Vendredi 15 juillet. Il est minuit passé de quelques minutes. L’équipage de la SNS 272 Marguerite VI de la station SNSM du Cros-de-Cagnes est de retour à sa base après avoir effectué la surveillance du feu d’artifice de Saint-Laurent-du-Var.
Tout le monde s’apprête à rentrer quand le CROSS MED sonne l’alerte. Un yacht de 17 mètres est en difficulté au milieu de la baie de Villefranche-sur-Mer, sa ligne de mouillage prise dans celle d’un voilier. Les deux embarcations dérivent vers le large, le plaisancier affolé demande une assistance rapide.
La SNS 272 appareille avec un équipage renforcé. Sur zone, le yacht monégasque maintient en tension un voilier vide de tout occupant, les voiles battantes. Des équipiers sont transférés sur chaque navire pour opérer une manoeuvre délicate, en raison d’un vent force 6 et d’une houle de plus en plus importante.
Sur le voilier, le canotier transbordé confirme l’impossibilité de remonter la ligne de mouillage. Tout est coincé. Sur le yacht, malgré un guindeau conséquent, l’autre canotier ne peut ramener à bord l’ancre particulièrement imposante prise dans la chaîne du voilier. L’ensemble est bloqué sous l’étrave du yacht et inaccessible depuis le bord.
Envoyer le zodiac à la proue du yacht est une option très vite abandonnée en raison de la météo et du poids supposé de l’ancre. Le patron Gil Rochette opte donc pour un positionnement pointe à pointe avec le yacht pour désolidariser les mouillages des deux embarcations. Après plusieurs tentatives d’approche, trois équipiers parviennent à ramener les ancres sur l’avant de la vedette et démêlent les chaînes des deux navires.
Le yacht retrouve sa liberté de manoeuvre et en profite pour gagner rapidement un mouillage plus abrité au fond de la baie.
Sur le voilier, malgré tous les efforts du canotier il est toujours impossible de remonter les dizaines de mètres de chaîne. L’embarcation se rapproche désormais dangereusement de la côte.
Décision est prise de sacrifier la chaîne au profit de la pioche désormais à bord de la SNS 272. L’opération est réalisée en moins d’une minute à l’aide d’une meuleuse électrique portative.
Il ne reste plus qu’à prendre en remorque le voilier et faire route vers le port de Villefranche. A quai aux alentours de 2 h du matin, le convoi accoste à couple d’un voilier au quai d’accueil. Les propriétaires sortent hagards sur le pont ; ils ont eux aussi perdu leur mouillage et se sont réfugiés pour la nuit dans le port. Nuit agitée pour les plaisanciers en cette mi-juillet.
La mission est presque terminée. Il faut maintenant récupérer l’équipier resté sur le yacht réfugié dans une anse protégée. La manoeuvre sera malgré tout délicate. Les deux navires dansent dans deux mètres de creux.
L’équipage de la SNS 272 enfin au complet, cap est mis sur Cros-de-Cagnes dans une mer particulièrement cassante. Mais, en ce 15 juillet 2016, de sinistres nouvelles arrivent sur les téléphones de l’équipage. Les yeux fixés sur le rivage, les sauveteurs du Cros traversent la Baie des Anges. Ils regagnent leurs foyers vers 4 h. Ils apprendront le lendemain que l’un des leurs était sur la « Prom ». Gianni, par chance épargné, a participé aux premiers secours auprès des victimes durant plus d’une heure.
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Nos bénévoles sont entraînés et équipés pour effectuer ce type de sauvetage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !
Article de Marjorie Biran, paru dans le Magazine Sauvetage n° 138 (4e trimestre 2016).
Équipage de la SNS 272
Patron : Gil Rochette
Patron suppléant : Alain Dutriaux
Canotiers : Richard Bories, Daniel Narcy, Amandine Aigouy, Pierre Rochette, Didier Colombel, Céline Tonin