À 17 h 05 appel téléphonique au Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) d’un pilote de jet-ski se signalant échoué, en provenance de l’ile d’Oléron, faisant route vers La Tremblade et attendant une hauteur d’eau suffisante pour un retour au port. Deux personnes sont à bord. Ils ne sont pas certains de leur route. La renverse aura lieu à 18 h 13 avec un coefficient de 46.
Ce premier appel n’est pas inquiétant. Mais plus tard dans la soirée, vers 20 heures, le CROSS appelle Romain Cercleux, patron titulaire d’astreinte de la station de sauvetage SNSM de La Tremblade. Il s’agit d’une mise en pré-alerte suite à l’appel téléphonique reçu plus tôt des deux personnes en jet-ski. Elles demandaient un éventuel guidage, une assistance, sans secours, ni remorquage. Mais la nuit tombe et la pratique du jet-ski n’est pas autorisée la nuit, les jet-skis n’étant d’ailleurs pas équipés pour.
Ils ont choisi de partir à l’aventure dans cette espace de liberté et de sécurité apparente que représente le bassin Marennes-Oléron, 1er bassin ostréicole d’Europe où se croisent en permanence les ostréiculteurs, les vieux gréments, les bateaux passeurs. La journée est belle et chaude en cette fin d’été. La passe de Maumusson, au sud, est connue pour être mortelle mais ils naviguent au nord, loin de tout danger. Dans le fond se dessinent la Tour de Juliard et Fort Boyard. Ne connaissant pas trop le secteur mais détenteurs du permis côtier depuis deux jours, l’aventure paraît belle.
À 21 heures le patron de la station rappelle à son tour le CROSS pour avoir des nouvelles et faire le point sur les mesures à prendre. Le CROSS souhaite connaître les capacités de la station à mobiliser deux équipages si nécessaire, SNS 433 et SNS 637, compte tenu de l’avancée de la nuit. Ils tentent de recontacter les conducteurs du jet-ski.
À 21 h 20, le pilote du jet ski se signale à nouveau et annonce qu’il est à flots mais perdu à cause de la nuit tombante. Le CROSS déclenche alors les secours et la SNS 433 appareille du port de La Tremblade pour escorter le jet-ski dans la nuit. La position estimée du requérant est en direction de l’école de voile de Bourceflanc-le-Chapus, au milieu des champs de vases, entre les parcs ostréicoles et la côte.
À la nuit tombée, la situation empire lorsque le jet-ski tombe en panne
À 21 h 58, le jet-ski signale une avarie moteur alors que la SNS 433 est en approche sur les vasières, à petite vitesse compte-tenu de la faible hauteur d’eau. Très vite le navire de secours doit stopper et progresser avec les flots.
22 h 24. La fatigue et le refroidissement gagne du terrain et les deux passagers du jet-ski commencent à paniquer. L’hypothermie semble également s’installer.
Le CROSS décide d’engager l’hélicoptère Guépard-Yankee de la Marine nationale basé à La Rochelle. Au même moment la SNS 433 met un nageur de bord à l’eau, qui doit évoluer dans un mélange de boue molle et d’eau de mer. Le sauveteur, sécurisé par un filin, rejoint les deux personnes et l’hélitreuillage débute.
23 h 13. Les deux victimes sont à bord de l’hélicoptères en état de choc et forte hypothermie. Ils sont transportés en urgence au centre hospitalier de La Rochelle. La liaison est établie avec le SAMU de coordination médicale maritime 64, basé au SAMU de Bayonne, chargé de traiter les appels d’aide médicale urgente en haute mer de Hendaye à Lorient.
23 h 23. La hauteur d’eau ne permet pas encore de rejoindre le jet-ski abandonné, très proche de la côte. Commence alors la traction à la main du filin pour ramener le nageur de bord et le jet-ski vers le navire de sauvetage.
23 h 37. La remorque est passée, le convoi fait route vers La Tremblade, le remorqué en flèche. Pendant le retour, l’équipage appelle l’un des parents pour le rassurer et donner des nouvelles de l’intervention, de l’état des deux victimes, de leur transfert sur le CHU de La Rochelle.
00 h 36. La SNS 433 retourne à son ponton et le jet-ski est sécurisé. Fin de mission.
Au-delà de la carte postale idyllique du bassin Marennes-Oléron, de ses huîtres renommées, la navigation y est risquée. En fonction de la marée des écueils peuvent apparaître ou disparaître, non marqués sur les cartes : tables ostréicoles, banc de sable se déplaçant au gré des courants, hauts fonds mêlés de ferrailles.
Initialement les personnes n’avaient pas souhaité un secours, non pris en charge par leur assurance. Finalement, elles se sont retrouvées héliportées à l’hôpital, le jet-ski remorqué pour trois heures d’intervention alors qu’une intervention des secours SNSM plus tôt dans l’après-midi ne leur aurait coûté qu’une heure d’intervention.
Nos sauveteurs sont entraînés et équipés pour effectuer ce type de sauvetage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !
Équipage engagé
SNS 433 Notre Dame de Buses
Patron : Philippe Bastien
Sauveteur nageur de bord : Jean-Marc Gren
Équipiers : Nicolas Ourvois, Jean Claude Vincent