Plus tard, soigné et reposé, la victime a tenu à faire parvenir son témoignage aux sauveteurs qui lui sont venus en aide :
« Ce jour-là, je quitte la plage pour un cours de kitesurf avant la nuit. Je baigne dans l’euphorie, je ressens le besoin de sensations fortes. Je chevauche des vagues qui me semblent attirantes et perds la notion du temps, emporté par le vent.
Soudain, je chute brutalement. Je comprends que j’ai été éjecté de mon harnais. Je reste calme, je dois trouver une solution. Je sais que je suis encadré, donc je dois être patient. Je mets l’aile en sécurité [pliée pour ne plus prendre le vent, ndlr], mais je ne peux plus naviguer. La nuit tombe. Je comprends que je suis en danger.
Je commence à nager sur ma planche, mais ne parviens pas à déterminer si je me rapproche de la côte ou pas. Les vagues sont là pour me rappeler qui a le contrôle de la situation. Le temps commence à être long. J’ai des douleurs importantes dans le dos et dans une jambe, qui se bloque. Je vois au loin une petite lumière et devine que c’est un pêcheur. Cette lumière me donne beaucoup d’espoir et me guide. Je ne vais plus lâcher cette direction. Au bout d’un moment, la lumière disparaît, mais j’ai toujours envie d’avancer. Je prends un temps de pause. Le moindre bruit me fait extrêmement peur, je sais que je suis vulnérable.
« Je ne suis pas repéré, la peur m’envahit »
Beaucoup de choses me passent par la tête, mais une en priorité : mes enfants et mes parents. Pour eux, je dois revenir. L’eau est froide, les vagues frappent fort. J’entends un hélicoptère, je me demande si c’est possible. Oui, c’est ça ! Il me survole ! Je hurle et me dis que c’est maintenant ou jamais. Mais il ne me repère pas. La peur m’envahit. Je me calme. Je reprends la nage dans une mer déchaînée et une nuit d’un noir intense. J’aperçois un bateau, mais il change de direction. Je perds espoir. Je me dis que personne ne va me retrouver. Le bateau revient, c’est long, mais il se dirige vers moi. J’entends une voix : « Nous t’avons repéré, tu es sauvé ! Reste calme. »
En hypothermie, je ne peux quasiment pas bouger, mais je hurle de joie intérieurement, ils m’ont sauvé la vie ! Ils vont ramener un père à son fils et un fils à ses parents, qui ont besoin de lui. Je n’arrive pas à décrire le sentiment de reconnaissance que je ressens. Le courage est l’ancrage de cet équipage. Une fois à bord de leur bateau, ils me prodiguent des soins précieux. J’ai énormément de reconnaissance envers les sauveteurs. Ils ont pris des risques pour me sauver la vie. Ce sont de grandes femmes et de grands hommes ! »