La Normandie déconfinée, le soleil a heureusement continué à donner généreusement après le 11 mai 2020 et, faute d’écoles réouvertes, les familles ont vite retrouvé le chemin des plaisirs temporairement défendus sur les magnifiques sables de plage de la côte ouest du Cotentin, face à l’île de Jersey.
À Saint-Germain-sur-Ay, près de Lessay, le soleil est bien présent le jeudi 28 mai 2020. La mer étant calme d’apparence, la tentation est grande d’aller se promener sur l’eau en paddle… mais la famille venue pique-niquer sur la plage ne perçoit pas la sourde menace que constitue le vent de terre. La plus jeune fille, âgée de 10 ans, veut à son tour essayer fièrement de pagayer debout et se lance dans l’aventure, en maillot de bain, sans combinaison ni brassière, avec pour seul équipement ses lunettes de nage polarisantes. Le vent d’Est souffle de façon constante à 10 nœuds, environ 18 km/h, et « ce qui devait arriver arriva » : le paddle avec sa passagère sans grande force musculaire se met petit à petit à dériver vers le large. Depuis le rivage, la maman appelle la jeune navigatrice, tente de la rassurer et assiste impuissante à la dérive de sa fille.
À 12 h 40, le paddle est déjà à 400 mètres de la côte et la famille appelle le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Jobourg qui perçoit immédiatement le danger, du fait de sa longue expérience d’assistance aux véliplanchistes, piégés de la même façon par ce vent de terre sournois. Les sauveteurs de la station SNSM de Saint-Germain-sur-Ay et leur vedette Père Lefort sont alors dépêchés vers la jeune fille, tout comme l’hélicoptère Caïman de la Marine Nationale stationné à Maupertus-sur-Mer près de Cherbourg, les canots semi-rigides de la station SNSM de Pirou et celui des sapeurs-pompiers de Coutances. Dix minutes après son activation par le CROSS, la vedette de 9 mètres SNS 462 Père Lefort de la station de Saint-Germain-sur-Ay est à l’eau avec cinq sauveteurs, emmenés par Stéphane, le patron de la station. Il faut faire vite, car la fillette a glissé et est tombée du paddle.
Alors que la vedette fait cap vers ce dernier, le barreur voit son regard attiré par un petit éclat de lumière : c’est le reflet du soleil dans les lunettes de la jeune naufragée qui nage vaillamment à la dérive, à 150 mètres de son paddle. Guillaume, le nageur de bord du canot se met aussitôt à l’eau et rejoint la jeune naufragée avant de la hisser à bord du canot. Le premier bilan fait par les secouristes du bord est rassurant : plus de peur que de mal !
Ramenée sur le rivage par l’hélicoptère, la fillette et sa maman choquée seront pris en charge par les pompiers pour un bilan de santé. Une issue dramatique évitée grâce à la réactivité des sauveteurs manchois, mais qui aurait également pu l’être si la jeune fille avait été équipée du bracelet de géolocalisation et d’alerte, DIAL. Sans compter la combinaison néoprène et le gilet de sauvetage qui peuvent vous sauver la vie.
Nos sauveteurs sont entraînés et équipés pour effectuer ce type de sauvetage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !
Article rédigé par Étienne Devailly paru dans le magazine Sauvetage n°153 (3ème trimestre 2020).
Équipages engagés
SNS 462 Père Lefort
Patron : Stéphane Aucreterre
Radio-Navigateur : Thierry Malo
Secouriste : Vincent Vanderpotte
Nageur de bord : Guillaume Tahot
Équipier : Sixte Mengeot
Tractoriste : Christophe Gilles
SNS 5003 Neptune I
Patron : Jean-François Rapilly
Radio : Philippe Anagnostides
Treuilliste : Franck Leneveu
Nageur de bord : Damien Léonard
Équipier : Guillaume Tournaille