Températures qui montent, premiers barbecues et enfants en vacances. Pas de doute, l’été est là. Il est attendu depuis des mois par les nageurs sauveteurs – ou NS – Elsa, Jules et Jean-Philippe.
Surnommé Jean-Fi, l’imposant Lyonnais s’apprête à retrouver la baie d’Audierne, dans le Finistère, pour le vingt-deuxième été consécutif. À l’autre bout du pays, Jules, crâne rasé, se prépare à rallier la plage de Cargèse, en Corse-du-Sud. Enfin, la souriante Elsa trépigne d’impatience à l’idée de rejoindre La Rochelle pour vivre ses premières journées de sauveteuse et découvrir les différents aspects d’une saison. ∙
Des sauvetages, évidemment
Oui, les sauveteurs sauvent. Il faut être efficace dans ces moments imprévisibles. Elsa en a fait l’expérience lorsqu’elle a été appelée pour sa première intervention : une personne inconsciente dans un restaurant, à quelques pas de son poste de secours. Le doute a envahi l’Orléanaise tandis qu’elle se rendait sur place. « J’avais peur d’oublier des choses ou de mal faire, reconnaît la jeune femme de 21 ans. Finalement, tout s’est bien passé et j’ai réalisé que j’avais été bien formée. » Cette toute nouvelle expérience pour Elsa lui a permis de vaincre son appréhension et de prendre confiance. « Je sais que je suis capable de bien faire les choses, confie-t-elle. C’est rassurant pour les prochaines fois. »
Les NS sont habitués aux sauvetages inattendus. Jules a, par exemple, dû intervenir alors que sa journée de travail n’avait même pas débuté. « Nous sommes arrivés au poste en avance, en sachant qu’il y aurait de très grosses vagues, retrace le Nantais. On a vu un père et son fils en difficulté dans le courant et on s’est jetés à l’eau sans réfléchir. » Encore en civil, Jules et son équipe ont fait preuve de réactivité pour éviter que la situation ne dégénère davantage. « On doit être en alerte tout le temps car il y a un courant qui emmène au large, explique le jeune homme de 21 ans. C’est impossible de s’en sortir sans palmes. »
Mieux vaut prévenir que guérir
Les nageurs sauveteurs font aussi beaucoup de prévention. En tant que chef de secteur, Jean-Philippe peut être sollicité à tout moment par les sauveteurs pour un coup de main. « Passer de trois à quatre sauveteurs permet de faire de la prévention plus facilement, tout en restant vigilants en surveillance », explique le grand homme chauve. Une fois sur le sable, il n’hésite pas à traverser la plage en courant pour rappeler aux estivants de se baigner dans la zone surveillée. « Je suis souvent appelé à la baie des Trépassés car elle est très fréquentée et les courants sont très dangereux », poursuit-il.
Elsa découvre l’importance de bien conseiller un public essentiellement composé de vacanciers. « Ils ne sont là que pour quelques jours et ne connaissent pas la plage, analyse la jeune femme à frange. Il faut constamment expliquer les risques pour éviter de voir des personnes se mettre en danger. » La pêche à pied est très pratiquée sur la plage dont elle a la charge. Afin que les pêcheurs ne restent pas piégés par les eaux montantes, elle va à leur rencontre, en complément des informations sur les horaires des marées figurant sur les panneaux dédiés. La jeune femme n’a réalisé aucun sauvetage de pêcheur isolé cet été. Une prévention efficace.
De l’entraînement, encore et toujours
Ils se préparent toute l’année, mais n’arrêtent jamais de s’entraîner. Même en saison, les nageurs sauveteurs continuent les exercices. À Cargèse, Jules et son équipe font « beaucoup de sport, qu’il s’agisse de nage en mer, trails ou randonnées, confie le jeune homme trapu. On a une vraie dynamique sportive entre collègues, on se motive. » Quand la mer se déchaîne, l’équipe en profite pour affronter les éléments. « On aime la mer et les vagues, mais on prend le temps de faire des sorties d’eau et de réviser nos techniques. »
En tant que chef de secteur, Jean- Philippe organise les entraînements. « Ces séances permettent de leur donner confiance en début de saison, ajoute le sauveteur chevronné. Ce sont les premiers moments de cohésion, ils sont essentiels pour que l’été se déroule bien. » Au programme, secourisme, sauvetage, mais pas seulement. Nage, vélo, renforcement musculaire… Aucune activité physique ne le rebute. « J’aime participer à des événements sportifs, confie le professeur de flûte traversière de 47 ans. Il y a une compétition amusante avec les plus jeunes. » Les sauveteurs se nourrissent de cette camaraderie pour se maintenir en forme, même pendant la saison.
L’esprit d’équipe
En saison, Elsa retrouve l’esprit convivial qu’elle a aimé pendant son année de formation. Elle a côtoyé une douzaine de sauveteurs venus de toute la France. En dehors des horaires de surveillance, ils partagent de nombreuses activités. « Nous avons fait le tour de Fort Boyard en bateau et effectué la visite d’un hélicoptère de la Marine nationale, se réjouit la jeune femme. Nous nous sommes aussi entraînés avec le pôle espoir du club de rugby local. »
À Audierne, Jean-Fi met un point d’honneur à souder le groupe, dès le premier soir. « Depuis 2013, nous faisons le tour du Goyen (Ndlr : fleuve dans le port d’Audierne) en course à pied, décrit le musicien. Tous les NS peuvent se mesurer pour voir qui réalise le meilleur temps. » Jean-Fi a été éjecté du top 10 par Noé, nouveau recordman, qui a couvert les 12 kilomètres en quarante-huit minutes.
Ces activités sont aussi l’occasion de parcourir la région. « En plus de l’aspect convivial, je fais en sorte que ce soit bucolique pour découvrir le patrimoine exceptionnel qui nous entoure », précise le Lyonnais. Jean-Fi est toujours remercié chaleureusement en fin de saison. « Je ne fais pas ça pour les cadeaux, mais cela fait chaud au coeur, reconnaît-il avec retenue. J’ai reçu une carte avec un mot de chacun, elle sera rangée précieusement avec les autres. » Pour les nageurs sauveteurs, l’été est la récompense de huit mois d’efforts dans leurs centres de formation et d’intervention. Ils appréhendent de nouvelles plages et de nouveaux environnements, et rencontrent leurs homologues de toute la France. Il est souvent très difficile de quitter tous ses nouveaux amis à la fin du mois d’août. Mais pour Jules, Elsa et Jean-Philippe, il est temps de rentrer. Pour retrouver leurs copains du centre de formation et d’intervention. Et commencer à préparer l’été prochain.