Les précieux donateurs qui soutiennent les Sauveteurs en Mer ont-ils conscience qu’il s’agit d’un bénévolat d’exception, avec de grandes particularités ?
Dans le milieu associatif, il est courant de distinguer le temps du bénévolat de celui consacré à sa famille, à ses études ou à ses activités professionnelles. Ce temps altruiste et financièrement désintéressé doit se planifier selon un équilibre réfléchi. Un choix s’impose ! Parfois, cela se révèle délicat pour le Sauveteur en Mer, appelé à intervenir à tout moment, au même titre que les pompiers, les gendarmes et les policiers. Cependant, ces derniers bénéficient d’un statut. Dans le monde du bénévolat, cela n’existe pas. Au demeurant, il serait d’ailleurs bien complexe à créer, en raison de l’énorme variété des engagements bénévoles associatifs.
L’engagement bénévole à la SNSM se traduit par la signature d’une charte d’engagement réciproque entre l’association et le bénévole. Ce document souligne les valeurs fondamentales auxquelles souscrivent les Sauveteurs en Mer. Il précise d’abord en quoi l’association s’engage envers le bénévole, puis ce à quoi s’engage celui-ci à l’égard de l’association. Cet ordre de priorité a été voulu par les concepteurs de cette charte pour signifier clairement que, face à cet engagement désintéressé, défini par la loi de 1901 sur le bénévolat, l’association a tout d’abord des devoirs envers ses bénévoles, dont celui de les préparer à la mission qui leur est proposée par une formation initiale, des formations plus spécialisées, enfin, et surtout, par l’organisation d’entraînements collectifs et réguliers qu’ils doivent suivre.
Même s’il n’existe pas de contrat de travail, la charte d’engagement bénévole à la SNSM constitue un engagement moral très fort, associé à des responsabilités et une hiérarchie à respecter. Sur un navire de sauvetage, le patron est pleinement responsable. Les responsabilités sont donc emboîtées et parfaitement établies. C’est tout l’esprit d’équipage.
Un engagement bénévole dans une association est-il durable ?
À la SNSM, il existe un âge limite pour être sauveteur opérationnel ; au-delà, d’autres fonctions de responsabilité sont envisageables. La durée d’engagement à la SNSM s’étale actuellement autour d’une moyenne de cinq à six ans. Ces engagements sont à durée limitée, ajustable d’abord par une « période d’essai », puis par l’exercice d’une mission dont la durée est définie, reconductible au besoin.
Comme dans toute grande association, il importe de songer au renouvellement régulier des cadres responsables bénévoles, toute la dynamique associative en dépendant. Comment leur donner l’envie de s’engager eux aussi, sans les effrayer, afin d’accepter de hautes responsabilités, voire accéder un jour à la gouvernance de l’association ?
Tel est l’enjeu auquel beaucoup d’associations françaises sont aujourd’hui confrontées, comme vous pouvez le lire dans notre dossier sur l’avenir du bénévolat à la SNSM. L’idée d’un engagement à durée limitée, sur une mission attractive et reconductible, sans oublier de savoir leur apporter de la reconnaissance et de les honorer de manière appropriée, constituent déjà des éléments de réponse.
Texte d’Antoine Leroy, Délégué pour la vie associative de la SNSM, publié dans le magazine Sauvetage n°167 (1e trimestre 2024)