Tout savoir sur le mouillage de son bateau

Que l’on doive s’ar­rê­ter dans un port, dans une crique ou lorsque voiles et moteur ne sont plus opéra­tion­nels, il est impé­ra­tif de maîtri­ser la tech­nique du mouillage. Voici les conseils et infor­ma­tions de la SNSM pour y parve­nir en toute sécu­rité.

Bateaux au mouillage en Corse
Bateaux au mouillage en Corse © SNSM

Défi­ni­tion du mouillage

Le mouillage consiste à immo­bi­li­ser un bateau en mer ou dans les ports de plai­sance, en le fixant à un empla­ce­ment spéci­fique, grâce à une ancre, une chaîne ou un cordage. Le terme « mouillage » défi­nit à la fois l’ac­tion, le lieu et le maté­riel utilisé pour stabi­li­ser l’em­bar­ca­tion.

En fonc­tion du dispo­si­tif choisi, le mouillage peut indiquer un ancrage, un amar­rage ou encore un station­ne­ment. C’est une manœuvre indis­pen­sable en navi­ga­tion, car elle peut s’ef­fec­tuer dans diverses situa­tions : lorsque l’on doit mouiller au port (le long du quai, à la cale, sur une place de port ou au niveau d’un ponton), ou si l’on veut profi­ter d’une escale dans une crique pour se baigner, station­ner pour pêcher, ou encore pour éviter une tempête ou un courant fort, par exemple. 

Qu’est-ce qu’une zone de mouillage ?

Une zone de mouillage est un espace dans lequel un navire peut être ancré ou amarré. En tant que plai­san­cier, vous avez deux possi­bi­li­tés :

  • Le mouillage au port : il s’agit d’un mouillage fixe, réalisé à l’aide des systèmes four­nis par le domaine public mari­time (chaîne, bouée d’amar­rage, taquet, anneau, bitte d’amar­rage, etc.) ;
  • Le mouillage en dehors des ports : il s’agit géné­ra­le­ment d’un mouillage forain, réalisé avec le maté­riel d’amar­rage de votre bateau. Il peut être indi­vi­duel (« sauvage »), ou collec­tif et orga­nisé.

Une ZMEL (zone de mouillage et d’équi­pe­ments légers) est une zone de station­ne­ment auto­ri­sée pour les bateaux de plai­sance, en dehors des places dans les ports. Le déve­lop­pe­ment de ces zones aména­gées fait suite à l’aug­men­ta­tion du nombre de plai­san­ciers en France. L’objec­tif de ce type de mouillage est qu’il permet d’évi­ter les problèmes de sécu­rité, d’in­sa­lu­brité et de destruc­tion de l’en­vi­ron­ne­ment que peuvent causer les mouillages sauvages. En effet, en plus de racler les fonds marins en détrui­sant ainsi la faune et la flore, les mouillages anar­chiques sont souvent la cause de pollu­tion marine, notam­ment en raison de l’aban­don des systèmes d’amar­rage sur place. La ZMEL a donc pour but de parti­ci­per au déve­lop­pe­ment durable des zones côtières, en asso­ciant la protec­tion de l’en­vi­ron­ne­ment aux inté­rêts des plai­san­ciers. 

Comment choi­sir la zone de mouillage ? 

Un bon mouillage est une affaire d’an­ti­ci­pa­tion. Vous devez :

  • Choi­sir le bon empla­ce­ment,
  • Déter­mi­ner le bon type de mouillage à effec­tuer,
  • Utili­ser le maté­riel adéquat,
  • Respec­ter les autres usagers et la régle­men­ta­tion,
  • Assu­rer la sécu­rité de l’équi­page et de votre bateau.

Pour choi­sir votre zone de mouillage :

  • Véri­fiez la compo­si­tion sous-marine de la zone où vous souhai­tez jeter l’ancre : la nature du fond marin doit permettre une bonne tenue de l’ancre et de main­te­nir le bateau ;
  • Contrô­lez la marée et le courant : la ligne de mouillage doit être adap­tée à la hauteur d’eau ;
  • Choi­sis­sez une zone de mouillage à l’abri du vent ;
  • Assu­rez-vous de la sécu­rité et de la dispo­ni­bi­lité de la zone avant de mouiller l’ancre.

Les diffé­rents types de mouillage et la régle­men­ta­tion en vigueur

Quel que soit le type de mouillage (forain ou fixe, indi­vi­duel ou orga­nisé), vous devez faire une demande d’au­to­ri­sa­tion d’oc­cu­pa­tion tempo­raire (AOT). Elle doit être adres­sée à la Direc­tion dépar­te­men­tale des terri­toires et de la mer (DDTM) en France métro­po­li­taine, ou bien à la Direc­tion de la mer (DM) dans les Outre-mer.

Concer­nant les tech­niques de mouillage, on retrouve le mouillage simple (une seule ancre) et d’autres types de mouillage qui demandent l’uti­li­sa­tion de deux ancres. Le mouillage de plusieurs ancres s’avère utile en cas de forts vents et peut permettre de dimi­nuer le rayon d’évi­tage. Ces autres types de mouillage sont plus compliqués à mettre en œuvre. Il est ainsi recom­mandé de s’en­traî­ner par temps calme pour bien les maîtri­ser.

Suivez les conseils des Sauve­teurs en Mer et de leur parte­naire Ocean Skills sur le mouillage ⚓

Le mouillage simple

Comme son nom l’in­dique, la manœuvre de mouillage simple est la plus facile à effec­tuer. Il ne faut qu’une seule ancre pour ce type de mouillage. Voici les prin­ci­pales étapes : 

  • Choi­sis­sez de préfé­rence une crique abri­tée des vents domi­nants, permet­tant un appa­reillage facile en cas de sautes de vents, avec peu de courants et une faible profon­deur ;
  • Portez des gants et des bottes pour éviter de vous bles­ser aux mains ou aux pieds ;
  • Arri­vez douce­ment, face au vent ou au courant ;
  • Dépas­sez le point choisi de la longueur de chaîne voulue ;
  • Cassez l’erre (vitesse rési­duelle une fois que vous avez arrêté la propul­sion) ;
  • Évaluez l’évi­tage de votre bateau ;
  • Mouillez en vous aidant éven­tuel­le­ment de la marche arrière ;
  • Filez la chaîne (envi­ron trois à quatre fois la profon­deur) ;
  • Étalez dès la longueur de chaîne voulue ;
  • Véri­fiez que le bateau ne chasse pas ;
  • Au mouillage, vous devez porter les marques : de jour, une boule noire, et de nuit, les feux obli­ga­toires et un feu blanc visible à 360°.

L’af­four­chage

Les ancres sont ici mouillées à plus de 90° l’une de l’autre, sur l’avant de l’em­bar­ca­tion, ce qui permet de réduire son rayon d’évi­tage. Atten­tion, il est décon­seillé en cas de mauvais temps.

mouillage-affourche-conseil-snsm
mouillage-embosse-conseil-snsm

L’em­bos­sage

Il faut pour cela mouiller une ancre par l’avant – éven­tuel­le­ment à terre – et une ancre par l’ar­rière. Ce mouillage permet de suppri­mer l’évi­tage. Cette tech­nique est à privi­lé­gier lorsque l’on est très près des côtes ou qu’elles sont trop encom­brées.

L’em­pen­ne­lage

Il s’agit ici de rapper sur l’ancre prin­ci­pale une deuxième ligne de mouillage de longueur supé­rieure à la profon­deur. Vous pour­rez ainsi remon­ter la première ancre alors que l’autre est au fond. Elle est à utili­ser par mauvais temps, la deuxième ligne de mouillage permet­tant de mieux résis­ter aux vents forts.

mouillage-empennele-conseil-snsm
mouillage-en-barbe-conseil-snsm

En barbe

Cette tech­nique est de moins en moins utili­sée. Elle offre l’avan­tage de travailler sur deux ancres en même temps. Il vous faudra pour cela mouiller la première ancre, recu­ler sur une ving­taine de mètres, mouiller la seconde et filer la longueur dési­rée. Atten­tion ici à ne pas emmê­ler vos deux lignes.

Sur un coffre

De plus en plus de zones côtières favo­risent le mouillage sur coffre, qui est plus respec­tueux des fonds marins que l’an­crage. Le coffre – ou bouée de mouillage – est un bloc de béton (corps mort) déposé au fond de l’eau. Une chaîne relie le coffre à une bouée en surface. Le bateau est amarré en faisant un nœud de cordage à l’an­neau d’amar­rage sur la bouée.

Les bonnes pratiques du mouillage

Avant de commen­cer un mouillage, il est impor­tant de respec­ter quelques règles et de bien se prépa­rer. Pensez à régu­liè­re­ment vous entraî­ner sur les diffé­rentes manœuvres même si vous avez votre permis bateau.

Bien prépa­rer son maté­riel pour le mouillage

Avant de partir en mer, véri­fiez systé­ma­tique­ment que vous dispo­sez de tout le maté­riel néces­saire au mouillage de votre bateau. Vous pouvez consul­ter ce mémo sur l’équi­pe­ment obli­ga­toire sur un bateau de plai­sance.

Choi­sir la bonne ancre pour le mouillage

Pour choi­sir votre ancre marine, plusieurs facteurs sont à prendre en compte : le poids et la longueur du bateau, votre zone de mouillage, les fonds marins que vous allez rencon­trer. Il existe diffé­rents types d’ancres : 

  • L’ancre grap­pin : elle existe en poids léger pour les embar­ca­tions de petite taille. Elle s’ac­croche mieux dans les rochers et les fonds herbeux que dans le sable ;
  • L’ancre plate : elle convient très bien aux fonds marins sablon­neux. Cepen­dant, il est conseillé de lais­ser une bonne longueur de chaîne lors du mouillage, car elle peut avoir tendance à décro­cher ;
  • L’ancre char­rue (ou ancre delta) : sa forme offre une haute résis­tance d’an­crage et la rend plus fiable que l’ancre grap­pin et l’ancre plate. Elle s’ancre profon­dé­ment dans le sable et la vase. Elle s’agrippe effi­ca­ce­ment sur les fonds rocheux et les algues. 

Vous pouvez trou­ver toutes les infor­ma­tions pratiques sur le permis bateau sur le site permis-hautu­rier.info

Toute l’an­née, les Sauve­teurs en Mer se forment et s’en­traînent pour pouvoir vous secou­rir en cas de besoin. Ces inter­ven­tions de sauve­tage néces­sitent des moyens finan­ciers consé­quents : entre­tien et renou­vel­le­ment du maté­riel, des embar­ca­tions, des équi­pe­ments… C’est pourquoi la SNSM a besoin de vous. Aidez les Sauve­teurs en Mer à mener à bien leurs missions, faites un don à l’as­so­cia­tion !