Visionnez ci-dessous la vidéo du démoulage de la première coque de NSH1, le nouveau navire de sauvetage des Sauveteurs en Mer :
Deux nervures très marquées intriguent. L’architecte, Frédéric Neuman, explique qu’un deuxième « redan »* a été ajouté après calculs en bassin de carènes numériques**, pour que le comportement dans les vagues soit optimal, aussi bien quand elles poussent le bateau de l’arrière, que quand il les affronte de face.
Les essais étaient virtuels, comme les plans sont numériques. Ils ont servi au sous-traitant spécialisé AMC (Atlantique moulage composite), à usiner la forme de la coque dans du polystyrène avec une machine à cinq axes. Un moule parfaitement rigide et lisse a été réalisé dans ce bloc.
Au chantier Couach, maître d’œuvre retenu pour la construction de toute la nouvelle flotte de la SNSM, ce moule a été garni de couches successives. Sur le gelcoat (la peau extérieure) sont venus s’ajouter tissus de verre et renforts longitudinaux. Coulés dans la masse, ils assureront résistance et durée de vie à ces bateaux qui ont été conçus pour une durée de vie de 40 ans (30 ans pour la flotte actuelle). Ceci n’est pas accompli par des ouvriers passant la résine au rouleau, mais grâce à des bâches transparentes étanches et une quantité de petits tuyaux évoquant une BD de science-fiction. Le vide a été fait entre le moule et les bâches, et la coque a tout doucement été injectée de résine jusque dans le moindre recoin. Cette « infusion » a duré 12 heures.
Fréderic Neuman, comme Gérard Rivoal, chef d’orchestre de ce grand programme à la SNSM, sont impressionnés par le savoir-faire et la qualité de réalisation du chantier de Gujan-Mestras, près d’Arcachon. Jean-Jacques Toussaint, chef de projet chez Couach, précise que tous les ingrédients de la coque ont été pesés et que le résultat final sera pesé à son tour. Le respect du devis de masse est le « nerf de la guerre » pour qu’un bateau soit bien dans ses lignes.
Les futurs utilisateurs ont été conviés au démoulage. Huit sauveteurs ont fait l’aller-retour dans la journée, depuis la station de L’Herbaudière (Noirmoutier), qui disposera de ce navire tête de série, après les essais opérationnels prévus cet été. Malgré la COVID, le retard est limité à environ trois mois. « Les 50 membres de la station seraient bien tous venus pour l’occasion », commente Noël Meunier, le président qui en est à son quatrième déplacement en tant que membre de l’équipe de programme. Ainsi associé à la conception générale avec d’autres représentants des sauveteurs, il peaufine avec eux l’ergonomie du pont et de la passerelle sur une maquette grandeur réelle. Quels équipements pour quel poste ? A quels emplacements ? Les échanges sont intenses ! Mais le président est très satisfait que des marins aux expériences et lieux d’exercice divers soient consultés. Il se sent très responsable à l’égard des autres stations qui seront dotées du bateau ainsi mis au point.
Huit commandes de NSH1 sont prévues dès réception de la tête de série pour fin 2021 pour ensuite passer à un rythme de croisière de 2 à 4 par an. Il essaye aussi de penser aux futurs sauveteurs qui seront à la barre dans 10, 20, ou 40 ans.
J.-C. H.
* Décrochement qui permet à la coque de s’élargir et de s’appuyer mieux sur l’eau dans certaines circonstances.
**Bassin simulant courants et vagues où on peut étudier le comportement d’une maquette de bateau.