Dossier : quel avenir pour le modèle bénévole ?

La société change, le béné­vo­lat aussi. Certaines asso­cia­tions s’inquiètent car elles ont des diffi­cul­tés à trou­ver de nouveaux membres prêts à s’in­ves­tir dans leurs acti­vi­tés. Qu’en est-il chez les Sauve­teurs en Mer ?

Des bénévoles Sauveteurs en Mer en tenue orange discutent devant un phare.
Des bénévoles Sauveteurs en Mer discutent devant un phare. © Pierre Mouty

Sans béné­voles, les canots de sauve­tage reste­raient à quai en France. C’est aussi simple que cela. « Le béné­vo­lat, c’est l’ADN de la SNSM et du sauve­tage en mer, toute son histoire  », souligne son président dans une inter­view publiée sur notre site inter­net. Plus de 9 000 béné­voles, dont 5 100 sauve­teurs embarqués, qui doivent assu­rer la dispo­ni­bi­lité de leur navire de sauve­tage, grand ou petit, 365 jours par an, 24 heures sur 24. Un béné­vo­lat « quasi profes­sion­nel », qui comporte un niveau d’as­treinte et d’im­pré­vi­si­bi­lité assez excep­tion­nel.

En plus, le sauve­tage a besoin des « équi­pages à terre », dont la majeure partie des 900 forma­teurs, notam­ment ceux qui préparent les jeunes nageurs sauve­teurs des plages. Même les jour­na­listes de Sauve­tage, le maga­zine de la SNSM, sont en large partie des béné­voles. L’as­so­cia­tion valo­rise le travail effec­tué par les béné­voles à 51,5 M€ en 2022, soit 51 % des ressources de la SNSM, somme que l’on peut compa­rer à l’autre ressource vitale : les 35,7 M€ de dons et legs reçus d’un très grand nombre de parti­cu­liers et de certaines entre­prises.

Or, une popu­la­tion de béné­voles a besoin d’un renou­vel­le­ment perma­nent. Jacques Pithois, tréso­rier natio­nal béné­vole, estime par exemple que, dans les quelque 300 struc­tures locales, 40 tréso­riers doivent être rempla­cés chaque année. Aussi, dès que le moindre doute s’ex­prime sur la péren­nité du modèle béné­vole, des oreilles se dressent. Pour Emma­nuel de Oliveira, président de la SNSM et « premier des béné­voles », c’est un sujet d’at­ten­tion perma­nent.

Il arrive que le sujet vienne sur la table, par exemple à une récente réunion des délé­gués dépar­te­men­taux de l’or­ga­ni­sa­tion – béné­voles eux-mêmes –, dont l’im­por­tante fonc­tion est d’as­su­rer la liai­son entre le siège pari­sien et toutes les struc­tures de leur dépar­te­ment. Chez les sauve­teurs, on reste cepen­dant à un niveau d’alerte modéré. Jacques Pithois note « une modeste dégra­da­tion des voca­tions » et « la fragi­li­sa­tion de certains béné­vo­lats ciblés, notam­ment celui des forma­teurs ».

De manière géné­rale, la dégra­da­tion modé­rée des voca­tions et de la dispo­ni­bi­lité est prise en compte impli­ci­te­ment dans certaines déci­sions : avec l’aide des tech­no­lo­gies modernes, l’équi­page mini­mum pour appa­reiller avec les plus gros navires de sauve­tage a été ramené à cinq personnes.

Mais le pres­tige des Sauve­teurs en Mer et le renou­vel­le­ment des bateaux est équi­pe­ments, assure un renou­veau d’in­té­rêt régu­lier. Notam­ment dans les dépar­te­ments à forte tradi­tion mari­time. Encore plus si l’on va au contact des bonnes volon­tés poten­tielles. « Nous essayons d’être présents à tous les forums des asso­cia­tions », explique Didier Lebeau, président de la station de Saint-Quay-Portrieux (Côtes-d’Ar­mor). Il y a quelques années, son prédé­ces­seur avait été obligé d’or­ga­ni­ser, avec le soutien de la mairie, une campagne d’af­fi­chage pour réamor­cer la pompe du recru­te­ment. Elle souli­gnait que tout le monde peut deve­nir sauve­teur, pas seule­ment les marins profes­sion­nels.

Diffi­cile de trou­ver des respon­sables

Les inquié­tudes que l’on entend parfois chez les Sauve­teurs en Mer ressemblent assez à celles qui s’ex­priment ailleurs : beau­coup de béné­voles n’ont pas envie de s’en­ga­ger sur la durée et les asso­cia­tions ont du mal à en convaincre suffi­sam­ment de prendre des respon­sa­bi­li­tés. La société change, les béné­voles changent, les méthodes doivent-elles chan­ger ? La Croix-Rouge essaye d’at­ti­rer des candi­dats par des spots au cinéma. D’autres asso­cia­tions recrutent en ligne, comme la Croix-Rouge, comme le montre l’af­fiche de recru­te­ment ci-dessous :

Campagne Croix Rouge
En 2023, la Croix-Rouge française a lancé une campagne de recru­te­ment pour trou­ver de nouveaux secou­ristes béné­voles.

« Nous n’avons pas de problème pour trou­ver les indis­pen­sables bonnes volon­tés pour des maraudes du soir ou pour servir les repas au camion, explique Pascale Carle, char­gée de mission aux Restos du Cœur en Île-de-France. En revanche, quand il faut prendre des respon­sa­bi­li­tés dans la durée, les candi­dats se bous­culent moins. Et, en Île-de-France, plusieurs asso­cia­tions dépar­te­men­tales sont en admi­nis­tra­tion délé­guée par l’as­so­cia­tion natio­nale parce que personne ne veut être prési­dente ou président. » 

Marie-Sophie Desaulle, prési­dente de la Fédé­ra­tion des Etablis­se­ments Hospi­ta­liers et d’Aide à la Personne, évoque aussi des diffi­cul­tés à inté­grer des respon­sables. «  Nos asso­cia­tions adhé­rentes peuvent heureu­se­ment comp­ter sur des béné­voles à la base pour des coups de main essen­tiels dans les hôpi­taux, les Ehpad ou les struc­tures d’ac­cueil des personnes en situa­tion de handi­cap, indique-t-elle. En revanche, beau­coup d’as­so­cia­tions membres ont du mal à trou­ver des candi­dats pour renou­ve­ler leur conseil d’ad­mi­nis­tra­tion.  »  

Exemple de la diffi­culté à recru­ter des respon­sables à la SNSM : Frédé­ric Damlaim­court a récem­ment mis fin à son mandat de délé­gué dépar­te­men­tal du Finis­tère, dépar­te­ment où la SNSM compte le plus de stations. Il a pris cette déci­sion au bout de quatre ans et demi seule­ment – alors qu’il s’était engagé pour six ans – afin de s’as­su­rer d’avoir un succes­seur. Beau­coup de candi­dats poten­tiels s’inquié­taient du poids de la fonc­tion. Cepen­dant, Philippe Dutrieux était prêt à prendre le relais. Dispo­nible début 2024, il n’au­rait peut-être pas eu la patience d’at­tendre. « J’ai donc décidé d’an­ti­ci­per, explique Frédé­ric Damlaim­court. Je lui laisse un dépar­te­ment dans lequel nous avons déve­loppé la collé­gia­lité pour allé­ger, autant que faire se peut, la tâche. Je reste­rai moi-même disposé à donner des coups de main. »

« Parlons de parta­ger des respon­sa­bi­li­tés »

Binômes, collé­gia­lité sont les mots d’ordre un peu partout… « Parlons de parta­ger des respon­sa­bi­li­tés plutôt que de prendre des respon­sa­bi­li­tés  », suggère Hubert Péni­caud, réfé­rent natio­nal vie asso­cia­tive à France Béné­vo­lat. Quelques grandes asso­cia­tions ont poussé la réflexion un peu plus loin, explique-t-il. Puisque les jeunes ont l’air de vouloir  assu­rer le relais du béné­vo­lat, comment les amener à embras­ser aussi des respon­sa­bi­li­tés ? Réponse : « Il faut repé­rer tôt ceux qui pour­raient deve­nir des respon­sables et leur propo­ser des forma­tions. Celles-ci sont inter-asso­cia­tives, ce qui permet aux parti­ci­pants d’échan­ger, de compa­rer et de prendre du recul sur leur propre asso­cia­tion. Les résul­tats commencent à se voir aux conseils d’ad­mi­nis­tra­tion de la Croix-Rouge ou de France Handi­cap, par exemple.  » Les Sauve­teurs en Mer aussi réflé­chissent, depuis un certain temps, à une forma­tion des respon­sables.

En Île-de-France, les Restos du Cœur ont du mal à renou­ve­ler leurs cadres béné­voles. © Eric Patin


L’al­chi­mie du béné­vo­lat

Trou­ver et fidé­li­ser des béné­voles, c’est toute une alchi­mie. « Qu’est-ce qui fait que, dans un même bassin de vie et d’em­ploi, une station a plus de mal à renou­ve­ler ses troupes que l’autre ?  », s’in­ter­roge Jean-Marie Choisy, délé­gué dépar­te­men­tal de la Manche. Chacune a son histoire, sa culture, son ambiance.

Une fois recru­tés et formés, encore faut-il que les sauve­teurs soient suffi­sam­ment dispo­nibles pour que les moyens puissent sortir. Forma­tions, entraî­ne­ments… Le sauve­tage en mer est très exigeant en temps et, parfois, la lassi­tude peut s’ins­tal­ler. Les retrai­tés, précieux aux heures où les autres travaillent, ont aussi leurs obli­ga­tions, surtout quand ils aident leurs parents, leurs enfants ou leurs petits-enfants… voire tout le monde à la fois ! Ne pas être capable de répondre à un appel des centres régio­naux opéra­tion­nels de surveillance et de sauve­tage (CROSS) est un échec pour une station. Le patron de station ou le président battent le rappel si néces­saire, mais le risque existe même si ces situa­tions restent extrê­me­ment rares.

« Il faut être très clair au départ, sur les motivations et les contraintes, ne pas hésiter à prévoir des sortes de période d’essai »
Antoine Leroy
Délégué à la vie associative et à la condition des bénévoles auprès du président de la SNSM

Parfois, les employeurs peuvent aider. À La Hague, la prin­ci­pale usine de recy­clage du combus­tible nucléaire usé de la société Orano se trouve près d’une mer dange­reuse et donc de plusieurs stations de sauve­tage. Plus d’une dizaine de ses sala­riés sont sauve­teurs. L’en­tre­prise a signé, en octobre dernier, une conven­tion qui leur donne cinq jours rému­né­rés par an pour pouvoir s’ab­sen­ter en cas d’alerte. Elle prévoit aussi qu’ils puissent se repo­ser après l’in­ter­ven­tion et que certaines de ces jour­nées puissent être consa­crées à la forma­tion. Ailleurs dans la Manche, des accords de ce type existent aussi avec Naval Group, à Cher­bourg, et EDF.

Quelle « recon­nais­sance » pour les béné­voles ?

Pour atti­rer et rete­nir les béné­voles, faut-il plus de « recon­nais­sance » ? Derrière cette expres­sion se cache parfois l’idée qu’un peu de compen­sa­tion finan­cière pour­rait aider. À la SNSM, les stations ont, par exemple, des poli­tiques assez diffé­rentes les unes des autres en matière de défraie­ment. Certaines prennent par exemple en charge des frais de dépla­ce­ment, mais cela reste symbo­lique.

Dans la même veine, les instances poli­tiques évoquent régu­liè­re­ment des projets de « statut du béné­vole », qui pour­rait garan­tir, entre autres, des avan­tages en matière de retraite. Ils s’en­lisent en géné­ral. Antoine Leroy, le délé­gué de la SNSM à la vie asso­cia­tive, n’y croit pas, car trop complexe à mettre en place. La vraie « recon­nais­sance » n’est-elle pas ailleurs, notam­ment dans le CV pour les actifs ? Pour ceux qui travaillent ou voudraient travailler dans le secteur mari­time, les riches et exigeantes forma­tions des Sauve­teurs en Mer sont désor­mais recon­nues comme forma­tions profes­sion­nelles. Plus large­ment, quel direc­teur des ressources humaines ou patron ne regar­dera pas d’un œil posi­tif la ligne d’un CV mention­nant un enga­ge­ment à la SNSM ?
 
Il y a aussi tout le reste, plus intime, simple­ment humain. Le besoin de se rendre utile est aussi une affaire entre soi et soi-même. Ne sous-esti­mons surtout pas le lien humain, le plai­sir d’être ensemble, la « famille orange » comme disent les Sauve­teurs en Mer en réfé­rence à la couleur de leurs tenues. Embarqués pour une traver­sée un peu longue avec l’équi­page du nouveau navire de sauve­tage de L’Her­bau­dière, nous avions été frap­pés par le plai­sir que ces sauve­teurs avaient à se retrou­ver, sans la tension d’une inter­ven­tion, et à couvrir le bruit des moteurs par leurs discus­sions pendant neuf heures.

Dans le cadre d’un baro­mètre mis en place pour la plate­forme en ligne HelloAsso, l’en­tre­prise de sondages Opinion­Way a demandé à des adhé­rents des asso­cia­tions s’ils y recher­chaient la convi­via­lité plus que l’en­ga­ge­ment. Réponse : 53 % de oui. « Où est le problème si un groupe de béné­voles bavar­dant allè­gre­ment réalise en trois heures plutôt qu’en une un travail sans urgence ? », demande Hubert Péni­caud chez France Béné­vo­lat. C’est une des diffé­rences avec le « boulot ». L’autre serait d’avoir moins d’obli­ga­tions admi­nis­tra­tives, ce qui n’est pas gagné.

Créer l’am­biance est un des talents indis­pen­sables aux prési­dents de stations et direc­teurs de centres de forma­tion et d’in­ter­ven­tion de la SNSM. Il faut obte­nir que la mission soit bien remplie, tout en lais­sant vivre le groupe humain pour que l’en­ga­ge­ment asso­cia­tif soit aussi un plai­sir. Les Sauve­teurs en Mer sont aussi des bandes de copains et copines. En quoi serait-ce gênant ?

Internet, une arme pour les associations de bénévoles

Les jeunes géné­ra­tions s’in­té­ressent à la vie asso­cia­tive. Les moyens modernes de commu­ni­ca­tion peuvent-ils aider ceux qui aime­raient donner leur temps à trou­ver l’as­so­cia­tion qui leur corres­pond ? Oui, bien sûr.

Le Web est un outil puis­sant pour des asso­cia­tions comme les Restos du Cœur ou les banques alimen­taires, quand elles ont besoin de mobi­li­ser des dizaines de milliers de béné­voles ponc­tuel­le­ment pour les grandes collectes annuelles. Si vous cher­chez à rencon­trer des asso­cia­tions moins célèbres, mais peut-être plus près de chez vous, Inter­net peut être très effi­cace. Le Gouver­ne­ment a mis en place le site jeveuxai­der.gouv.fr, où vous pour­rez effec­tuer des recherches à partir d’un code postal. Les asso­cia­tions peuvent aussi y trou­ver leur bonheur : le site compte plus de 500 000 inscrits, dont 50 % ont moins de 30 ans, assure Nassim Merzouk, respon­sable du déploie­ment du béné­vo­lat. On peut égale­ment poster des propo­si­tions d’ac­tions à distance, sur le même mode de fonc­tion­ne­ment que le télé­tra­vail.

Le numé­rique peut aussi être, évidem­ment, une manière pour les asso­cia­tions de gérer leurs béné­voles. Celles qui n’ont pas, comme les Sauve­teurs en Mer, de logi­ciel spéci­fique, et ont par exemple un événe­ment à orga­ni­ser (festi­val, mani­fes­ta­tion spor­ti­ve…), peuvent s’ap­puyer sur des solu­tions comme celle que propose qoezion.com. Cette start-up, incu­bée par la fonda­tion MAIF, vend un logi­ciel qui permet aux béné­voles de s’ins­crire et à l’as­so­cia­tion de commu­niquer avec eux, mais égale­ment de gérer les cartes d’ac­cès, les plan­nings, les parkings, les repas…

Réflexions en cours sur les nageurs sauveteurs

Les nageurs sauve­teurs, char­gés de la surveillance de plages ou de mettre en place des dispo­si­tifs prévi­sion­nels de secours lors de rassem­ble­ments, font l’objet d’une réflexion en cours à la SNSM.

Ces jeunes, souvent étudiants, inves­tissent beau­coup de temps et même un peu d’ar­gent dans une forma­tion de base très exigeante. Elle est dispen­sée tout au long de l’an­née scolaire par trente-deux centres de forma­tion et d’in­ter­ven­tion (CFI) sur tout le terri­toire français.

Une fois diplô­més, ils sont mis à dispo­si­tion des villes touris­tiques avec lesquelles la SNSM a passé une conven­tion pour surveiller la baignade durant l’été. Ils sont logés et rému­né­rés, niveau Smic. « Ils sont béné­voles dix mois sur douze  », résume Emma­nuel de Oliveira, président de la SNSM. Ils sont dédom­ma­gés pour l’as­treinte, la présence. Le don de soi, le risque pris pour aller sauver des baigneurs ne le sont pas.

Les CFI recrutent sans problème envi­ron cinq cents candi­dats à chaque rentrée scolaire. Mais, une fois la forma­tion termi­née, la SNSM manque désor­mais de sauve­teurs l’été pour satis­faire toutes les demandes des communes. Encore plus, sans doute, l’été prochain, à cause des Jeux Olym­piques, qui vont mobi­li­ser beau­coup de services de secours à Paris. Là où de jeunes étudiants passaient deux mois d’été sur une plage, certains ne veulent s’en­ga­ger que pour un mois, ou moins. Parmi les plus expé­ri­men­tés, on ne trouve plus assez de candi­dats chefs de poste ou adjoints. Certains ne viennent pas ou plus sur les plages, peut-être atti­rés par des surveillances plus rému­né­ra­trices (piscines, clubs de vacances, etc.).

Pas très moti­vant pour les trois mille trois cents béné­voles, dont huit cents cadres et forma­teurs qui leur ont consa­cré du temps. « Je suis très recon­nais­sant à nos forma­teurs et diri­geants de CFI parce qu’ils n’au­raient qu’à pous­ser la porte d’à côté pour béné­fi­cier d’un régime maté­riel­le­ment plus favo­rable, insiste le président de la SNSM. Mais il ne suffit pas de s’en féli­ci­ter. Il nous faut conduire une réflexion sur la moti­va­tion de ces forma­teurs béné­voles pour qu’ils s’épa­nouissent plei­ne­ment. Sans sortir du béné­vo­lat.  »

Article rédigé par Jean-Claude Hazera, publié dans le maga­­­­­­­­­­­­­­­­­­­zine Sauve­­­­­­­­­­­­­­­­­­­tage n°167 (1e trimestre 2024)