Point d’orgue de leur année d’apprentissage, un grand week-end à la mer pendant un pont du mois de mai qui vient, chaque année, conclure la formation de la nouvelle promotion de nageurs sauveteurs.
À Fort-Mahon, sur la côte picarde, un stage terrain de quatre jours complète la formation reçue tout au long de l’année au centre de formation et d’intervention (CFI) de la Somme. En plus des séances de sport matin et après-midi, le programme est dense, avec des sessions d’endurance avec palmes, de récupération de mannequins ou de progression, allongés sur les planches de sauvetage. Ces exercices, couplés à la fraîcheur des eaux de la Manche (10 à 13 °C), aux rouleaux et, parfois, à la pluie, soudent la cohésion du groupe et renforcent l’esprit d’équipe, nécessaires sur le terrain.
Un accent particulier sera porté sur le principal danger des grandes plages picardes : les « bâches », qui, comme les baïnes landaises, apparaissent lorsque les courants creusent le sable à marée montante, pour y créer de petites piscines allant jusqu’à 2 mètres de profondeur ; ces poches se vident brusquement à marée descendante. Bien formés, les nageurs sauveteurs SNSM sauront, cet été encore, les surveiller et assister les imprudents et les baigneurs en difficulté.
Le stage mer de quatre jours vient conclure la formation des sauveteurs
Ancienne nageuse sauveteuse et amiénoise, Clémentine Armande est la directrice du CFI. En plus de ses fonctions de médecin urgentiste au CHU d’Amiens, elle vient compléter ces séances physiques et vivifiantes par d’ultimes enseignements de secourisme. « Redoutés et attendus, ces quatre jours sont, par leur réalisme, la meilleure préparation pour ces futurs anges gardiens des plages. On y déroule le référentiel national de la formation surveillance sauvetage aquatique sur le littoral mention pilotage ».
Elle est épaulée par Julien Drelon, qui, outre la formation aquatique, assure l’entretien des embarcations, et par Pierre Lefebvre, formateur également, qui redoute comme beaucoup que « la longue fermeture des piscines liée à la Covid ne génère plus d’alertes cet été sur les plages ».
Cette perspective exigeante n’effraie pas Carla Roimarmier, étudiante en khâgne, qui déclare avec confiance : « Une bonne prévention évite l’intervention, un bon entraînement la rend efficace. » Tom Manot, étudiant en STAPS et nageur confirmé, a en tête une intervention à laquelle il a participé sur cette plage l’été dernier, « lorsqu’à marée descendante des courants se sont formés, et que quatre enfants ont paniqué, emportés dans leurs grandes bouées ». Carla et Tom savent que ce sera difficile pendant quatre jours, mais chaque année, la cohésion du groupe amène les stagiaires à trouver du plaisir dans l’effort partagé.
Un stage difficile et exigeant qui créé de la cohésion entre les futurs sauveteurs
Heureux et fiers de cette expérience, voilà comment Carla et Tom décrivent ces quatre jours vécus à vingt-neuf, sur la plage de Fort-Mahon. « Nous avons vécu une version maritime de Koh-Lanta avec sa vie tonique en extérieur, mais dans un esprit d’entraide et de solidarité permanent, contrairement au célèbre jeu, combinée à une sorte de Fort-Boyard ludique et progressif sans mage, ni nain et à une sorte de stage commando sportif et physique (l’eau était à 11°C), mais pacifique et sans armes ! », commentent-ils.
Fort-Boyard a ses tigres et ses mygales, la plage de Fort-Mahon ses phoques gris et ses veaux marins – dont l’une des caractéristiques est la curiosité. Voyant de l’animation sur le rivage, ils se sont rapprochés pour assister à une séance d’instruction aux techniques de sauvetage côtier.
Bénéficiant de ce mix sportif, instructif et ludique, tous les futurs nageurs sauveteurs se sont accrochés et motivés mutuellement, et ont su acquérir progressivement, plus qu’un esprit d’équipe : une cohésion d’équipage faisant ainsi la fierté de leurs formateurs.
Article rédigé par Etienne Devailly, diffusé dans le magazine Sauvetage n°156 (2ème trimestre 2021)