne pouvaient prendre qu’un matelot à la fois. » Il est alors décidé de déposer les navigateurs un à un sur la plage la plus proche. Les bourrasques et la houle rendent l’opération ardue. Les vagues remplissent l’annexe, forçant les bénévoles à écoper à plusieurs reprises. Une demi-heure est nécessaire pour évacuer tout l’équipage sur la plage. « Une personne saignait du front et une autre se trouvait en hypothermie », déplore José Ibanez.
Les victimes sont hélitreuillées vers les pompiers
Mais, situé au cœur des zones naturelles protégées et des marais salants de Camargue, le secteur est inaccessible aux secours par la route. Les victimes sont finalement hélitreuillées vers les pompiers, qui leur administrent les premiers soins. Personne n’est blessé grièvement, mais toutes sont encore choquées de la violence du coup de vent. Deux jours plus tard, les bénévoles profiteront d’une accalmie pour ramener Sparker à son équipage. L’embarcation était échouée sur une plage, ayant subi une rupture de mouillage lors de la tempête. « S’ils n’avaient pas été présents, je ne sais pas si je pourrais vous écrire ces quelques lignes, souligne Gema. Merci à eux ! ».
* L’échelle de Beaufort permet de mesurer l’impact du vent sur la mer. Elle comporte treize degrés, allant de 0 à 12.
Nos sauveteurs sont formés et entraînés pour effectuer ce type de sauvetage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !