Intégralement rénové, le musée de la Marine « s’ouvre à tous les publics »

L’ins­ti­tu­tion instal­lée au sein du palais de Chaillot rouvrira en novembre après six ans de ferme­ture. Son direc­teur dévoile pour Sauve­tage ce lieu entiè­re­ment repensé.

Vincent Campredon directeur du musée national de la marine
Directeur du musée national de la Marine depuis 2015, Vincent Campredon en a supervisé la restructuration. © Musée national de la Marine / A. Fux

Qu’est-ce que le musée natio­nal de la Marine ?

Il a été créé sous Louis XV, au XVIIIème siècle. Il a succes­si­ve­ment raconté l’his­toire de la marine royale, impé­riale, puis natio­nale. Le grand chan­ge­ment aujour­d’hui, c’est qu’il s’ouvre à tous les publics et à tous les enjeux de la mer. C’est un tour­nant histo­rique ! Avec un message primor­dial à faire passer : la mer est l’ave­nir de l’hu­ma­nité.

Plus de six ans de ferme­ture ont été requis. Pour quelles raisons ?

Tous les objets de la collec­tion ont été sortis du musée, inspec­tés et restau­rés si besoin était. C’est un travail énorme ! Cela n’avait pas été fait depuis l’ou­ver­ture du musée, il y a plus de deux cent cinquante ans. D’im­por­tants travaux ont, par ailleurs, été néces­saires car la scéno­gra­phie a aussi été inté­gra­le­ment repen­sée et elle est très inno­vante. C’est un voyage immer­sif imaginé pour entre­te­nir la curio­sité des visi­teurs.

Que propose le nouveau musée ?

Nous sommes passés d’un musée d’his­toire à un musée de société. Avec l’am­bi­tion d’in­té­res­ser tout le monde, et notam­ment les jeunes, en susci­tant l’émer­veille­ment à travers des objets origi­naux. L’ex­po­si­tion perma­nente, instal­lée sur 2 900 m2, présente envi­ron mille objets. Elle est orga­ni­sée autour des trésors de la collec­tion et de trois enjeux majeurs du monde mari­time.

Nous dispo­sons égale­ment d’un lieu dédié aux expo­si­tions tempo­raires, dont la surface a été triplée, pour atteindre 900 m2. Il nous permet­tra de propo­ser deux expo­si­tions par an. Nous avons déjà un programme de cinq ans sur le thème de la planète bleue. On commen­cera par en faire le tour avec le Vendée Globe, où on parlera de course au large. Nous irons ensuite sous la mer, puis en Outre-mer, puis aux pôles…

Enfin, un espace de 100 m2 sera le cadre de sujets d’ac­tua­lité. Son contenu chan­gera tous les dix ou quinze jours, ce qui est rare. Le musée natio­nal de la Marine sera très animé !

Le musée de la Marine s’ouvre à tous les publics.
Vincent Campredon
Directeur du musée national de la Marine depuis 2015

Quelle sera la place des Sauve­teurs en Mer dans le musée ?

L’une des parties de l’ex­po­si­tion perma­nente est dédiée aux tempêtes et aux naufrages. C’est évidem­ment là que la SNSM trouve sa place. Je tenais à rendre hommage aux Sauve­teurs en Mer et au don de soi dont font preuve tous les béné­voles. La soli­da­rité en mer est la première des valeurs pour les marins, dont je fais partie. De plus, l’his­toire de l’as­so­cia­tion est passion­nante. Pour l’illus­trer, deux vitrines seront consa­crées au sauve­tage : l’une présen­tant des objets histo­riques, et l’autre avec des équi­pe­ments actuels. Égale­ment, une inter­view vidéo d’une sauve­teuse sera diffu­sée.

Les trésors du musée national de la marine

Intérieur du musée national de la marine Paris.
Inté­rieur du musée natio­nal de la marine Paris.

Trois grandes gale­ries théma­tiques appe­lées « Traver­sées » mettent en valeur trois enjeux du monde mari­time. Les routes de la consom­ma­tion aborde le trans­port mari­time, la pêche ou encore l’éo­lien mari­time. En entrant dans Tempêtes et naufrages, le visi­teur s’en­fonce dans une vague monu­men­tale de 10 mètres de haut pour redé­cou­vrir des naufrages histo­riques. Enfin, La France, puis­sance navale : histoire et inno­va­tions retrace l’his­toire de la marine mili­taire française. Le musée propose égale­ment quatre « Escales » qui sont, quant à elles, compo­sées des « trésors » de la collec­tion, dont voici quelques unes des pièces majeures :

Maquette du navire "Royal Louis"

Le modèle du Royal Louis. Long de plus de 5 mètres, il repro­duit, dans ses moindres détails, un navire réel : ce vais­seau à trois ponts a été lancé à Brest en 1759. Le modèle était utilisé lors de la forma­tion des offi­ciers de l’École des Gardes de la Marine de Brest, avant qu’ils embarquent sur ce bateau de 124 canons.

Les sculp­tures de La Réale. Cet ensemble de sculp­tures, mira­cu­leu­se­ment préservé, est l’une des pièces phares du musée. Il ornait La Réale, nom donné à la plus impor­tante galère royale à l’époque de Louis XIV. Ce décor évoque la course du soleil, person­ni­fié par Apol­lon, au fil des saisons.

Sculptures de "la Réale" au musée de la marine
Tableau de la série "Vues des Ports de France" J. Vernet

La série des Vues des ports de France, de Joseph Vernet. Cet ensemble de quinze tableaux grand format, dont treize sont présen­tés au musée, consti­tue un ensemble patri­mo­nial excep­tion­nel qui n’avait jamais été restauré. Commandé en 1753 par le marquis de Mari­gny, il illustre les prin­ci­paux ports de France : Marseille, Toulon, Bayon­ne…

Musée natio­nal de la Marine – Réou­ver­ture prévue en novembre 2023
17, place du Troca­déro Paris 16 – Tél. : 01 53 65 69 69

Article rédigé par Nico­las Sivan, diffusé dans le maga­­­­­­­­­­­­­­­zine Sauve­­­­­­­­­­­­­­­tage n°165 (3ème trimestre 2023)