Mardi 24 décembre, par mer grosse, le Liberty ship panaméen Azuero (135 m), fait route de Recife vers Bordeaux avec sa cargaison de sucre. Vers 10 heures, suite à une avarie de machine, le cargo talonne sur le banc de la Mauvaise, à l’entrée de la Gironde, l’une des zones les plus accidentogènes de la côte atlantique. Le cargo lance un SOS, immédiatement reçu par la station de Port-Bloc. À 10h30, le Capitaine de Corvette Cogniet, qui a pour patron Jean Bosser, appareille et arrive sur zone peu avant midi.
Il ne peut accoster l’Azuero à cause des brisants, mais quarante minutes plus tard, ce dernier met une embarcation à la mer. Cette baleinière, pleine d’eau, amène 11 hommes d’équipage au canot de sauvetage qui les recueille. Transis de froid, les naufragés sont aussitôt réchauffés et réconfortés.
Un hélicoptère de la Gendarmerie évacue de son côté 19 équipiers en plusieurs rotations. Le canot de la SNSM demeure sur zone malgré une mer déferlante pour apporter une aide éventuelle au cargo. Lorsque l’Azuero se casse en deux, son capitaine accepte enfin d’être évacué. À 16h10, le canot de sauvetage des Sauveteurs en Mer Capitaine de Corvette Cogniet débarque ses 11 naufragés à Royan, puis s’amarre à Port-Bloc à 17h. Mission accomplie.
Le capitaine de l’Azuero déclarera à Bordeaux : « Je tiens à transmettre un grand merci à tous ceux qui nous ont aidés et assistés. En particulier, je voudrais adresser ces remerciements aux hommes du canot de sauvetage qui, spontanément et bénévolement, ont risqué leur vie pour venir sauver les nôtres. »
La station de Port-Bloc, rebaptisée en 2005 station de Port-Médoc, créée en 1953 par la Société Centrale de Sauvetage des Naufragés, ancêtre de la SNSM
D’après un article de Patrice Brault, paru dans le Magazine Sauvetage n° 139 (1er trimestre 2017).
Pour aller plus loin…
Le terme « Liberty ship » désigne les quelque 2 710 cargos construits aux États-Unis au cours de la Seconde Guerre mondiale. Ces cargos étaient destinés à affirmer la volonté des États-Unis d’être l’arsenal du monde libre à aider la Grande-Bretagne à financer les acquisitions.
Le Capitaine de Corvette Cogniet est un canot tous temps de 1ère classe, en bois, de 14,35 m, construit en 1952 par les Chantiers navals de Normandie – Lemaistre à Fécamp. Il est équipé de deux moteurs diesel Baudoin de 55 CV. Il sert pendant 18 ans à Port-Bloc puis est affecté à l’Aberwrac’h. Là, le 7 août 1986, il se fracasse sur les rochers en allant porter secours à un bateau de plaisance de Morlaix, causant la mort des cinq membres d’équipage.
La station de Port-Bloc, rebaptisée en 2005 station de Port-Médoc, a été créée en 1953 par la Société Centrale de Sauvetage des Naufragés, ancêtre de la SNSM. Avant sa création, le sauvetage était assuré depuis 1876 dans l’estuaire de la Gironde par des remorqueurs ou des chalutiers à vapeur au sein d’une station dite de l’Embouchure de la Gironde. La station SNSM de Port-Médoc dispose aujourd’hui d’un canot tous temps de 17,6 m, le SNS 085 Madeleine Dassault. Il a été construit par le Chantier Bernard à Locmiquélic en 1995 et modernisé en 2013. Il est équipé de deux moteurs diesel Iveco de 380 cv chacun.
Les canotiers engagés sur le Capitaine de Corvette Cogniet :
Jean Bosser, patron,
François Jaffry, sous-patron,
Vuk, mécanicien,
Loyseau, radio,
Marc Blanc, Lucien Garaud, Gloaguen, Claude Oliveau et Yves Poineau, canotiers.