Six baigneurs secourus par les Sauveteurs en Mer de Pornic

Nés d’un excep­tion­nel épisode météo, de puis­sants rouleaux s’écrasent sur une crique proche de la plage du Port­main, à Pornic, et attirent quatre jeunes, qu’ils piègent au large. Un père et sa fille décident de se porter à leur secours, et sont piégés à leur tour. Clas­sique surac­ci­dent. Les deux nageurs sauve­teurs tire­ront d’af­faire ce petit monde.

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Devant la crique proche de leur poste de secours de la plage du Portmain, Guillaume et Antonin ont dû sprinter vers les baigneurs en difficulté © SNSM

Habi­tuel­le­ment  paisibles, les  plages  de  Pornic  sont, en  ce  mois d’août 2020, battues par des rouleaux  de  2 mètres, nés  d’un  excep­tion­nel épisode météo. Depuis leur poste, les nageurs sauve­teurs Guillaume Crocque­vieille-Barreau et Anto­nin Renier surveillent la plage du Port­main, près de Pornic. Avec déjà trois saisons d’an­cien­neté, le premier est chef de poste. Le second, dont c’est la première année, est sauve­teur quali­fié. Ils sont tous les deux issus du centre de forma­tion et d’in­ter­ven­tion de Nantes. Effrayés par les rouleaux, les baigneurs restent sur la plage sans s’y aven­tu­rer. À 500 mètres, dans une petite crique, les nageurs sauve­teurs observent quatre jeunes qui ont passé les rouleaux. Ils les tiennent en visuel. Une femme rejoint le poste de secours et annonce que ce sont ses enfants et qu’ils ne peuvent reve­nir sur le bord. Guillaume  et  Anto­nin  affalent  la  flamme, ferment  leur  baignade  et  sprintent vers les ados en diffi­culté. Mais la situa­tion s’est compliquée. Un père et sa fille ont décidé de fran­chir les rouleaux pour leur porter assis­tance. Ils sont à leur tour piégés. Le surac­ci­dent typique. Les baigneurs en diffi­culté sont main­te­nant six.

« Quand j’ai fran­chi les rouleaux, raconte Guillaume, le premier baigneur était un jeune ado en panique, qui commençait à déteindre sur les autres. Il fallait tout de suite les rassu­rer. Je l’ai invité à s’ac­cro­cher à la bouée rescue tube que je trac­tais. Il a pu reprendre son souffle et se calmer. » Tandis que deux autres ralliaient aussi la bouée, Anto­nin s’est chargé d’une des ados. L’apai­ser, la soute­nir et nager pour deux : pas simple et très physique. « On est alors repar­tis vers la plage, pour­suit Guillaume. Dès que nous avons eu suffi­sam­ment pied, j’ai dit aux trois jeunes en remorque de ma bouée de courir entre deux vagues jusqu’à la plage, et je suis retourné aider Anto­nin »,  conclut  le  chef  de  poste. Dans le même temps, le père et sa fille réus­sissent à rega­gner la crique par eux-mêmes. Sur la plage, le premier des jeunes secou­rus est en hypo­ther­mie, malgré le soleil d’août encore haut. Des touristes offrent leurs serviettes pour le réchauf­fer. Revenu près de lui, Guillaume l’ins­talle en posi­tion de repos, tandis qu’An­to­nin court au poste cher­cher le sac de premiers secours. « J’ai fait son bilan et l’ai trans­mis au SAMU, qui nous a envoyé les pompiers. La victime était en hypo­ther­mie modé­rée. Un état déjà sérieux.  À  l’ar­ri­vée  très  rapide  des  pompiers, on l’a bran­car­dée jusqu’à l’am­bu­lance. »

Vingt-quatre heures plus tard, resca­pés et pompiers féli­ci­taient les deux sauve­teurs et les couvraient de remer­cie­ments. Quant au père nageur, il leur dépo­sait une bonne bouteille. Ainsi, la mer n’aura-t-elle pas eu le goût des larmes !

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Les sauve­teurs mobi­li­sés : Guillaume Crocque­vieille-Barreau, à gauche, et Anto­nin Renier, à droite. © SNSM

Nos sauve­teurs sont formés et entraî­nés pour effec­tuer ce type de sauve­tage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !


Nageurs sauve­teurs enga­gés

Guillaume Crocque­vieille-Barreau (chef de poste) et Anto­nin Renier

 


Le surac­ci­dent, un clas­sique redou­table

C’est l’ac­ci­dent qui s’ajoute à l’ac­ci­dent. Les cas sont nombreux et infi­ni­ment variés. Parfois bénins, parfois mortels, ils s’or­ga­nisent en trois grandes typo­lo­gies :

  1. La géné­ro­sité irré­flé­chie : l’af­faire ici racon­tée en est l’exemple type. En voulant porter secours à ces quatre jeunes, le père et sa fille se sont mis en danger et ont bien failli compliquer la mission des nageurs sauve­teurs. Le sauve­tage néces­site un savoir-faire. Le meilleur secours à appor­ter : joindre le 196 à la première alerte.
  2. La faute à pas de chance : en mer ou au bord, mille choses peuvent aller de travers. Pour des raisons humaines le plus souvent. D’où la forma­tion, l’en­traî­ne­ment constant des sauve­teurs pour avoir, à tous moments, des gestes réflexes.
  3. Les défaillances maté­rielles : fréquentes chez les sauvés, bien plus rares chez les sauve­teurs, très soigneux d’un maté­riel testé et entre­tenu. Mais voie d’eau, échoue­ment, colli­sion, panne de moteur ou avarie de barre, tout peut arri­ver au moment crucial d’un sauve­tage. Les sauve­teurs s’en prému­nissent du mieux possible.

Article rédigé par Patrick Moreau diffusé dans le maga­zine Sauve­tage n°156 (2ème trimestre 2021)