Pascal Potel ne ressemble pas à l’image classique du trésorier rivé à son ordinateur, ses comptes et au carnet de chèques de l’association. Le trésorier du centre de formation et d’intervention (CFI) de la Somme est avant tout un sauveteur à la carrière singulière. Plus de trente-sept années au service des autres en font le témoin discret de l’évolution des techniques et de l’organisation des secours.
Et, à 59 ans, Pascal Potel reste fidèle à son engagement pour les autres. Gendarme faisant aujourd’hui partie de la réserve opérationnelle, sauveteur nageur de bord hélitreuillé (SNBH), il a commencé à surveiller les plages en 1985 depuis les postes de la gendarmerie. « À l’époque, comme la SNSM, la gendarmerie avait des postes de secours avec une Jeep®, un Zodiac®, et nous travaillions avec un hélicoptère. C’est à ce moment-là que j’ai connu l’association car nous disposions d’un poste mixte avec la SNSM en baie de Somme, au Crotoy. J’ai côtoyé Pascal Piot, qui occupait alors les fonctions de pompier et de directeur du centre de Doullens. Il est aujourd’hui délégué départemental de la Somme et administrateur de la SNSM, détaille Pascal Potel. Nous faisions le même métier aux mêmes endroits, lui à la SNSM, moi à la gendarmerie, et je me suis rapproché de la SNSM », poursuit-il.
À cette époque, « l’organisation du sauvetage était moins cloisonnée qu’à présent, mais il y avait déjà des formateurs et tout le monde apportait son expérience. Pour nous, il n’y avait pas plusieurs entités – SNSM, pompiers, gendarmes…mais des gens qui se connaissaient et œuvraient au service des autres. Et, dans le cadre d’une intervention, que l’on soit CRS, gendarme, pompier, sauveteur SNSM ou employé municipal, nous partions tous en même temps car nous avions en commun cet esprit de corps », témoigne encore Pascal Potel.
Sauveteur, formateur et trésorier
Cette expérience, il la partage toujours en tant que formateur premiers secours, lors du brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique (BNSSA) et des stages SSA (surveillance et sauvetage aquatique). Mais il trouve aussi le temps d’être trésorier du CFI de la Somme et de la délégation départementale. « À un moment donné, je me suis retrouvé face à cette mission supplémentaire pour la délégation, que j’ai acceptée. Elle est administrativement très lourde et nécessite d’y consacrer beaucoup de temps », prévient Pascal Potel.
Pour autant, il ne regrette pas d’avoir endossé cette responsabilité, au contraire ! « Il faut savoir que les CFI fonctionnent avec des bénévoles. Quand on va encadrer une formation, on donne de son temps, on s‘investit au bénéfice des autres. En contrepartie, quand on a soi-même besoin d’effectuer une formation, nos frais sont couverts par la SNSM », résume-t-il. Le résultat est là. « À la SNSM, nos bénévoles ont maintenant un niveau de formation professionnel parfois supérieur à celui des professionnels des secours. C’est un niveau connu et reconnu par le ministère de l’Intérieur. Ces bénévoles suivent aussi les formations continues pour rester au top. »
Partager l’expérience
Surtout, cette organisation permet aussi d’entretenir – adapté au contexte actuel – l’esprit qui a fait de la SNSM ce qu’elle est aujourd’hui. « Parmi les bénévoles que nous formons, nous avons des militaires, des gendarmes, des pompiers professionnels et volontaires, des soignants, des étudiants, des commerçants, des profs de sport, des chômeurs, des retraités… Bref, des gens de tous les horizons qui apportent une expérience supplémentaire enrichissante, par exemple des savoir-faire de l’armée ou des services de santé adaptés à des situations que nous pouvons rencontrer et qui peuvent nous être utiles, apprécie Pascal Potel. C’est tout un ensemble, une osmose dont la SNSM ne sort que grandie. » La force de son engagement au service des autres ne faiblit pas. C’est la raison pour laquelle 2021 était sa dernière saison de surveillance des plages. « Je lève le pied parce que, physiquement, je vois que je ne suis plus au même niveau. »
Je peux toujours courir, nager, sortir quelqu’un de l’eau, je peux toujours y retourner pour sortir une deuxième personne, mais je ne suis pas sûr que mes capacités physiques me permettraient d’aller en récupérer une troisième. Or, les gens que l’on va chercher comptent sur nous. Je préfère partir doucement en me disant que, dans ma vie de sauveteur, j’ai sauvé des centaines de personnes, même si, malheureusement, je suis intervenu trop tard dans certains cas. »
Un sauvetage mémorable
Pascal a aussi quelques beaux souvenirs, comme ce sauvetage de dix-sept personnes en quatre rotations d’hélicoptère en 2015, évoqué dans les numéros 133 (p 15) et 135 (p 13) du magazine Sauvetage, ou celui d’un homme désespéré, une nuit de mars. « J’étais avec des pompiers qui étaient en tenue de feu. Je savais que les secours allaient arriver. J’ai relevé la température de l’eau et su que j’avais le temps d’aller le chercher avant d’être en hypothermie. Je me suis déshabillé et suis intervenu à temps pour qu’il puisse être pris en charge. » Un geste réfléchi, à l’image de ses trente-sept ans de secourisme, au service des autres.
Article rédigé par Dominique Malécot, diffusé dans le magazine Sauvetage n°159 (1er trimestre 2022).