Les stations de sauvetage de la SNSM sont nées au XIXe siècle de la seule volonté de bénévoles qui résidaient sur les côtes du littoral. Historiquement composée en grande part de sauveteurs souvent retraités, issus des professions maritimes et portant secours principalement aux pêcheurs en difficulté en mer, la SNSM voit aujourd’hui s’engager des bénévoles plus jeunes, majoritairement actifs et provenant de tous les horizons socio-professionnels. Les bénéficiaires de leurs actions sont essentiellement des plaisanciers et pratiquants d’activités nautiques, et des estivants qui, par millions, fréquentent chaque été le littoral et les plages, sous la surveillance de nos nageurs sauveteurs.
L’évolution de la SNSM
Cette évolution requiert de savoir répondre à des enjeux nombreux : modernisation et renouvellement de la flotte de sauvetage, formation des sauveteurs, progression des équipements de sécurité, renforcement de l’accompagnement des services centraux.
Il a fallu, dans un premier temps, trouver les ressources financières garantissant la pérennité de l’engagement des bénévoles de la SNSM, et préserver son efficacité comme son efficience. Après une phase de dialogue de plusieurs années, l’État – premier responsable du sauvetage – a porté sa contribution annuelle à 10,5 millions d’euros et prévu d’affecter à la SNSM 5% de la future taxe sur les éoliennes en mer.
L’institution d’une Journée nationale des Sauveteurs en Mer, l’attribution du label Grande cause nationale 2017 au sauvetage en mer et l’amplification de nos investissements en communication et développement ont permis d’étendre la notoriété de l’association de façon significative, de tripler le nombre de donateurs particuliers et d’initier de nouveaux partenariats avec des entreprises mécènes. À la fin de l’année 2019, la SNSM comptait ainsi plus de 150 000 donateurs et avait collecté plus de 24 millions d’euros auprès du public et des entreprises.
Cet accroissement des ressources publiques et privées a offert les moyens de préparer les étapes indispensables à l’intensification du soutien des bénévoles, dont le temps disponible est de plus en plus contraint, chacun souhaitant légitimement préserver le meilleur équilibre entre vie professionnelle, vie familiale et engagement associatif.
Les sauveteurs sont désormais dotés d’équipements individuels de sécurité modernes et performants, adaptés aux spécificités de nos activités.
Améliorer le soutien de la flotte
Une nouvelle flotte de sauvetage verra le jour en 2021, avec la mise à l’eau des premières têtes de série d’une gamme de six bateaux qui répond à nos exigences de sécurité et d’efficacité. Dans les prochaines années, ce sont ainsi près de 100 millions d’euros qui devront être investis grâce à l’aide des donateurs particuliers, des entreprises et des collectivités territoriales.
La nouvelle flotte et un nouvel atelier de réparation – le Pôle de soutien de la flotte (PSF) –, inauguré à Saint-Malo en 2018, ont été l’occasion de repenser le modèle de soutien, avec la mise en place d’un système de suivi informatisé par lequel les sauveteurs disposent de l’ensemble des documentations techniques et réglementaires de leurs navires, gèrent leurs plans de maintenance,
commandent des pièces de rechange au PSF – dont le magasin ne cesse d’accroître son activité – et suivent les pannes et incidents touchant de mêmes modèles de navires, pour les retours d’expérience et les évolutions nécessaires de matériels.
Former les sauveteurs, un enjeu stratégique
Depuis toujours, la formation des sauveteurs se déroule dans les stations de sauvetage, par compagnonnage des nouveaux par les anciens. Si le compagnonnage est – et restera – la pierre angulaire de la formation des sauveteurs, il tend à montrer ses limites dans un environnement toujours plus exigeant, plus judiciarisé, a fortiori dans d’un contexte où les trois-quarts des sauveteurs proviennent de professions autres que maritimes.
La création d’une Direction nationale de la formation (DNF), en 2009, a posé les bases de parcours de formation structurés. En quelques années, la DNF s’est étoffée pour intégrer la formation des patrons d’équipage, des formateurs, des plongeurs autonomes, des pilotes d’embarcations rapides, des nageurs sauveteurs affectés sur des plages à forts courants et fortes vagues, etc. Des référentiels de formation de niveau très professionnel ont été mis au point par des groupes de travail majoritairement composés de sauveteurs et de formateurs bénévoles expérimentés. Un module de formation de base des équipiers embarqués, complément essentiel au compagnonnage, commence à être déployé au plus près des stations de sauvetage.
Collégialité et démocratie
Ces évolutions-clés ont eu pour conséquence l’augmentation du nombre et de l’incidence des décisions prises par les organes centraux – conseil d’administration et siège parisien. Mais la SNSM est une association, pas une entreprise. Les membres bénévoles qui siègent en assemblée générale en sont les seuls « actionnaires ».
Le drame du 7 juin 2019, aux Sables d’Olonne, qui a vu périr en mer trois sauveteurs bénévoles, a provoqué une émotion considérable. Le Président de la République a rendu un hommage national aux sauveteurs disparus et rescapés, le Gouvernement s’est attaché à accentuer son accompagnement, le Sénat a mis en place une mission d’information.
Consultés par le président Emmanuel de Oliveira, les bénévoles ont largement approuvé les principales orientations qui seront discutées en assemblée générale et mises en œuvre pour les dix années à venir. Ils ont redit de façon claire leur attachement à l’association nationale SNSM, personne morale une et indivisible. Ils ont, en revanche, souligné l’importance d’un élargissement significatif de la base des membres appelés à voter en assemblée générale – quand seuls les présidents des stations et directeurs des centres de formation le peuvent aujourd’hui – et d’une plus grande collégialité dans la préparation des décisions prises par le
conseil d’administration, au sein duquel ils souhaitent une meilleure représentativité des bénévoles issus des structures locales, au-delà donc de la moitié des membres du conseil, comme c’est le cas actuellement.
Les sauveteurs aspirent à une meilleure reconnaissance de leurs actions, de leurs compétences et qualifications, par la SNSM elle-même, par l’État et par le grand public. Ils demandent un soutien accru en formation, au plus près de leurs implantations locales, pour leur permettre d’exercer leurs missions en confiance, et un renforcement de l’appui technique, particulièrement dans le contexte actuel de transfert par l’État aux armateurs de la responsabilité de la sécurité des navires.
Vers une gouvernance plus démocratique
La SNSM va donc réviser ses statuts, et en particulier la composition de son assemblée générale et de son conseil d’administration, afin de répondre à ces attentes, qui fondent la vie démocratique de notre association.
En parallèle, le nouveau plan de modernisation Cap 2030, qui touche aux questions opérationnelles, au soutien technique et à la formation comme à l’organisation de la prise de décisions, sera discuté dans les mois qui viennent. L’ambition est de préparer la SNSM pour les dix prochaines années.
Organisation apprenante, la SNSM est vivante et sait s’adapter aux évolutions de son environnement. Les enjeux de préservation de ce modèle bénévole d’exception sont multiples et nécessitent le concours de tous : des sauveteurs eux-mêmes, pour prendre ensemble les meilleures décisions pour leur avenir, de l’État et des collectivités territoriales, dans leurs rôles, et des donateurs, particuliers comme entreprises, sans lesquels cette belle aventure au service de la sécurité de tous ne saurait perdurer.
Article rédigé par Marc Sauvagnac, directeur général de la SNSM, paru dans le magazine Sauvetage n°154 (4ème trimestre 2020)