Programme Nouvelle Flotte : où en est-on ?

Depuis cinq ans, la SNSM mène une réflexion appro­fon­die autour de la concep­tion de sa nouvelle gamme de navires. Les objec­tifs ? Faire face au vieillis­se­ment de ses bateaux actuels, homo­gé­néi­ser sa flotte, amélio­rer encore et toujours la sécu­rité des sauve­teurs, s’adap­ter aux nouvelles pratiques nautiques et répondre aux enjeux écolo­giques. Comment ? En asso­ciant les futurs utili­sa­teurs à la réflexion et au proces­sus de déci­sion. Retour sur les premières étapes du programme.

nouvelle flotte de la snsm
© Couach / Barreau-Neuman
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Étape 1 : Sélec­tion d’un maître d’œuvre d’en­semble (avril 2018 à octobre 2019)

Le GT5, groupe de travail composé de sauve­teurs béné­voles expé­ri­men­tés et de repré­sen­tants du siège, a été chargé de la défi­ni­tion et de la vali­da­tion des besoins. Suite à ces travaux et à un appel à candi­da­tures lancé le 26 avril 2018, le chan­tier naval Couach a été sélec­tionné. Il assu­rera, dans le cadre d’un contrat signé le 17 octobre 2019, une pres­ta­tion globale depuis la concep­tion jusqu’à la mise à l’eau des navires.

Étape 2 : Études détaillées (octobre 2019 à mars 2020)

Le chan­tier Couach a proposé un concept géné­ral. Main­te­nant, on s’as­sure dans les détails que cette propo­si­tion corres­pond bien au cahier des charges et qu’elle est vrai­ment adap­tée à nos besoins.

Eric Geli­net, président de la station des Saintes


Autour de la table, il y a des gens du siège et des béné­voles qui arment les bateaux. Aucun des membres du groupe n’a été choisi au hasard. Chacun a quelque chose à appor­ter. Person­nel­le­ment, je suis patron de canot à la SNSM, je connais donc très bien les bateaux. J’ai été marin pendant 35 ans, capi­taine de navire et je suis actuel­le­ment expert mari­time au BEA Mer (Bureau Enquête Acci­dents Mer). Je fais profi­ter la SNSM de cette expé­rience acquise au fil des ans.

Bruno Orsini, patron du CTT à la station de Lège Cap Ferret

13 et 14 novembre 2019 : 1ère réunion de travail

  • Visite du chan­tier

Au cours de la phase d’étude, plusieurs réunions de travail sous forme de « plateaux étude » sont orga­ni­sées par le maître d’œuvre. La première a eu lieu les 13 et 14 novembre, dans les locaux de Couach à Gujan-Mestras en Gironde. L’oc­ca­sion égale­ment pour le groupe de visi­ter les bâti­ments où se trou­ve­ront les instal­la­tions qui produi­ront les futurs navires de la SNSM.

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Site Couach ©COUACH BARREAU-NEUMAN
©SNSM
©SNSM

Sur le site, 2 000 m² d’ate­lier seront dédiés à la produc­tion en série des navires NSH et NSC1 de la SNSM.

©COUACH

Le proces­sus de produc­tion des navires sera orga­nisé en trois phases :

  1. La phase dite « compo­site » (réali­sa­tion des coques, ponts et timo­ne­ries) : le drapage (mise en place, dans un moule, des couches de maté­riaux consti­tuant la pièce) et le moulage (mise en forme des maté­riaux consti­tuant la pièce) se dérou­le­ront dans le hall 14. Ils seront suivis par le détou­rage (découpe, dans la pièce, des ouver­tures et des bordures) dans le hall 9.
  2. La phase d’as­sem­blage sera réali­sée dans le hall 8.
  3. La phase d’es­sais et de vali­da­tion aura lieu dans la zone d’Ar­ca­chon et le site de livrai­son SNSM.

Zoom sur le moulage par infu­sion sous vide


Jusqu’à présent, le procédé utilisé pour le moulage des pièces des navires de la SNSM était le moulage au contact : les maté­riaux de drapage étaient dépo­sés dans le moule puis impré­gnés de résine manuel­le­ment à l’aide d’un rouleau. Si la méthode est simple à mettre en œuvre, un proces­sus manuel ne permet pas d’ob­te­nir des parois uniformes ni de repro­duire en série les carac­té­ris­tiques méca­niques des pièces.
Pour ses nouveaux navires, la SNSM a donc choisi un procédé inno­vant : le moulage par infu­sion. Il consiste à mettre sous vide les maté­riaux de drapage dans un moule fermé par une bâche avant de les impré­gner avec de la résine qui est aspi­rée par la dépres­sion créée dans le moule. Grâce à cette méthode, il est possible de réali­ser des pièces de grande taille en maîtri­sant la quan­tité de résine utili­sée pour réali­ser des pièces homo­gènes avec un rapport résis­tance / poids opti­mal. Une fois, la quan­tité de résine néces­saire défi­nie, il est possible de repro­duire à l’iden­tique chaque pièce.

  • Séance de travail

La visite du chan­tier a été suivie par une séance de travail.

©SNSM

L’objec­tif de cette réunion était d’étu­dier les modes dégra­dés des unités, c’est-à-dire les dispo­si­tions prévues pour permettre au bateau de termi­ner sa mission ou de rentrer au port en cas de panne ou d’in­ci­dent tech­nique. En d’autres termes, quelles sont les dispo­si­tions prévues lorsque le bateau perd tout ou partie de ses capa­ci­tés opéra­tion­nelles ? Parmi les exemples trai­tés : la perte d’un moteur, le retour­ne­ment, le défaut de commu­ni­ca­tion ou le bris de vitrage. Pour chaque cas, Couach a présenté les dispo­si­tions prévues, qui ont été discu­tées par le groupe de travail.

Certains sauve­teurs ont connu des situa­tions simi­laires. Ils apportent leur expé­rience, leur vécu, ce qui permet d’avoir une analyse précise des besoins opéra­tion­nels.

Gérard Rivoal, direc­teur du programme Nouvelle Flotte et chef du service soutien tech­nique et logis­tique

Pendant la séance, l’équipe a travaillé en direct sur les maquettes 3D des navires. Les modi­fi­ca­tions deman­dées ont été faites et ajus­tées en temps réel ce qui permet une grande effi­ca­cité et un gain de temps impor­tant dans le proces­sus de concep­tion détaillé.

©SNSM

Un immense boulot a été fait. Ce fut deux grosses jour­nées. On est très exigeants. On balise tout. Mais nous avons travaillé dans une ambiance construc­tive, déten­due et amicale. Et il y avait un profes­sion­na­lisme incroyable.

Bruno Orsini, patron du CTT à la station de Lège Cap Ferret

Octobre 2019 à février 2020 : Études de perfor­mances hydro­dy­na­miques

En paral­lèle des séances de travail, des études hydro­dy­na­miques sont réali­sées afin d’éva­luer les perfor­mances des bateaux à la mer et la qualité nautique des coques. Aupa­ra­vant, ces tests étaient réali­sés en réel dans un bassin d’es­sai des carènes. Aujour­d’hui, les bateaux sont entiè­re­ment modé­li­sés et des simu­la­tions numé­riques permettent de vali­der les perfor­mances hydro­dy­na­miques. C’est le cabi­net Numeca, un des rares spécia­listes du domaine, qui réalise ses tests pour la nouvelle flotte de la SNSM.

 

À suivre : Deux réunions sur le plan du pont puis les moyens de conduite du navire et les instal­la­tions embarquées.