L'hydrocution ou choc thermique : ce qu'il faut savoir

L’hy­dro­cu­tion – ou choc ther­mique – est la réac­tion du corps à un brusque chan­ge­ment de tempé­ra­ture. Par exemple, lorsque l’on se jette dans l’eau après une longue expo­si­tion au soleil. Voici nos conseils pour l’évi­ter et bien réagir si vous en êtes témoins.

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Qu’est-ce qu’un choc ther­mique  ou une hydro­cu­tion ?

L’hy­dro­cu­tion est une syncope due à l’im­mer­sion dans l’eau. C’est un terme popu­laire, dési­gnant une perte de connais­sance, un malaise provoqué par un choc ther­mique. Médi­ca­le­ment, on parlera plutôt d’ac­ci­dent synco­pal ou de malaise vagal.

Elle survient donc à la suite d’un brusque chan­ge­ment de tempé­ra­ture : lorsqu’il est chaud (à cause du soleil, de la tempé­ra­ture exté­rieure élevée ou d’un exer­cice physique), le corps humain va lais­ser se dila­ter les vais­seaux sanguins situés sous la peau, afin d’éva­cuer une partie de la chaleur corpo­relle. Le rythme cardiaque augmente égale­ment afin d’ac­cé­lé­rer ce refroi­dis­se­ment.

Exposé à un froid soudain, le corps va bloquer ce méca­nisme pour préser­ver sa tempé­ra­ture en contrac­tant subi­te­ment les vais­seaux sanguins péri­phé­riques. Cette augmen­ta­tion de la pres­sion arté­rielle entraîne un ralen­tis­se­ment du cœur et la dimi­nu­tion de l’af­flux de sang au cerveau, ce qui peut provoquer un malaise vagal, voire un arrêt cardiaque.

Choc ther­mique : recon­naître les symp­tômes

La recon­nais­sance des symp­tômes du choc ther­mique est déci­sive pour inter­ve­nir effi­ca­ce­ment et éviter les compli­ca­tions poten­tiel­le­ment graves. Voici les prin­ci­paux symp­tômes à surveiller :

Signes précur­seurs

Avant qu’une syncope ne se mani­feste plei­ne­ment, plusieurs indi­ca­teurs peuvent signa­ler l’im­mi­nence d’un choc ther­mique. Voici les prin­ci­paux signes avant-coureurs à surveiller :

  • Sensa­tion de chaleur exces­sive : même en présence d’une tempé­ra­ture ambiante déjà élevée, ressen­tir une chaleur acca­blante peut signa­ler le début d’un choc ther­mique.
  • Soif intense : ce symp­tôme indique que le corps tente de régu­ler sa tempé­ra­ture corpo­relle en augmen­tant l’hy­dra­ta­tion.
  • Trans­pi­ra­tion abon­dante : c’est un méca­nisme de défense, où le corps essaie de se refroi­dir par l’éva­po­ra­tion de la sueur.

Ces signes doivent être pris au sérieux comme indi­ca­teurs préli­mi­naires d’un possible choc ther­mique, surtout dans des envi­ron­ne­ments chauds ou lors d’ac­ti­vi­tés physiques intenses.

Symp­tômes physiques

Lorsqu’un choc ther­mique se produit, divers symp­tômes physiques peuvent appa­raître. Voici les prin­ci­paux à iden­ti­fier :

  • Pâleur soudaine et refroi­dis­se­ment de la peau : révé­la­teurs d’une vaso­cons­tric­tion, proces­sus durant lequel les vais­seaux sanguins se rétré­cissent afin de préser­ver la chaleur interne de l’or­ga­nisme.
  • Crampes muscu­laires : souvent causées par la déshy­dra­ta­tion et un déséqui­libre élec­tro­ly­tique, résul­tant d’une trans­pi­ra­tion abon­dante.
  • Rythme cardiaque rapide ou irré­gu­lier : signe que le cœur est soumis à un stress accru.

Ces mani­fes­ta­tions physiques doivent être atten­ti­ve­ment surveillées, car elles indiquent une réac­tion sévère du corps au chan­ge­ment rapide de tempé­ra­ture.

Mani­fes­ta­tions neuro­lo­giques

Les symp­tômes neuro­lo­giques asso­ciés à un choc ther­mique sont parti­cu­liè­re­ment alar­mants et méritent une atten­tion immé­diate. Ils comprennent :

  • Vertiges : souvent l’un des premiers signes que le cerveau n’est pas suffi­sam­ment perfusé en sang.
  • Maux de tête : peuvent surve­nir lorsque le flux sanguin vers le cerveau est réduit.
  • Confu­sion : ce symp­tôme préoc­cu­pant peut signa­ler une alté­ra­tion immi­nente de la conscience et précé­der une perte de connais­sance.

Ces mani­fes­ta­tions résultent d’une réduc­tion de l’ap­port en oxygène au cerveau, exacer­bée par la contrac­tion des vais­seaux sanguins péri­phé­riques, et indiquent un état poten­tiel­le­ment critique.

Quels sont les facteurs de risque du choc ther­mique ?

L’hy­dro­cu­tion aura plus de proba­bi­lité d’ar­ri­ver si le corps est chaud : sieste ou expo­si­tion prolon­gée au soleil, footing en milieu de jour­née, etc. La consom­ma­tion d’al­cool – et l’ef­fet vaso­di­la­ta­teur qu’elle induit – est un autre facteur aggra­vant.

Atten­tion aux idées reçues : la baignade après avoir mangé ne semble pas être un facteur de risque direct d’hy­dro­cu­tion. En revanche, le malaise vagal peut être accom­pa­gné de vomis­se­ments, d’au­tant plus lorsque la personne est en pleine diges­tion.

Si le fait d’al­ler à l’eau après un repas ne va donc a priori pas entraî­ner d’hy­dro­cu­tion, cela peut néan­moins compliquer le secours de la personne en cas de vomis­se­ments, notam­ment la néces­sité de main­te­nir les voies respi­ra­toires libres (voir plus bas).

Petit rappel des facteurs de risque de choc ther­mique à la mer :

  1. Risques accrus en contexte nautique : dans un contexte aqua­tique, les symp­tômes peuvent évoluer rapi­de­ment, passant d’une simple fatigue à une inca­pa­cité à se main­te­nir à flot, risquant ainsi la noyade
  2. Facteurs aggra­vants spéci­fiques au milieu nautique :
  • Expo­si­tion prolon­gée au soleil : une expo­si­tion prolon­gée au soleil sans protec­tion adéquate peut augmen­ter signi­fi­ca­ti­ve­ment le risque d’hy­dro­cu­tion. La peau, chauf­fée par le soleil, perd sa capa­cité à gérer effi­ca­ce­ment une brutale immer­sion dans une eau beau­coup plus froide.
  • Consom­ma­tion d’al­cool : l’al­cool, en dila­tant les vais­seaux sanguins, rend le corps plus sensible aux varia­tions de la tempé­ra­ture corpo­relle. De plus, l’al­cool peut alté­rer le juge­ment et dimi­nuer la capa­cité à recon­naître les symp­tômes d’un choc ther­mique.
  • Accli­ma­ta­tion trop rapide : les indi­vi­dus non habi­tués à des tempé­ra­tures extrêmes, ou à l’ac­ti­vité physique intense, sont plus suscep­tibles de subir un choc ther­mique lorsqu’ils entrent soudai­ne­ment dans une eau froide. Une accli­ma­ta­tion progres­sive est recom­man­dée pour réduire ce risque.

Les bons réflexes pour éviter le choc ther­mique

Il faut éviter les chan­ge­ments brutaux de tempé­ra­ture. Pour cela : 

  • Après une expo­si­tion prolon­gée au soleil, entrez prudem­ment et progres­si­ve­ment dans l’eau.
  • Ne vous amusez pas à jeter quelqu’un à l’eau.
  • Mouillez-vous la nuque, le ventre, la tête ou les bras avec de l’eau froide pour permettre au corps de s’ha­bi­tuer à la fraî­cheur de l’eau.
  • Portez une combi­nai­son pour la pratique des sports nautiques même s’il fait chaud. La diffé­rence de tempé­ra­ture entre l’air et l’eau peut occa­sion­ner une hydro­cu­tion.
  • Hydra­tez-vous régu­liè­re­ment pour compen­ser la perte d’eau et de sels miné­raux due à la trans­pi­ra­tion.
  • Évitez les expo­si­tions prolon­gées au soleil, surtout durant les heures les plus chaudes de la jour­née.

Que faire en cas de choc ther­mique ?

Une inter­ven­tion rapide est néces­saire dès l’ap­pa­ri­tion des premiers signes, notam­ment pour les personnes qui pratiquent des sports nautiques, ou qui sont expo­sées à une grande diffé­rence de tempé­ra­ture entre l’air chaud et l’eau plus froide.

En cas de malaise d’une personne à vos côtés dans l’eau, voici les bons gestes à adop­ter :

  1. Gérer la victime : il s’agit de main­te­nir ses voies aériennes hors de l’eau afin de lui permettre de respi­rer.
  2. Gérer le retour : il faut deman­der, si possible rapi­de­ment, de l’aide autour de vous ou auprès des sauve­teurs présents sur le plan d’eau, ou, le cas échéant, rame­ner seul la victime au bord. Main­te­nez la tête de la personne hors de l’eau si vous en êtes capable. Ne prenez pas le risque de vous mettre en diffi­culté si vous n’êtes pas sûr de vos capa­ci­tés (cela ferait deux acci­dents au lieu d’un).
  3. Sécu­ri­ser la personne : si la personne est incons­ciente, instal­lez-la sur le côté afin de ne pas bloquer sa respi­ra­tion.
  4. Préve­nir les secours : si le malaise a eu lieu en mer et que vous êtes sur un bateau, il faut appe­ler le canal 16 sur la VHF ou compo­ser le 196 sur un télé­phone. Si vous êtes à la plage, faites le 15, le 18 ou le 112.

En résumé, la connais­sance et la recon­nais­sance des symp­tômes du choc ther­mique sont essen­tielles pour préve­nir les inci­dents graves, en parti­cu­lier dans des envi­ron­ne­ments à risque comme les acti­vi­tés nautiques.

Les béné­voles de la SNSM surveillent le litto­ral et inter­viennent, si besoin, en cas de choc ther­mique. Pour les soute­nir, vous pouvez faire un don.  

Numéro d'urgence en mer : 196 par téléphone ou canal 16 par VHF