Pompier, fils de pompier. Le feu, Geoffrey Joyeau connaît. Pourtant, quand ce bénévole du centre de formation et d’intervention (CFI) SNSM de Gironde a été envoyé sur l’incendie de La Teste-de-Buch en juillet 2022, l’ampleur de la catastrophe l’a impressionné. Des milliers de personnes évacuées, plus de 7 000 hectares de forêt autour de la dune du Pilat ravagés. Il se souvient encore du bruit des « pins qui explosaient sous la chaleur, à une centaine de mètres. C’était la première fois que j’intervenais sur un feu de cette envergure et de cette intensité », confie l’homme de 33 ans.
L’incendie est déclaré depuis seulement quarante-huit heures lorsque le caporal Joyeau est envoyé en renfort depuis sa caserne de Bruges, dans la banlieue de Bordeaux. Le combat promet d’être acharné. Pourtant, dans le fourgon qui l’emmène avec ses collègues vers la piste forestière où ils doivent prendre leur poste, l’ambiance est détendue. « Le feu est notre corps de métier, rappelle celui qui a rejoint les sapeurs-pompiers professionnels en 2013. On peut avoir peur, mais il y a aussi de l’adrénaline, car ces interventions sont très intéressantes, même si les conséquences sont désolantes. »
Quelques minutes avant d’arriver, tandis que les flammes approchent, l’atmosphère change. Plus un bruit dans le véhicule. « On était tous hyper-concentrés, à penser aux choses que l’on aurait à faire, se souvient Geoffrey. C’est exactement comme lorsque l’on est en poste de secours : on peut rigoler avec ses amis, mais quand on est sur le mirador, toute notre attention se porte sur la surveillance de la plage. » À peine les pompiers ont-ils le temps de descendre de leur fourgon qu’ils font face à un « mur de flammes ». « On a senti le vent et entendu les crépitements, poursuit le soldat du feu. On s’est équipés rapidement et on est entrés dans le vif du sujet. »
« Ils s’occupaient de nous, même au milieu de la nuit »
Douze heures d’efforts plus tard, Geoffrey Joyeau et ses coéquipiers sont parvenus à remplir leur mission : empêcher le feu de les contourner et de s’étendre vers les habitations du Pyla-sur-Mer. Harassés, ils se dirigent vers l’un des points de ravitaillement mis en place par des habitants de la région. Les quelque mille deux cents pompiers intervenus pour maîtriser l’incendie pouvaient s’y reposer en mangeant un morceau. « La solidarité des gens a été impressionnante, souligne le secouriste. Ils s’occupaient de nous, même au milieu de la nuit. C’est rare, mais c’est beau à voir. »
Cet élan de fraternité a « beaucoup touché » Geoffrey, devenu bénévole à la SNSM en 2006 « pour contribuer à la société ». D’abord nageur sauveteur, puis sauveteur héliporté avant de se consacrer à la formation au sein du CFI de Gironde, il est très attaché à l’esprit d’équipe. Surtout si cela permet de sauver des vies. « Le plus émouvant, c’est quand les gens nous remercient, glisse le trentenaire. Ces moments peuvent vous faire pleurer. »
Article rédigé par la rédaction, diffusé dans le magazine Sauvetage n°161 (3ème trimestre 2022)