Parti de La Rochelle pour Caen, le Poyel 2 vient de passer l’île de Bréhat ce 31 mai vers 1 h 20. À son bord, Edgard Vincens et Julien Pulvé, deux marins professionnels expérimentés. Ils convoient le Class40 de 12 mètres pour participer à une course au large lorsqu’un incendie se déclare dans le compartiment à batteries du voilier, mis à l’eau moins de deux mois auparavant.
Le skipper et son équipier se répartissent vite les tâches. L’un transmet un message de détresse au centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Corsen à 1 h 30, tandis que l’autre récupère le grab bag – sac étanche rassemblant les choses précieuses – et largue le radeau de sauvetage. Les flammes barrent déjà l’entrée de la cabine quand ils quittent le bateau et enfilent leurs combinaisons de survie une fois à bord du radeau. Pendant ce temps, le CROSS réarme le sémaphore de Bréhat, fermé la nuit, pour faciliter le repérage du bateau. À 1 h 40, il engage le canot tous temps SNS 090 Zant Ivy, de Loguivy-de-la-Mer.
À bord de leur canot de survie dans une mer forte et hachée
Il fait nuit noire. Le vent d’est/nord-est de force 6 lève une mer forte et hachée par des vagues qu’amplifie un puissant courant de marée. Au poste radio, Cathy Thomas se concentre sur les instruments de navigation. « Le top, c’est quand ils ont déclenché leurs balises de détresse AIS [Ndlr : système d’identification automatique par radio], souligne la sauveteuse. Je les ai vus instantanément sur la carte électronique et j’ai pu enregistrer leur position, tandis que le CROSS nous informait sur leur dérive. » « Ces balises sont chères, mais elles ont été déterminantes pour les trouver rapidement », poursuit Yann Riou, patron du Zant Ivy.
Après avoir parcouru une dizaine de milles, le SNS 090 est tout proche des naufragés. Mais impossible de les repérer. « Il y avait des creux de 3 à 4 mètres, se souvient Yann Riou. Je voyais de temps en temps le feu blanc de leur canot de survie entre deux vagues. Nous leur avons demandé de tirer un feu rouge de détresse et nous avons pu les récupérer. »
« Ils se portaient bien », se souvient Cathy Thomas. Infirmière de métier, elle a fait passer un bilan en premiers secours aux naufragés, qu’elle a transmis aux pompiers qui les ont accueillis à Loguivy-de-la-Mer, avant de les conduire à l’hôpital de Paimpol.