« Ce type de sinistre est rare au mouillage au port », commente Christophe Monnereau, président de la station SNSM des Sables d’Olonne. On aurait pensé que quelques pompiers en viendraient vite à bout. D’autant qu’un chalutier de cette taille (24,95 mètres) est censé disposer d’un circuit anti-incendie au gaz. Commandés par le lieutenant-colonel Lefèvre, appuyés par cinquante-huit engins venus des centres de secours de Vendée, Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire, cent vingt-quatre soldats du feu ont bataillé de 18 h 30 le 28 décembre 2021 jusqu’au lendemain midi. Premier objectif : empêcher le feu de se propager à d’autres bateaux, au port, à la ville. Avec un vent du nord de force 4, la menace existe. Second objectif : venir à bout des flammes. Elles rongent la peinture du chalutier et se nourrissent de toutes ses graisses. Troisième objectif : prévenir un risque majeur de pollution. Les soutes du navire retiennent quarante tonnes de fuel. Avec la montée en température de la coque, il peut entrer en combustion, ou, pire encore, la coque céder, les hydrocarbures pouvant se répandre et polluer le bassin. Les pompiers doivent en même temps éteindre le feu avec de la neige carbonique, refroidir la coque en acier avec de l’eau et la ceinturer d’un barrage flottant. Pour cela, il faut déplacer le chalutier : amarré au pied des silos, il est difficile d’accès. Les hommes de la société Atlantique Scaphandre s’y emploient. Depuis la grande échelle, les pompiers s’attaquent aux flammes qui bondissent vers le ciel par les hublots explosés du chalutier Les Barges.
Une belle coordination avec les pompiers
Dans la nuit, le fracas d’une énorme déflagration résonne dans toute la ville. « C’est l’explosion d’une bonbonne d’oxygène restée dans le bateau », expliquent les pompiers. L’un d’eux est légèrement blessé. Il est 22 heures passées. Le flux est là qui permet d’ouvrir l’écluse du bassin afin que le SNS 002 vienne en renfort des pompiers sur le bord qu’ils ne peuvent atteindre, celui face au bassin.
« Pompier professionnel à La Roche-sur-Yon, explique Christophe, j’ai très tôt offert notre assistance, tant aux collègues sablais qu’au CROSS Étel. Notre canot est équipé de deux lances. La coordination avec les pompiers était simple. Eux d’un côté, à terre, nous de l’autre. » Quand l’équipage SNSM a embarqué, il ne savait pas que l’intervention durerait plus de seize heures. Maîtrisé vers 6 heures le lendemain, le feu ne sera déclaré éteint que vers midi. Pour l’armateur et le patron du chalutier commencent expertises et contre-expertises : causes du sinistre, état du bateau, fiabilité de sa coque, coût des travaux de restauration ou déconstruction… En attendant les réponses, six familles de marins sont privées de leur gagne-pain. Le chalutier entame une longue quarantaine.
Nos sauveteurs sont formés et entraînés pour effectuer ce type d’intervention. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !
Article rédigé par Patrick Moreau et Bernard Thomas, diffusé dans le magazine Sauvetage n°159 (1er trimestre 2022)
Équipage engagé
Canot tous temps SNS 002 Canotier Jacques Joly
Président : Christophe Monnereau
Patron : Romain Picaud
Patrons suppléants : Antonio Baud, Jérôme Monnereau
Mécanicien : Thierry Giboteau
Équipiers : François Berger, Patrick Berteaux, David Bouyer, Reuben Chaigneau, Franck Tratieux