Le temps est agréable ce mardi 18 août 2020. La mer est juste troublée par une légère brise. Vincent Roger, Parisien en vacances dans la région de Trouville, décide d’aller faire une promenade en bord de mer, en compagnie de sa mère. Les deux touristes partent vers 17 heures.
J’avais fait un rapide calcul de marées en me disant que je ferais demi-tour sans souci.
La maman de Vincent, au bout de quelques minutes de marche, décide de rentrer se reposer. « J’ai poursuivi tranquillement mon chemin, pieds nus. À l’heure dite, j’ai fait demi-tour, mais j’ai vite compris que la mer remontait plus vite que je ne l’imaginais. Comme le bord de mer est constitué de petites falaises, je n’ai pas pu prendre pied sur la terre ferme et j’ai décidé d’insister en espérant aller plus vite que le flot. » Une erreur qui aurait pu lui coûter très cher !
Dans la vie, Vincent, 40 ans, est game designer, c’est dire si les dernières technologies n’ont aucun secret pour lui. Mais ce jour-là, il n’avait pas de téléphone portable et donc aucun moyen d’appeler les secours. Heureusement, il se trouve à proximité d’un blockhaus, et il prend la sage décision de se réfugier en hauteur, en attendant que la mer redescende.
La nuit venue, la mère de Vincent commence à s’inquiéter. Elle reste confiante, pensant que son fils flâne. Mais, vers 23 heures, n’y tenant plus, elle appelle la gendarmerie, qui prévient le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Jobourg. L’alerte est aussitôt donnée.
Sauvé grâce au « moderato »
Xavier Lamy, le secrétaire de la station, se trouve au local SNSM au moment de l’appel. Pendant que le semi-rigide
Président Jean-Claude Brize – avec à son bord Emmanuel Guilet et Nell Beaurain – prend la mer ; et que l’hélicoptère Dragon 76 – basé au Havre – décolle, Xavier Lamy, pêcheur amateur à ses heures, et connaissant parfaitement la zone, demande l’autorisation au CROSS d’être « moderato ». Son rôle : guider les recherches depuis la côte.
À l’approche de Villerville, les sauveteurs se rejoignent et poursuivent leurs recherches ensemble. Pendant ce temps, Vincent, en sécurité sur son blockhaus, ne s’affole pas. « J’ai vu le faisceau de lumière de l’hélicoptère qui tournait dans le ciel et des embarcations qui scrutaient la côte avec des lampes, et je me suis dit : « tiens, ils recherchent sûrement quelqu’un ». » Ce quelqu’un, Xavier Lamy l’entrevoit furtivement grâce aux deux lampes frontales sur son casque.
J’ai aperçu une tête dans le faisceau lumineux. Heureusement que j’étais à pied, car l’endroit où Vincent s’était réfugié était quasiment invisible de la mer.
Vincent fut tout étonné de la joie des sauveteurs de l’avoir retrouvé en bonne santé. « Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas. La semaine précédente, c’est un enfant de cinq ans que nous n’avons pas pu sauver », ajoute sobrement Xavier. Tout est bien qui finit bien ! Et sauveteurs et sauvé sont devenus les meilleurs amis du monde.
Pour Xavier, le promeneur n’a pas forcément commis d’imprudence, « mais comme souvent, c’est une accumulation de petites circonstances qui s’enchaînent et on arrive au drame. Heureusement, pas pour Vincent ».
Nos sauveteurs sont entraînés et équipés pour effectuer ce type de sauvetage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !
Article rédigé par Jacky Lebuhotel dans le magazine Sauvetage n°154 (4ème trimestre 2020)
Les conseils des Sauveteurs en Mer pour les promenades sur l’estran
- Ne pas partir seul;
- Prévenir ses proches, amis ou famille;
- Avoir un moyen d’appel (portable);
- Vérifier les horaires des marées : dans la Manche, le marnage est important;
- En cas de problème, composer le 196 sur le portable, et non le 18 ou le 15. Le 196 vous met directement en contact avec le Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage en mer (CROSS), qui fédère tous les secours en un temps record.
Équipage engagé
SNS 659 Président Jean-Claude Brize
Patron : Emmanuel Guilet
Équipier : Nell Beaurain
Moderato : Xavier Lamy