Nouveaux loisirs, nouveaux dangers ?

Des équi­pe­ments de plus en plus sophis­tiqués permettent de se faire plai­sir sur l’eau et leurs adeptes sont de plus en plus nombreux à les utili­ser. Quels sont les risques ? Comment les limi­ter ?

""
Dernier-né, le wingfoil pourrait se développer rapidement. L'aile est simplement tenue à deux mains et l'engin peut décoller par vent modéré. © Boards & More

Dimanche 15 novembre 2020. Bretagne sud. Confi­ne­ment. Coup de vent force 8. On commence à avoir du mal à marcher contre le vent sur le chemin côtier pendant son heure régle­men­taire de prome­nade. Personne en mer, pense-t-on. Heureu­se­ment.

Tout à coup, l’œil est attiré par une tache rouge, puis une verte. Elles semblent se dépla­cer. Vite. Elles dispa­raissent et réap­pa­raissent. Deux objets à voile non iden­ti­fiés, dont les utili­sa­teurs viennent de tomber à l’eau. Pas éton­nant dans cette houle écumante. Sont-ils en diffi­culté ? Faut-il aler­ter ? Pas de jumelles sous la main. Heureu­se­ment, l’un d’entre eux revient à la plage, sans diffi­culté appa­rente, jeune, en pleine forme, mani­fes­te­ment très entraîné. Au moins, il est équipé d’un casque et d’une combi­nai­son épaisse en néoprène, qui lui assure une certaine flot­ta­bi­lité.

Quel est son engin ? Une planche courte et épaisse, dotée d’une quille à foil assez impres­sion­nante et d’une petite voile gonflable, courbe, rappe­lant un peu une aile de kite. Elle semble être tenue à la force des bras. Ce n’est pas un paddle à foil, ce n’est pas un surf à foil, ce n’est pas une planche à voile à foil, ce n’est pas un kite à foil. Encore moins un déri­veur ou un cata à foil. Rensei­gne­ments pris, c’est l’un des derniers-nés des engins à foils : un wing­foil (à ne pas confondre avec le wind­foil ou planche à voile à foil).  Bruno Sroka, cham­pion de kite – c’est lui qui a passé le cap Horn en kite –, à la tête de Sroka Company, une de ces entre­prises surfant sur les vagues succes­sives de ces nouvelles pratiques le pronos­tique :

C’est une pratique qui va explo­ser l’été prochain

Tout s’est bien terminé ce jour là. Mais on imagine le pire. Qui aurait donné l’alerte ? Comment ? Certes, ils étaient deux, mais avaient-ils un proche à terre qui veillait sur eux ? S’ils étaient partis avec un télé­phone portable dans un étui étanche, auraient-ils réussi à s’en servir ? S’il avait fallu les secou­rir, des sauve­teurs auraient risqué leur vie dans un temps de chien pour les retrou­ver non sans peine. Un bonhomme en combi­nai­son noire sur une planche dans la tempête se voit très diffi­ci­le­ment. L’équi­page aurait même pu se mettre en danger pour une fausse alerte. Elles sont fréquentes (près de 13 %) dans des régions où nous sommes nombreux à avoir le numéro d’ap­pel du centre régio­nal opéra­tion­nel de surveillance et de sauve­tage (CROSS) – le centre de coor­di­na­tion des secours en mer – préen­re­gis­tré dans le télé­phone (196, ou numéro du CROSS couvrant la zone). Bruno Sroka lui-même est désolé d’avoir déclen­ché bien invo­lon­tai­re­ment une fausse alerte en perdant une aile de proto­type de wing­foil, en rade de Brest. « Je rentrais sans problème sur ma planche, vent dans le dos, en pagayant avec les mains, mais quelqu’un s’est inquiété.  »

""
Dernier-né, le wing­foil pour­rait se déve­lop­per rapi­de­ment. L’aile est simple­ment tenue à deux mains et l’en­gin peut décol­ler par vent modéré. © Boards & More

La fasci­na­tion, l’inquié­tude et la perplexité des anonymes devant ces pratiques spec­ta­cu­laires sont parta­gées par les sauve­teurs, les experts et l’ad­mi­nis­tra­tion. Va-t-on vers une multi­pli­ca­tion des acci­dents ? Comment les préve­nir ? Le prin­cipe du foil était connu depuis long­temps. C’était le rêve de faire voler au-dessus de l’eau, libéré des frot­te­ments qui le ralen­tissent, un engin flot­tant dont les aile­rons s’ap­puient sur l’eau comme les ailes d’un avion sur l’air quand une certaine vitesse est atteinte. Au cours des toutes dernières années, l’évo­lu­tion des maté­riaux et une rela­tive simpli­fi­ca­tion des concep­tions ont déclen­ché une vague d’in­té­rêt et de créa­ti­vité, notam­ment pour tout ce qui est engins de loisirs nautiques à foil.

Si c’est plus facile, on est plus nombreux

La voile n’est pas seule concer­née. On voit arri­ver, avec tout autant de fasci­na­tion que de perplexité, la loca­tion de planches à foil élec­triques. Si l’on parle de loca­tion, c’est que la prise en main doit être moins diffi­cile qu’elle n’en a l’air. Ceux qui se souviennent de leur inca­pa­cité à sortir de l’eau la voile des premières planches à voile, et à avan­cer avant d’être épui­sés, regardent aujour­d’hui évoluer les jeunes en imagi­nant que c’est encore plus diffi­cile. C’est plus ou moins vrai. Nos inter­lo­cu­teurs oscil­lent entre deux visions. Idée rassu­rante, l’usage des engins à foil est réservé à des spor­tifs expé­ri­men­tés suppo­sés prudents. Autre version, certains maté­riels sont plus faciles à appri­voi­ser et l’on va vers une multi­pli­ca­tion des débu­tants.

Pour le wing­foil, qu’il imagine pratiqué surtout par 10 nœuds de vent sur mer rela­ti­ve­ment plate avec une voile un peu plus grande que celle des risque-tout du 15 novembre, Burno Sroka entre­voit un usager de 40 ou 50 ans qui a fait de la planche à voile, du kite ou du surf plus jeune. Ce pratiquant s’y remet grâce à un engin amusant et vite maniable, après avoir regardé un tuto­riel sur Inter­net. Cette évolu­tion vers une rela­tive faci­lité ne se limite pas aux foils. Matthieu Coudreuse, méde­cin urgen­tiste à Bayonne, et méde­cin réfé­rent des Sauve­teurs en Mer qui voit passer des acci­den­tés de surf – sport qu’il pratique lui-même –, souligne l’exis­tence de nouveaux maté­riels qui permettent aux débu­tants de prendre leur première vague et de se mettre debout plus faci­le­ment qu’avant. De même, en inter­ro­geant certains des jeunes nageurs sauve­teurs de la SNSM pour un précé­dent dossier sur le kite­surf, nous avions décou­vert qu’il est moins diffi­cile qu’on ne le pense de démar­rer en kite parce que l’on apprend à maîtri­ser l’aile seule à pied sec sur la plage, avant de tenter la navi­ga­tion sur la minus­cule planche.

Qui dit pratique rela­ti­ve­ment acces­sible et budget à portée de bourse prévoit logique­ment l’em­bou­teillage aux beaux jours. Avec le nombre augmentent les risques de colli­sions et de conflits d’usages entre les diffé­rentes pratiques nautiques ou avec les baigneurs.

Quels acci­dents craint-on ?

Les craintes expri­mées entre­mêlent l’ex­pé­rience des engins exis­tants avec ce que l’on peut s’at­tendre avec les foils. D’abord, on peut se faire mal à soi-même avec son propre maté­riel, auquel on est relié par une longe de sécu­rité pour ne pas le perdre. En surf, les acci­dents à la tête dominent (plus de 50 % d’après Matthieu Coudreuse et les statis­tiques du SNOSAN*, dont nous repar­le­rons). En kite, ce sont plutôt les acci­dents des membres infé­rieurs, notam­ment à cause des sauts.

Plus on va vite, plus les chocs sont violents

Dixit Fabrice Levet et Chris­tophe Lino, à l’École Natio­nale de Voile et des Sports Nautiques (ENVSN) de Quibe­ron. Une grande vitesse sur foil peut se termi­ner par un arrêt brutal, avec une violente décé­lé­ra­tion. Les coureurs du Vendée Globe se font mal quand leurs bolides plantent bruta­le­ment dans une vague ou sont arrê­tés par quelque chose dans l’eau. Même risque pour les pilotes ou passa­gers de pneu­ma­tiques semi-rigides à moteur qui tapent à trop grande vitesse dans une vague, note Charles Hudelo, président de la commis­sion médi­cale de la SNSM et sauve­teur à Dunkerque.

En kite ou planche à voile, on connaît le risque de ne pas pouvoir reve­nir au bord parce que le vent est tombé. Il faut prendre la météo. Les engins à foil aiment bien du vent un peu soutenu sur une mer restant plate. On peut craindre la tenta­tion des vents de terre, qui apla­tissent la mer mais poussent au large. Enfin, si les utili­sa­teurs se multi­plient et se rassemblent, les colli­sions entre eux ou avec les baigneurs ou pratiquants d’autres disci­plines sont possibles. On sait déjà qu’une aile de kite mal maîtri­sée peut assom­mer et des suspentes – qui relient l’aile au surfeur – couper. On se doute qu’il ne fait pas bon rece­voir un surf ou un paddle sur la tête, même sans foil, et encore moins avec. Les engins à foil sont plutôt silen­cieux et virent moins sec que les autres, note un inté­res­sant docu­ment établi à l’ini­tia­tive de la préfec­ture du Finis­tère pour tenter d’éva­luer les risques**. Les foils eux-mêmes peuvent bles­ser. Certes, le bord d’at­taque est arrondi, mais il peut arri­ver à grande vitesse. Le bord de fuite est coupant. Atten­tion pendant les mani­pu­la­tions, y compris pour les sauve­teurs.

Tentons quand même de nous rassu­rer sur les évolu­tions à venir. Tous les engins à foil ne déboulent pas aux vitesses hallu­ci­nantes atteintes par les cham­pions en kite­foil. Un paddle à foil peut décol­ler à la force des bras à des vitesses très, très infé­rieures. Idem pour les e-foils.

Les foils permettent de surfer des houles molles, pas assez puis­santes pour le surf clas­sique

souligne Bruno Sroka. Même logique pour le wing­foil, avec une surface de foil impor­tante qui permet de décol­ler à des vitesses raison­nables. «  Pensez à l’Air­bus A380 », nous répète le cham­pion pour se faire comprendre. Tous n’ont pas besoin des mêmes condi­tions de houle, de vent, de profon­deur. On peut imagi­ner que des regrou­pe­ments spon­ta­nés des diffé­rentes pratiques se feront à des endroits diffé­rents, en fonc­tion des confi­gu­ra­tions locales.

À Dunkerque, il existe un kite­park, se féli­cite Charles Hudelo. Ailleurs, ce n’est peut-être pas la bonne idée. C’est donc au maire de déci­der s’il faut régle­men­ter, sépa­rer les acti­vi­tés, ou pas. Cette répar­ti­tion des respon­sa­bi­li­tés semble claire pour le chef de la Mission Plai­sance, à Paris (cf. enca­dré régle­men­ta­tion), comme pour la préfec­ture du Finis­tère, à Quim­per. C’est égale­ment la commune ou la commu­nauté de communes qui peut adap­ter le dispo­si­tif de sauve­tage sur la bande des 300 mètres à partir de la plage (cf. enca­dré Que peuvent les sauve­teurs pour vous ?).

* Système natio­nal d’ob­ser­va­tion de la sécu­rité des acti­vi­tés nautiques : dédié à la préven­tion des risques liés à la navi­ga­tion de plai­sance et aux sports nautiques, il collecte et analyse les données afin de renfor­cer et parta­ger la connais­sance.

** Dispo­nible sur le site www.finis­tere.gouv.fr

Que disent les statis­tiques ? 

Autre manière de se rassu­rer, qui peut cepen­dant deve­nir inopé­rante au premier acci­dent spec­ta­cu­laire.

Pour le moment, aucun gros pépin ne nous est remonté concer­nant les pratiquants du foil

disent d’une même voix tous nos inter­lo­cu­teurs, que ce soit Guillaume Turpin, à l’ins­pec­tion des nageurs sauve­teurs de la SNSM, Fabrice Levet et Chris­tophe Lino, char­gés de mission SNOSAN à l’ENVSN de Quibe­ron, ou le méde­cin déjà cité. Rien à voir avec les impor­tants chiffres de l’ac­ci­den­to­lo­gie concer­nant les baigneurs qui se noient sans aucun engin parti­cu­lier et les plai­san­ciers faisant appel aux sauve­teurs, notam­ment les bateaux à moteur de moins de 8 m, parmi lesquels on voit se multi­plier les pneu­ma­tiques à « moteur semi-rigides ». Ce sont eux, notam­ment, qui expliquent la forte augmen­ta­tion d’ac­ti­vité du sauve­tage, que dénotent les premiers chiffres de la saison d’été 2020. Plus de monde sur l’eau pour oublier la Covid-19, plus d’ap­pels aux CROSS. Les pics des week-ends de grand beau temps ont été spec­ta­cu­laires. Cela dit, il faut avouer que la couver­ture statis­tique de ce qui se passe dans la zone la plus proche de la côte – zone où se déve­loppent les pratiques qui nous inté­ressent dans ce dossier – est encore impar­faite.

Les CROSS font remon­ter systé­ma­tique­ment un rapport sur toute inter­ven­tion au-delà, en mer, même les fausses alertes. Rien d’aussi exhaus­tif jusqu’ici pour les plages et la zone des 300 mètres. Point impor­tant : l’am­bi­tion de tous ceux qui se préoc­cupent de sécu­rité est d’amé­lio­rer cette connais­sance statis­tique pour en tirer rapi­de­ment les leçons les plus fines et les plus perti­nentes possible. Ils ont mis en place un instru­ment collec­tif, le SNOSAN, pour parta­ger leurs chiffres et pouvoir les exploi­ter en commun grâce à tous les instru­ments d’étude des big data (cf. www.snosan.fr). « Le SNOSAN devrait se déve­lop­per dans une phase 2, qui commence  », explique Xavier Nico­las, chef de la Mission Plai­sance à la direc­tion des Affaires mari­times. Aux parte­naires du début – les CROSS, les Sauve­teurs en Mer, l’ENVSN – s’ajoutent les pompiers, qui inter­viennent souvent sur les plages et près de la côte, notam­ment hors saison, le minis­tère de l’In­té­rieur et Météo France, car il est impor­tant de consi­dé­rer les circons­tances météo. La connais­sance des acci­dents sera la meilleure manière de les préve­nir, voire de les anti­ci­per.

Un outil prédic­tif anti­ci­pant les courants de baïnes sur les côtes de la Gironde, conçu par le SAMU 33, permet ainsi de pré-posi­tion­ner un héli­co­ptère de la Sécu­rité civile plus près des plages ces jours-là.

Les solu­tions ?

Faisons donc confiance à l’in­no­va­tion. Le kite­surf est un bon exemple d’évo­lu­tion du maté­riel en fonc­tion de l’ac­ci­den­to­lo­gie. Au début, il y a eu quelques acci­dents très graves parce que des usagers surpris par un chan­ge­ment du vent ont été entraî­nés par leur aile hors de l’eau sur des rochers ou même des bâti­ments. La solu­tion a été de prévoir des dispo­si­tifs de largage et de conseiller en plus l’em­port d’un couteau. Les surfs aussi ont fait, semble-t-il, des progrès de sécu­rité grâce aux mousses et à des aile­rons plus arron­dis. Les conseils évoluent aussi pour le Jet-Ski® (cf. enca­dré Jet-Ski®, un exemple d’ac­ci­den­to­lo­gie).

Les Sauve­teurs en Mer proposent, de leur côté, un instru­ment inno­vant et simple de repé­rage et de sauve­tage spécia­le­ment destiné aux pratiquants des loisirs nautiques proches de la côte (cf. enca­dré DIAL). On peut imagi­ner que des drones permettent un jour de limi­ter les consé­quences des fausses alertes en allant véri­fier si la personne est vrai­ment en danger. Du maté­riel existe aussi pour se proté­ger. Le port du casque, par exemple, est de plus en plus unani­me­ment recom­mandé. La Fédé­ra­tion Française de Voile – FFV – l’a même rendu obli­ga­toire pour les compé­ti­tions en foils. En revanche, Matthieu Coudreuse, l’ur­gen­tiste du sud-ouest, déplore de ne pas en voir encore assez, notam­ment en surf où l’image de liberté, cheveux au vent, domine. Il estime que les écoles et leurs moni­teurs ne donnent pas assez l’exemple et que les cham­pions auraient aussi un rôle à jouer. « Les rugby­mans ont bien fini par en porter  », souligne-t-il.

In fine, beau­coup dépen­dra de l’at­ti­tude des pratiquants, de plus en plus nombreux, de tous ces sports nautiques. Ils ont déjà en commun avec les marins le goût de la liberté. Il faut qu’ils partagent aussi large­ment leurs sens de la respon­sa­bi­lité et de la soli­da­rité.

Faites-vous plai­sir ; et soyez respon­sables.

 


Faut-il régle­men­ter ?

Telle que l’ex­prime Xavier Nico­las, chef de la Mission Plai­sance à la direc­tion des Affaires mari­times, la philo­so­phie de l’ad­mi­nis­tra­tion s’est beau­coup moder­ni­sée. Plus ques­tion de tout régle­men­ter pour se donner un faux senti­ment de sécu­rité. Plus ques­tion de courir après chaque inno­va­tion pour la mettre dans une case. Essayons de mieux connaître et de mesu­rer les acci­dents pour mieux préve­nir et conseiller. D’où l’im­por­tance de la base statis­tique du SNOSAN. «  On ne peut chan­ger que ce que l’on peut mesu­rer. »

La plai­sance est un secteur extrê­me­ment créa­tif. Il faut être rigou­reux mais ouvert. Par rapport au nombre de pratiquants (treize millions, dont neuf occa­sion­nels), le nombre d’ac­ci­dents graves n’est pas énorme, même si chaque acci­dent est regret­table. Si vous avez des doutes sur la régle­men­ta­tion s’ap­pliquant à votre pratique, lisez la divi­sion 240, mélange de régle­men­ta­tion et de conseils qui divise l’es­pace mari­time en trois bandes, jusqu’à 300 mètres, entre 300 mètres et 2 milles (3,7 kilo­mètres) et jusqu’à 6 milles (11,1 kilo­mètres). On ne veut voir dans les 300 mètres, près des baigneurs, que les « engins de plage » qui n’ont pas la capa­cité d’al­ler plus loin et ne risquent pas de bles­ser les autres. Le gros des engins de loisirs nautiques doit évoluer entre 300 mètres et 2 milles. Plus on s’éloigne, plus on impose ou conseille au pratiquant une aide à la flot­ta­bi­lité pour pouvoir attendre les secours, ainsi qu’un repé­rage lumi­neux pour qu’on le retrouve si on n’a pas pu le secou­rir avant la tombée de la nuit. Les kayaks et véhi­cules nautiques à moteur auto­ri­sés à aller au-delà des 300 mètres doivent dispo­ser de moyens de navi­ga­tion (GPS, carto­gra­phie) et ne pas partir tout seuls. C’est du bon sens. 

""
On apprend, bien sûr, à manier son aile de kite loin des baigneurs. © C. Cholez

Jet-Ski®, un exemple d’ac­ci­den­to­lo­gie

L’évo­lu­tion des préco­ni­sa­tions concer­nant les véhi­cules nautiques à moteur (VNM) est un bon exemple d’étude des acci­dents pour faire évoluer la pratique. Méde­cin urgen­tiste et méde­cin réfé­rent des sauve­teurs SNSM du Var, Muriel Vergne a été aler­tée par des cas de passa­gers, et surtout de passa­gères, en maillot de bain, ayant subi de graves lésions au bas-ventre sous la pres­sion du jet propulsé par le VNM. D’où le conseil diffusé main­te­nant aussi large­ment que possible : « Le port d’un shorty ou d’une combi­nai­son en néoprène est forte­ment recom­mandé pour les passa­gers. Atten­tion aux chutes des passa­gers par l’ar­rière ! »
Guillaume Turpin, inspec­teur adjoint aux nageurs sauve­teurs, complète : « La partie arrière du Jet-Ski®, qui est compo­sée d’un moteur à turbine, peut être dange­reuse sur les phases de démar­rage, notam­ment lorsque l’usa­ger met pleins gaz. Il serait inté­res­sant de mener une campagne de sensi­bi­li­sa­tion sur les dangers de la pratique auprès des loueurs de Jet-Skis® et des plai­san­ciers passant le permis bateau. »

""
Atten­tion aux risques pour la passa­gère si elle tombe à l’eau ! © Foto­lia

Que peuvent les sauve­teurs pour vous ?

Depuis plusieurs années déjà, l’or­ga­ni­sa­tion des Sauve­teurs en Mer évolue pour mieux porter assis­tance aux pratiquants des loisirs nautiques « de la dune au large », quelles que soient les limites admi­nis­tra­tives et, notam­ment, dans la zone proche de la côte. Les nageurs sauve­teurs des plages et les sauve­teurs embarqués des canots de sauve­tage se forment et apprennent à travailler ensemble. Cela dit, le sauve­tage sur les plages et dans la bande des 300 mètres est de la respon­sa­bi­lité des communes. Les maires décident et financent. La SNSM leur propose des moyens. Elle a, entre autres, déve­loppé et expé­ri­menté avec succès un système de patrouilles par des nageurs sauve­teurs sur des pneu­ma­tiques semi-rigides, qui peuvent inter­ve­nir très rapi­de­ment pour porter assis­tance sur des plages non surveillées, et aider ou sauver les amateurs de loisirs nautiques et plai­san­ciers proches de la côte. Vous les verrez peut-être l’été prochain si les maires de vos villé­gia­tures en décident ainsi.

""
Là où les communes le souhaitent, des nageurs sauve­teurs peuvent patrouiller sur des semi-rigides simi­laires à celui-ci. ©AD Langlet

Marquez votre maté­riel

Le marquage des ailes de kite est désor­mais obli­ga­toire (nom, télé­phone, e-mail). On le conseille pour tout ce qui peut partir à la dérive, de la bouée de repé­rage de plon­geur au kayak laissé sur une plage. On ne veut pas vous « fliquer » mais seule­ment d’évi­ter à des sauve­teurs béné­voles de passer des heures à vous cher­cher suite à une perte de maté­riel alors que vous êtes en sécu­rité. Dans ce cas, préve­nez le CROSS au 196. Il paraît que les pratiquants ne veulent pas person­na­li­ser un maté­riel qu’ils reven­dront d’oc­ca­sion. Inven­tons une étiquette amovible et soli­de­ment accro­chée !


DIAL, la solu­tion pour les loisirs nautiques

Quand on inves­tit quelques centaines ou milliers d’eu­ros dans un nouveau loisir nautique, on a les moyens d’en consa­crer 149 à sa sécu­rité. C’est le prix de DIAL, le brace­let de secours étanche déve­loppé et vendu par la SNSM pour les plan­chistes, kite­sur­feurs, surfeurs et adeptes du kayak ou du foil. Connecté au réseau GSM des télé­phones portables et doté d’une puce GPS, DIAL permet à un membre de la famille ou ami de suivre vos évolu­tions en mer sur son Smart­phone. Si vous êtes en diffi­culté, vous appuyez sur le bouton. À terre, votre contact décide s’il peut vous récu­pé­rer tout seul ou s’il faut appe­ler les secours.

© D.R

 

Dossier rédigé par Jean-Claude Hazera dans le maga­zine Sauve­tage n°155 (1er trimestre 2021)