Carla et Tom, futurs nageurs sauveteurs, découvrent la surveillance et le sauvetage aquatique

Rencontre avec Carla et Tom, futurs nageurs sauve­teurs, en pleine forma­tion de surveillance et de sauve­tage aqua­tique, à Fort-Mahon.

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Dans les trente-deux CFI, ici au CFI Côte d’Opale, les nageurs sauveteurs se forment et s’entraînent tout au long de l’année, pour être prêts à surveiller les plages cet été. © Alexandre Moreau

Point d’orgue de leur année d’ap­pren­tis­sage, un grand week-end à la mer pendant un pont du mois de mai qui vient, chaque année, conclure la forma­tion de la nouvelle promo­tion de nageurs sauve­teurs.

À Fort-Mahon, sur la côte picarde, un stage terrain de quatre jours complète la forma­tion reçue tout au long de l’an­née au centre de forma­tion et d’in­ter­ven­tion (CFI) de la Somme. En plus des séances de sport matin et après-midi, le programme est dense, avec des sessions d’en­du­rance avec palmes, de récu­pé­ra­tion de mannequins ou de progres­sion, allon­gés sur les planches de sauve­tage. Ces exer­cices, couplés à la fraî­cheur des eaux de la Manche (10 à 13 °C), aux rouleaux et, parfois, à la pluie, soudent la cohé­sion du groupe et renforcent l’es­prit d’équipe, néces­saires sur le terrain.

Un accent parti­cu­lier sera porté sur le prin­ci­pal danger des grandes plages picardes : les « bâches », qui, comme les baïnes landaises, appa­raissent lorsque les courants creusent le sable à marée montante, pour y créer de petites piscines allant jusqu’à 2 mètres de profon­deur ; ces poches se vident brusque­ment à marée descen­dante. Bien formés, les nageurs sauve­teurs SNSM sauront, cet été encore, les surveiller et assis­ter les impru­dents et les baigneurs en diffi­culté.

Le stage mer de quatre jours vient conclure la forma­tion des sauve­teurs

Ancienne nageuse sauve­teuse et amié­noise, Clémen­tine Armande est la direc­trice du CFI. En plus de ses fonc­tions de méde­cin urgen­tiste au CHU d’Amiens, elle vient complé­ter ces séances physiques et vivi­fiantes par d’ul­times ensei­gne­ments de secou­risme. « Redou­tés et atten­dus, ces quatre jours sont, par leur réalisme, la meilleure prépa­ra­tion pour ces futurs anges gardiens des plages. On y déroule le réfé­ren­tiel natio­nal de la forma­tion surveillance sauve­tage aqua­tique sur le litto­ral mention pilo­tage ».

Elle est épau­lée par Julien Drelon, qui, outre la forma­tion aqua­tique, assure l’en­tre­tien des embar­ca­tions, et par Pierre Lefebvre, forma­teur égale­ment, qui redoute comme beau­coup que « la longue ferme­ture des piscines liée à la Covid ne génère plus d’alertes cet été sur les plages ».

Cette pers­pec­tive exigeante n’ef­fraie pas Carla Roimar­mier, étudiante en khâgne, qui déclare avec confiance : « Une bonne préven­tion évite l’in­ter­ven­tion, un bon entraî­ne­ment la rend effi­cace. » Tom Manot, étudiant en STAPS et nageur confirmé, a en tête une inter­ven­tion à laquelle il a parti­cipé sur cette plage l’été dernier, « lorsqu’à marée descen­dante des courants se sont formés, et que quatre enfants ont paniqué, empor­tés dans leurs grandes bouées ». Carla et Tom savent que ce sera diffi­cile pendant quatre jours, mais chaque année, la cohé­sion du groupe amène les stagiaires à trou­ver du plai­sir dans l’ef­fort partagé.

Un stage diffi­cile et exigeant qui créé de la cohé­sion entre les futurs sauve­teurs

Heureux et fiers de cette expé­rience, voilà comment Carla et Tom décrivent ces quatre jours vécus à vingt-neuf, sur la plage de Fort-Mahon. « Nous avons vécu une version mari­time de Koh-Lanta avec sa vie tonique en exté­rieur, mais dans un esprit d’en­traide et de soli­da­rité perma­nent, contrai­re­ment au célèbre jeu, combi­née à une sorte de Fort-Boyard ludique et progres­sif sans mage, ni nain et à une sorte de stage commando spor­tif et physique (l’eau était à 11°C), mais paci­fique et sans armes ! », commentent-ils.

Fort-Boyard a ses tigres et ses mygales, la plage de Fort-Mahon ses phoques gris et ses veaux marins – dont l’une des carac­té­ris­tiques est la curio­sité. Voyant de l’ani­ma­tion sur le rivage, ils se sont rappro­chés pour assis­ter à une séance d’ins­truc­tion aux tech­niques de sauve­tage côtier.

Béné­fi­ciant de ce mix spor­tif, instruc­tif et ludique, tous les futurs nageurs sauve­teurs se sont accro­chés et moti­vés mutuel­le­ment, et ont su acqué­rir progres­si­ve­ment, plus qu’un esprit d’équipe : une cohé­sion d’équi­page faisant ainsi la fierté de leurs forma­teurs.

Article rédigé par Etienne Devailly, diffusé dans le maga­zine Sauve­tage n°156 (2ème trimestre 2021)