L’île de Patiras (4,5 km de long et 1 km de large) est située au milieu de l’estuaire de la Gironde, en face de la commune de Pauillac. C’est là, le 17 septembre, qu’un ketch de 14 m – Cécilia – est venu s’échouer à marée descendante en plein nuit au Nord-Ouest du phare de l’île. Les conditions météo étaient bonnes : vent faible, température à 19°.
L’alerte, donnée par un témoin de l’échouage, a immédiatement été relayée, à 0 h 10, par le CROSS Etel auprès de la station SNSM de Pauillac. Dans un premier temps, le skipper professionnel du voilier qui navigue en compagnie de son chien, ne demande pas assistance. Mais, ses propos confus et une élocution difficile instillent le doute dans les esprits. Faut-il quand même intervenir ? Pas dans l’immédiat car, en raison du fort coefficient (108), la vedette SNS 290 Pichon Baron échouant en fin de jusant, ne peut sortir du port qu’à une heure de flot.
L’eau envahit le voilier
La suite est racontée par le patron, Francis Bosq. « À 1 h 10, préoccupé par la position donnée par le skipper, après vérification sur mon ordinateur, je pense que le voilier pourrait être échoué sur les amas rocheux formant une digue allant de l’île de Patiras à l’ancien îlot de Trompeloup. Je rappelle le CROSS pour qu’il demande des précisions au skipper sur la nature des fonds et le visuel à l’entour de son bateau. » Mais, il lui est impossible d’obtenir ces renseignements de la part du naufragé. Celui-ci ne semble pas suffisamment lucide pour préciser sa position. Il répète néanmoins que tout va bien à bord, que la marée remonte et que le bateau se redresse. Dans l’attente d’être renfloué, le ketch a été sécurisé par les bénévoles de la station de Pauillac.
Pourtant, à 03 h 10, le CROSS demande à la SNS 290 d’appareiller immédiatement. Cette fois, le skipper réclame assistance : l’eau envahit le voilier. Dix minutes plus tard, le Cécilia est en visuel des sauveteurs. « Il est échoué sur la digue, en travers au courant de flot avec une forte gîte côté flot. Les pierres sont encore découvertes autour du bateau. » La prudence impose aux sauveteurs d’attendre un peu avant d’aller au contact, sous peine de talonner. Pendant ce temps, ils rassurent le marin assis sur le pont et dépourvu de gilet de sauvetage. Le CROSS annonce alors l’arrivée de l’hélicoptère de la Sécurité civile.
A 4 h 10, l’accostage du voilier est enfin possible. « Un équipier embarque à bord pour aider le skipper à quitter son bateau. L’eau arrive au pont du voilier. La vedette est à hauteur parfaite pour le transfert de l’homme et de son chien. A 4 h 15, ils sont à bord. L’hélicoptère arrive au-dessus de nous. »
A vitesse réduite, la SNS 290 fait route vers Pauillac, en attente de l’ambulance. A 4 h 45, le naufragé très choqué est confié à l’équipe médicale et évacué vers la polyclinique. Son chien est pris en charge par le radio du bord, en attendant le retour de son maître. Dans l’attente d’être renfloué, le ketch a été sécurisé, amarré à un arbre sur l’île de Patiras.
Nos bénévoles sont entraînés et équipés pour effectuer ce type de sauvetage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !
Article de Francis Salaün, paru dans le Magazine Sauvetage n° 138 (3e trimestre 2016).
Équipage de la SNS 290
Patron : Francis Bosq
Radio : Daniel Bernard
Canotier : Alain Crouzal