La pomme de touline

La pomme de touline, ou lance-amarre, est un nœud marin tradi­tion­nel tressé à l’ex­tré­mité d’une touline. Dans le domaine nautique, la touline est un filin léger de petit diamètre destiné à l’amar­rage, au remorquage ou au levage d’objets en milieu mari­time.

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Le terme touline est dérivé du mot « towline » en anglais, signi­fiant « ligne de remorquage ».  Pourquoi « pomme de touline » ? On nomme ce nœud d’ar­rêt ainsi en raison de sa forme de boule, faisant penser à une pomme. Il est aussi appelé nœud de poing de singe. Cette pomme de touline a été réfé­ren­cée dès 1889 dans le Log-Book Notes through Life d’Eli­za­beth A. Little et reste encore aujour­d’hui en usage sur les navires.

À quoi sert la pomme de touline ?

Histoire de la pomme de touline

La pomme de touline a été inven­tée pour aider les marins à lancer effi­ca­ce­ment les cordages lors de diffé­rentes manœuvres de nautisme, en parti­cu­lier pour amar­rer un bateau.

Au XIXème siècle, les navires étaient souvent très impo­sants. Leurs aussières d’amar­rage (cordages servant à atta­cher le navire à quai, à un autre navire ou à une bouée) étaient très lourdes, encom­brantes et diffi­ciles à mani­pu­ler. En effet, elles faisaient parfois plus de 10 cm de diamètre. La touline était donc une corde­lette reliée à l’amarre du bateau dans son allon­ge­ment et servait à faci­li­ter sa trans­mis­sion au lama­neur (marin spécia­lisé dans les opéra­tions d’as­sis­tance à l’amar­rage et au largage des amarres d’un navire).

Avec le temps, l’ex­pé­rience et la pratique, les mate­lots avaient pris l’ha­bi­tude de fixer un poids (géné­ra­le­ment un caillou) au bout de la touline, afin de mieux viser lors du lancer. Elle servait donc de messa­ger entre le navire et le quai.

Il est vite devenu évident qu’un cordage noué autour de la pierre permet­tait d’amor­tir le choc à la récep­tion de la touline par le lama­neur. Progres­si­ve­ment, le mate­lo­tage a permis de créer un beau nœud de cordage entre­lacé autour du poids choisi : la pomme de touline était née. Tres­sée à l’ex­tré­mité de la touline, elle avait alors pour objec­tif de lester le bout d’amar­rage pour assu­rer une plus grande maîtrise de la portée et de la préci­sion du lancer. Par la même occa­sion, sa forme permet­tait au mate­lot à quai de mieux récep­tion­ner le bout.

Une fois l’aus­sière du navire à terre, il fallait l’at­ta­cher. Elle était donc halée jusqu’au quai et frap­pée sur une bitte d’amar­rage, un bollard ou un anneau. Lorsque toutes les aussières étaient atta­chées, le navire était enfin amarré.

Faire un nœud de pomme de touline était notam­ment très utile en cas de vagues et de vent. En effet, lorsque les condi­tions météo­ro­lo­giques étaient mauvaises pour navi­guer, amar­rer de gros bâti­ments pouvait s’avé­rer plus diffi­cile. Grâce à cette boule alour­dis­sant la touline, l’opé­ra­tion était opti­mi­sée et contri­buait alors à sécu­ri­ser rapi­de­ment le navire.

À quoi sert la pomme de touline de nos jours ?

La pomme de touline est plus rare­ment utili­sée pour l’amar­rage des bateaux. Les amarres, qui étaient habi­tuel­le­ment consti­tuées de chanvre, sont aujour­d’hui plus légères et fabriquées dans de nouvelles fibres comme le nylon, le poly­es­ter ou le poly­pro­py­lène. Ces maté­riaux offrent une plus grande dura­bi­lité et peuvent suppor­ter une forte tension lors d’un amar­rage. Cepen­dant, la pomme de touline reste un nœud de lestage très utile pour les navires de gros tonnage ou en cas de remorquage en mer. Elle est aussi consi­dé­rée comme un nœud esthé­tique, pouvant servir de déco­ra­tion marine. On en retrouve régu­liè­re­ment en boutiques de bord de mer, vendues en tant qu’objets déco­ra­tifs origi­naux. La pomme de touline peut servir de bijou, de cale-porte, de porte-clefs ou de pied de lampe. On peut même en faire des suspen­sions ou des boutons de manchette.

Ce dont vous avez besoin pour réali­ser une pomme de touline

Le nouage peut se construire de diffé­rentes manières, avec les maté­riaux de votre choix, en fonc­tion de l’usage que vous souhai­tez en faire. Le textile ou la fibre choi­sie n’est pas forcé­ment la même pour déco­rer votre inté­rieur que celle sélec­tion­née pour un usage profes­sion­nel. Vous trou­ve­rez tout ce dont vous avez besoin pour tres­ser votre pomme de touline en maga­sin d’ac­cas­tillage ou de loisirs créa­tifs.

Voici les éléments dont vous pour­riez avoir besoin pour la confec­tion d’une pomme de touline :

  • une corde marine solide et flexible. Choi­sis­sez une fibre en chanvre pour un aspect tradi­tion­nel, un cordage en nylon ou poly­es­ter pour une plus haute résis­tance. La longueur de la corde et son épais­seur dépendent de la taille du nœud que vous voulez obte­nir (un plus gros diamètre pour une pomme de touline profes­sion­nelle et plutôt un cordon ou une ficelle pour un petit modèle). Vous pouvez choi­sir un colo­ris fantai­sie comme le doré, l’ar­genté ou le fluo, ou bien plus commun comme le bleu-ciel, le marron ou le bleu-marine. Il est même possible de faire une pomme de touline bico­lore ;
  • une bille ou une perle en bois pour consti­tuer l’âme de votre nœud de lestage (option­nel, car vous pouvez aussi la faire en cordage) ;
  • une aiguille à voile­rie ou un épis­soir creux pour aider à correc­te­ment placer les brins quand vous resser­rez le nœud ;
  • un briquet pour brûler les extré­mi­tés ou un coupeur de cordage ;
  • un couteau pour couper et façon­ner le cordage ;
  • des ciseaux ;
  • de la pein­ture si vous dési­rez trem­per la pomme de touline dedans pour l’alour­dir et limi­ter son usure.

Réali­ser une pomme de touline étape par étape

La pomme de touline se compose d’en­rou­le­ments conti­nus du même cordage, compre­nant plusieurs ganses imbriquées les unes dans les autres, sur trois axes. En effet, le plus souvent, on triple le tres­sage, mais il est possible de nouer encore plus de tours pour obte­nir une boule plus grosse.

Comment faire un nœud de pomme de touline ?

  1. Faire 3,5 tours morts autour de votre main ;
  2. Intro­dui­sez une âme à l’in­té­rieur du nœud si vous le souhai­tez ;
  3. Après le ½ tour, bifurquez à 90° et pour­sui­vez avec le même nombre de tours (vous pouvez vous aider en pinçant le dormant entre votre pouce et la paume de votre main) ;
  4. Faites un dernier passage de 3 tours pour tenir l’en­semble du nœud ;
  5. Ajus­tez l’en­semble à l’aide d’un épis­soir en ôtant progres­si­ve­ment le mou du brin, du dormant vers le courant. Pour un résul­tat harmo­nieux, rédui­sez le nœud sans trop serrer.

Voici égale­ment dans cette vidéos, réali­sée par les Sauve­teurs en Mer de Bandol, comment confec­tion­ner une pomme de touline à partir d’un nœud de carrick : 

La pomme de touline existe dans d’autres versions à 1 ou 4 brins. Pour une belle fini­tion, il est possible de réali­ser une épis­sure pour faire un œil qui permet­tra de suspendre votre tres­sage, ou de l’ac­cro­cher à une autre corde. 

Retrou­vez nos autres tuto­riels pour faire des nœuds, comme le nœud de pêcheur, le nœud de chaise ou encore le nœud de cabes­tan.

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