Antoine, 18 ans, est un miraculé. À quelques minutes près… « J’étais épuisé, mes muscles étaient douloureux, je me suis rendu compte que je n’arriverais jamais à rejoindre la plage. Je pensais lâcher prise quand j’ai vu le bateau des sauveteurs venir vers moi. Ils m’ont sauvé la vie. Sans eux, je serais sûrement au fond de l’eau. »
Un témoin providentiel et un dispositif de sauvetage très réactif
Tout avait pourtant bien commencé. Des vacances en famille en Corse. Des plages magnifiques, mais… surchargées de touristes en ce milieu du mois d’août à Propriano. Direction donc un endroit moins fréquenté, un peu à l’écart, la plage du Robinson. Il est presque midi, le soleil tape. Antoine voit bien les vagues impressionnantes, au loin, à l’orée de la bande des 300 mètres, mais il est bon nageur, il a l’habitude de la mer du Nord ; la Méditerranée ne lui fait pas peur. Il commence à s’éloigner du bord. « À 200 mètres de la plage, je me rends compte que je suis seul dans l’eau. C’est à ce moment-là qu’une grosse vague s’écrase sur moi et me projette sous l’eau. Les vagues successives s’abattent, m’enfoncent sous l’eau, me laissant peu de temps pour reprendre ma respiration. Je n’arrive pas à rejoindre le bord. »
Antoine doit son salut aux bons réflexes d’une femme sur la plage. Elle voit que le jeune homme se noie et contacte le chef du dispositif SNSM du golfe de Valinco, Antoine-Jean Giannetti, qui alerte le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) et engage aussitôt le patrouilleur, un semi-rigide armé par des nageurs sauveteurs. Située à moins de cinq minutes de navigation, l’embarcation fonce sur zone tandis qu’à terre, la femme qui a donné l’alerte empêche une autre vie de se mettre en danger en dissuadant le père d’Antoine de se jeter à l’eau pour secourir son fils. Arrivé près du jeune homme, malgré une barre de déferlantes de 2 mètres, Mathieu Dedieu, nageur sauveteur, se met à l’eau pour sécuriser la victime et la hisser rapidement à bord du semirigide. Antoine est presque inconscient, il a avalé beaucoup d’eau. Le CROSS oriente alors le SNS 731 A Misericordia vers le port de Propriano pour confier la victime aux pompiers et au SMUR. Elle sera ensuite évacuée en hélicoptère vers l’hôpital d’Ajaccio.
« Si la victime avait été prise en charge deux ou trois minutes plus tard par les sauveteurs, elle se serait très certainement trouvée en arrêt cardiaque », témoigne Guillaume Turpin, inspecteur adjoint des nageurs sauveteurs, présent ce jour-là.
Antoine-Jean Giannetti, par ailleurs président de la station de Propriano et directeur du centre de formation et d’intervention de Corse, est à l’origine de la création, il y a neuf ans, de ce dispositif estival hyper-réactif. « Le golfe de Valinco, c’est beaucoup de plages qui dépendent de quatre communes différentes. Il faudrait dix à quinze postes de secours pour couvrir le secteur. Cela serait difficilement faisable et très onéreux pour les communes. » Avec son semi-rigide, opérationnel de début mai à fin septembre, la station de Propriano assure une patrouille nautique qui effectue à la fois de la prévention et de nombreuses interventions. « Nous pouvons traverser le golfe en moins de dix minutes, alors qu’en voiture, il faut compter au minimum quarante minutes, voire plus d’une heure. » Avec deux cent soixante-dix interventions dès le premier été d’utilisation du patrouilleur, on peut en effet parler de nombreuses missions. Un dispositif désormais bien rodé, mobilisé à la demande du CROSS, mais également du centre opérationnel départemental d’incendie et de secours, et qui a fait des émules en Corse-du-Sud puisque les communes de Bonifacio et Sartène
ont également mis en place des patrouilleurs.
Nos sauveteurs sont formés et entraînés pour effectuer ce type de sauvetage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !
Équipages engagés
Patrouilleur SNS 731 A Misericordia
Chef du dispositif : Antoine-Jean Giannetti
Chef de poste : Étienne Veillet
Nageurs sauveteurs : Mathieu Dedieu et Thibault Bietry
Article rédigé par Marjorie Biran, diffusé dans le magazine Sauvetage n°159 (1er trimestre 2022)