Pyrénées-Orientales : plongée de nuit pour libérer un voilier pris dans les filets

Les Sauve­teurs en Mer de Canet-en-Rous­sillon et du Barca­rès (Pyré­nées-Orien­tales) sont inter­ve­nus pour libé­rer un cata­ma­ran de 18 mètres dont les hélices étaient prises dans des filets. Une opéra­tion à hauts risques.

L'intervention sous-marine est une opération à hauts risques, qui nécessite un entraînement régulier © Jean de Saint Victor de Saint Blancard

En Médi­ter­ra­née, à quelques enca­blures de Torreilles, dans les Pyré­nées-Orien­tales, la mer est calme et la visi­bi­lité bonne en ce 5 février. Vers 22 heures, les stations de Canet-en-Rous­sillon et du Barca­rès sont enga­gées par le centre régio­nal opéra­tion­nel de surveillance et de sauve­tage (CROSS) MED La Garde pour porter assis­tance au Surya. Ce cata­ma­ran de 60 pieds (envi­ron 18 mètres) cabo­tait tranquille­ment depuis La Grande-Motte. Mais, alors qu’il était en approche finale de son port de mouillage, à moins de 1 mille nautique de la côte, son hélice et ses safrans se sont pris dans des filets de pêche.

L’opé­ra­tion pour déga­ger les filets néces­site de plon­ger de nuit. Cette mission, à la fois rare et très tech­nique, reste dange­reuse. Elle appelle une grande maîtrise, ainsi qu’une réac­ti­vité de tous les instants afin que les plon­geurs demeurent au contact visuel perma­nent de leurs cama­rades. L’in­ter­ven­tion sous-marine est une spécia­lité exigeante, présente dans quelques stations de la SNSM, dont les équi­pages comprennent alors des sauve­teurs plon­geurs de bord (SPB). Elle n’est pratiquée qu’en dernier recours, lorsqu’un navire ne peut être remorqué et présente un danger pour les autres.

À l’ap­pel du CROSS MED, la station de Canet-en-Rous­sillon – dont le canot est en cale sèche pour entre­tien – arme son semi-rigide, le SNS 721, sur lequel embarquent cinq sauve­teurs, dont deux SPB. La vedette de deuxième classe SNS 275 La Barca­ré­sienne, du Barca­rès, est, quant à elle, enga­gée en soutien tech­nique et logis­tique – notam­ment pour l’éclai­rage –, mais aussi en appui aux plon­geurs. À son bord sont présents deux cano­tiers infir­miers, ainsi qu’un binôme de sécu­rité composé de deux autres sauve­teurs plon­geurs de bord, prêts à s’im­mer­ger à leur tour.

Les filets sont la hantise des hommes-grenouilles. Même équipé d’un couteau, il est quasi­ment impos­sible de se libé­rer des mailles une fois pris dedans. Ils sont nombreux à toujours avoir en tête le souve­nir de Lionel Lucyk, sapeur-pompier profes­sion­nel expé­ri­menté, mort en plon­gée opéra­tion­nelle à Saint-Nazaire en 2012. Il s’est noyé après s’être empê­tré dans un filet qu’il tentait de débloquer d’une hélice.

« La plon­gée pour extraire un filet est toujours tech­nique et dange­reuse » 

«  La plon­gée pour extraire un filet est toujours extrê­me­ment tech­nique et dange­reuse, insiste Emma­nuel Arenal, patron de la station. Elle se réalise obli­ga­toi­re­ment en binôme et il faut une sécu­rité en surface car tout se fait en visuel. Quand nos équi­piers sont sous la coque, c’est le moment le plus stres­sant, puisqu’on ne les voit pas.  » L’opé­ra­tion est donc menée avec beau­coup de précau­tions. Vers minuit, après deux heures à défaire le « sac de nœuds » sans que cela ait occa­sionné d’ava­rie sur hélice et safrans, le cata­ma­ran peut reprendre sa route et rentrer à l’abri vers lequel il avait mis son cap.

Cette fois, la situa­tion ne menaçait pas l’équi­page du voilier. Mais les béné­voles de la SNSM doivent parfois inter­ve­nir dans l’ur­gence, en condi­tions diffi­ciles, et toujours en ayant à l’es­prit de proté­ger leur propre vie et celle de leurs cama­rades. « Cela met bien en lumière l’uti­lité des exer­cices de manœuvres conjointes entre stations, mais aussi avec les autres services de secours, afin d’être en mesure, par tous temps, de parer à toute situa­tion  », conclut Emma­nuel Arenal.

Nos sauve­­teurs sont formés et entraî­­nés pour effec­­tuer ce type de sauve­­tage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !

Que faire si votre hélice se prend dans un bout ou un filet ?

  • Tentez tout d’abord de faire marche arrière pour désen­ga­ger la prise. Avec un voilier, mettre la grand-voile à contre. 
  • Si cela ne fonc­tionne pas, la meilleure réponse est de se mettre au mouillage afin de permettre le remorquage du navire en eau saine (un port) et d’en­voyer alors deux plon­geurs reti­rer les contraintes en sécu­rité. 
  • Avant toute inter­ven­tion, enle­vez toujours la tension entre le bout ou le filet et l’em­bar­ca­tion.
     

Équipage engagé

Semi-rigide
SNS 721

Patron : François Pereira 

Sauve­teurs plon­geurs de bord : Éric Richy, Laurent Thomas 

Équi­piers : Xavier Coste, Yann Lapointe
 

Vedette de deuxième classe
SNS 275 La Barcarésienne

Patron : Vincent Leroy 

Radio : Jean-Pierre Ory 

Équi­piers : Bruno Bind­ler, Patrick Moro, Thomas Soares 

Sauve­teurs plon­geurs de bord : Cédric Doreau, Simon Robert­son

Article rédigé par Alain Mila, publié dans le maga­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­zine Sauve­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­tage n°168