Pornichet : multiples remorquages à l’arrivée d’une course de voiliers

Des skip­pers fati­gués par une longue course ont rencon­tré d’im­por­tantes diffi­cul­tés devant le port de Porni­chet au début du mois de mai. Les béné­voles de la station Côte d’Amour (Loire-Atlan­tique) leur sont venus en aide. 

Les bénévoles sur la digue ont installé la remorque © Bruno Bouvry

Dans la nuit sombre, les voix se lèvent : quarante voiliers entrent dans le port de Porni­chet. Ce 6 mai, après 48 heures sans dormir, les skip­pers de la course Select 6.50 attendent patiem­ment de rentrer à quai. Ils doivent être remorqués pour atteindre la terre ferme, car leurs petits voiliers n’ont pas de moteur.

Mais la fatigue et l’im­pa­tience prennent le dessus. Sous la pluie, les skip­pers sont épui­sés et plusieurs acci­dents se produisent. Les béné­voles de la station Côte d’Amour sont déclen­chés par le Centre régio­nal opéra­tion­nel de surveillance et de sauve­tage (CROSS) Etel pour un échoue­ment.  

« C’est devenu rapi­de­ment oppres­sant. Je n’avais jamais vécu ça »

Sept sauve­teurs embarquent vers 1 heures du matin à bord du SNS 667 Patron Gildas Martin et du SNS 7–031 Enez Wenn. Le silence de la nuit est rapi­de­ment remplacé par le crépi­te­ment de la radio VHF. Les skip­pers commu­niquent entre eux, le CROSS tente tant bien que mal de donner des indi­ca­tions et les sauve­teurs s’or­ga­nisent diffi­ci­le­ment. 

Le brou­haha inces­sant de la radio complique l’opé­ra­tion de sauve­tage. « C’est devenu rapi­de­ment oppres­sant. Je n’avais jamais vécu ça », témoigne Morgane Aubin, patron de sortie de la station. Pour­tant pas le choix, il faut agir vite : la mer est formée et le vent frappe les embar­ca­tions à plus de 50km/h. 

Rien d’alar­mant pour le semi-rigide de la SNSM, mais ce n’est pas la même chose pour les mini 6.50. Ces voiliers sont très légers – envi­ron 800 kilos – adap­tés à la course rapide, fins et fragiles. La météo n’est pas favo­rable aux skip­pers, pour qui c’est parfois la première course. « Le coup de vent que l’on atten­dait est venu beau­coup plus tôt que prévu. Le parcours a été réduit à 250 miles nautiques pour que les bateaux reviennent avant  », précise Loïck Corlay, un des orga­ni­sa­teurs de la course.  

Pris par les vagues, l’ar­ri­vée de la course est plus compliquée que prévu…

Une quaran­taine de skip­pers est arri­vée en même temps, sans que l’or­ga­ni­sa­tion de la course n’ait pu le prévoir, créant un surplus d’ac­ti­vité au port. Sans sommeil depuis 48 heures, les parti­ci­pants n’at­tendent qu’une chose : être remorqués. Ils patientent sous la pluie, mais la visi­bi­lité est mauvaise, la mer s’agite, les inci­dents se succèdent.

« Un des skip­pers est rentré dans une autre mini qui était en train de se faire remorquer », précise la béné­vole. Le voilier en remorquage se retrouve bloqué sur une digue. « Un autre aborde un semi-rigide au mouillage dans la baie du Pouli­gnen, et un dernier s’échoue sur la plage », pour­suit-elle 

Un des voiliers s’est retrouvé bloqué sur la plage © Maxime Huguet

Les acci­dents s’en­chaînent, les Sauve­teurs en Mer s’or­ga­nisent rapi­de­ment pour y répondre. « Il faut aller au plus urgent », souligne Morgane Aubin. À terre, le président de la station, Thierry Caudal et l’or­ga­ni­sa­tion de la course, décident de mettre en place un moyen plus visuel pour guider les sauve­teurs : les skip­pers doivent éclai­rer leurs voiles quand ils font face à une situa­tion d’ur­gence. 

Les béné­voles se dirigent vers le bateau sur la digue. Sa skip­peuse arrive à s’ex­tir­per par la terre avec l’aide des sauve­teurs, mais son navire ne peut pas être immé­dia­te­ment remorqué. La situa­tion est simi­laire pour le voilier sur la plage. La mer est haute, il ne risque rien pour l’ins­tant. « On a préféré attendre que la mer soit basse pour aider le skip­per à descendre sur terre. Il était assez choqué de la situa­tion, surtout pour l’état de son bateau, dans ce genre de situa­tion on ne sait jamais ce qu’il va deve­nir », ajoute Morgane Aubin. La marée haute étant passée, les embar­ca­tions échouées ne risquent plus rien. Les Sauve­teurs en Mer, voyant que la situa­tion se calme, peuvent soute­nir l’or­ga­ni­sa­tion pour remorquer les autres Mini 6.50. Un peu avant 5 heures les béné­voles, décident de rentrer au port après avoir assis­tés 16 navires. 

Après quelques heures de sommeil, les béné­voles sont à nouveau sur place

Vers 14 heures, ils sont à nouveau sur le pont, pour récu­pé­rer les deux navires échoués. Pour le voilier sur la plage, « c’était toute une orga­ni­sa­tion, les sauve­teurs nageurs de bord étaient sur terre, tandis que les équi­piers de la SNS 203 La Côte d’Amour leur envoyaient une remorque », souligne Maxime Huguet, béné­vole présent ce jour-là. Une fois la remorque instal­lée, le semi-rigide remorque le voilier pour lui permettre de retour­ner au port. 

Sur la digue, l’in­ter­ven­tion est déli­cate, « on a véri­fié les possibles voies d’eau, si le bateau est grave­ment amoché, il ne faut pas qu’il prenne l’eau lors du remorquage », indique Morgane Aubin. Pas de dégâts majeurs sur le voilier, il peut fina­le­ment être remorqué. 

Les deux mini 6.50 arri­ve­ront fina­le­ment à quai avec quelques répa­ra­tions à effec­tuer avant de pouvoir repar­tir en course. « Ce genre d’évè­ne­ment arrive régu­liè­re­ment et sur beau­coup de courses, tous les concur­rents sont sains et saufs et c’est ça qui compte », résume Loïck Corlay, l’un des orga­ni­sa­teurs.

Nos sauve­­­­teurs sont formés et entraî­­­­nés pour effec­­­­tuer ce type de sauve­­­­tage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !

Le conseil des sauveteurs

Les acci­dents sont fréquents lors des regrou­pe­ments de navires, notam­ment lors des courses de voiliers. Dans ces situa­tions, il vaut mieux prendre un peu de distance sur la situa­tion, voire partir au large pour reve­nir quand la situa­tion est plus calme, ou que c’est votre tour d’être remorqué. Quant à la VHF, l’im­por­tant est de rester très succinct pour que les sauve­teurs repèrent plus faci­le­ment les situa­tions de danger immé­diat.  

Équipage engagé

Patrons : Yannick Lambert, Morgane Aubin, Laurent Nedo­re­zoff

Sous patron : Nico­las Burel

Equi­piers : Servane Belair, Samuel Bouhier, Pucel Alain, Romuald Bocher, Franck Dela­lande

Article rédigé par Clarisse Oudit-Dalençon.